Les Français vont devoir se serrer la ceinture après les vacances du mois d'août. Après un été caniculaire marqué par de violents incendies partout sur le territoire, 3 millions de foyers s'apprêtent à recevoir l'allocation de rentrée scolaire à partir de ce mardi 16 août. Cette aide devrait permettre de soutenir en partie les dépenses des ménages pour les fournitures scolaires des enfants scolarisés entre 3 ans et 18 ans mais la revalorisation de 4% annoncée par l'exécutif est loin de compenser la poussée de fièvre de l'indice des prix.
En effet, l'Insee a confirmé il y a quelques jours que l'inflation a grimpé à 6,1% sur un an en juillet dernier après 5,8% en juin. Dans le détail du panier de produits et d'articles pris en compte par les statisticiens, les articles de papeterie indispensables à la rentrée scolaire ont flambé de 6,3% sur un an, soit un niveau supérieur à l'indice général des prix.
Dans ce contexte brûlant, le gouvernement qui a fait adopter son projet de loi pouvoir d'achat et son budget rectificatif (PLFR) pour 2022 par le Parlement au début du mois d'août risque d'affronter une rentrée sous tensions. Entre l'inflation toujours galopante et le budget toujours plus serré des ménages, l'économie française pourrait marquer le pas d'ici la fin de l'année. En effet, la plupart des instituts de prévision ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance pour 2022. Le scénario noir d'une coupure du gaz russe en Europe pourrait propulser l'indice des prix de l'énergie à des niveaux considérables. Ce qui aurait des effets encore dévastateurs sur le niveau de vie des Français.
Les salaires dans le rouge
Le pouvoir d'achat des salariés continue de subir les effets délétères de l'inflation galopante. Après un premier trimestre en repli, les salaires des travailleurs dans le secteur privé ont continué de dégringoler au cours du second trimestre. En euros constants, c'est à dire en prenant en compte l'inflation, le salaire mensuel de base chute de 3%.
Toutes les catégories professionnelles sont concernées par cette érosion inquiétante selon les dernières statistiques du ministère du Travail dévoilées il y a quelques jours. Les cadres enregistrent ainsi une baisse de 3,7% sur un an contre 3,6% pour les professions intermédiaires, 2,7% pour les ouvriers et 2,3% pour les employés. Pour rappel, une grande partie des salaires en France n'est plus plus indexée sur l'inflation depuis les années 80, à l'exception du SMIC.
Résultat, la consommation des Français, traditionnel moteur de l'économie tricolore, a chuté en début d'année et cette dégringolade pourrait se poursuivre sur le second semestre si la conjoncture ne connaît pas d'embellie. Au total, l'Insee anticipe une chute de 1% du pouvoir d'achat des ménages en 2022 dans sa dernière note de conjoncture du mois de juin.
Les jeunes et les étudiants face à la hausse du coût de la vie
Après deux et demi de pandémie, les jeunes continuent de subir les répercussions particulièrement néfastes de la hausse des prix. Ces derniers jours, plusieurs syndicats et organisations d'étudiants ont tiré la sonnette d'alarme. Selon la Fage (Fédération des associations générales étudiantes) qui a dévoilé ce mardi 16 août son étude annuelle sur les frais des étudiants, la hausse du coût de la rentrée et celle du coût de la vie courante ont bondi de 7,38% par rapport à 2021 pour s'établir à 2.527 euros. Les frais de rentrée enregistrent une hausse spectaculaire de 13% pour atteindre 1.307 euros. "On n'a jamais connu une augmentation aussi considérable en 20 ans. Il s'agit aussi d'une hausse historique d'une année sur l'autre", a déploré Paul Mayaux, président de la Fage contacté par La Tribune. "Les tarifs des complémentaires santé ont explosé. La fusion des complémentaires santé, le déploiement du 100% santé avec le reste à charge zéro et la taxe Covid ont contribué à cette hausse. Le matériel pédagogique a également fait bondir l'indice du coût de la rentrée," ajoute-t-il.
De son côté, l'Unef a estimé que le coût de la vie pour les étudiants devrait augmenter de 6,37% pour l'année universitaire 2022/2023. Cette hausse représente un budget supplémentaire nécessaire de 428,22 euros pour l'année, soit 35,7 euros de plus par mois. A ce rythme, de plus en plus d'étudiants vont devoir travailler en parallèle de leur cursus universitaire. Or de nombreux travaux ont mis en évidence que le travail étudiant pénalisait la réussite aux examens. "Au-delà de 12 heures de travail hebdomadaire, cela a des conséquences directes sur les résultats. Certains étudiants peuvent se retrouver dans des situations catastrophiques", ajoute le responsable à la Fage. "Il est nécessaire que les bourses soient indexées sur l'inflation et que les critères pour les tickets des restaurants universitaires à 1 euro soient réexaminés", plaide Paul Mayaux. Après deux rentrées menacées par la pandémie de Covid, l'horizon au bout du tunnel est loin de se dégager.