
C'est un petit report... mais qui veut dire beaucoup. Emmanuel Macron a finalement tranché pour une présentation de la réforme des retraites le 10 janvier et non le 15 décembre comme prévu initialement. Le chef de l'Etat l'a annoncé ce lundi 12 décembre, dans le cadre du Conseil National de la Réformation.
Donner un peu plus de temps aux politiques et syndicalistes
Officiellement, il s'agit de laisser les partenaires de l'exécutif souffler un peu. A droite, les Républicains sortent tout juste de la désignation de leur chef de file. Eric Ciotti a en effet été élu ce dimanche à la tête du parti. A gauche, LFI est aussi en pleine recomposition
C'est sans compter aussi sur les syndicats. Ils sortent d'une période essentielle pour eux : les élections professionnelles de la fonction publique. 5,7 millions d'agents publics ont voté la semaine dernière pour désigner leurs représentants. Le vote s'est terminé le 8 décembre, et les résultats devraient être connus cette semaine.
Ne pas gâcher les fêtes de fin d'année
Mais alors que les syndicats nationaux, très opposés à la réforme des retraites, se sont entretenus la semaine dernière et ont réussi à se mettre d'accord pour lancer un avertissement à l'exécutif en janvier, le gouvernement ne veut pas gâcher les fêtes.
En effet, les syndicats ont précisé qu'ils se préparaient pour des actions en janvier. Mais pas avant, car ils ne voulaient pas rajouter de l'inquiétude aux Français cette fin d'année, en plus des possibles coupures d'électricité et l'impact de l'inflation sur leur pouvoir d'achat. « Ils ont su mettre en avant leur côté responsable ... en ne voulant pas perturber les fêtes de fin d'année avec des mouvements sociaux, précise un conseiller ministériel proche du dossier. En présentant la réforme le 15 décembre, nous allions prendre le risque d'apparaître comme ceux qui gâchent la fête... ce n'était pas malin ».
La progression des Bleus vers la finale aussi a joué ...
Autre argument, plus surprenant mais qui a lourdement pesé ce week-end en faveur de ce report,...le football. Et le parcours des Bleus à la Coupe du monde au Qatar. Si la France gagne sa demi-finale contre le Maroc mercredi soir, ce sera l'euphorie dans l'Hexagone.
En maintenant sa présentation de la réforme jeudi matin, là aussi, le gouvernement prenait le risque de doucher la joie nationale. « Les moments de cohésion nationale, et de légèreté sont assez peu nombreux pour que nous soyons capables de les préserver », assure encore une source au sein de l'exécutif. Et d'ajouter non sans ironie : « Vous imaginez jeudi matin, les radios vont parler de la victoire des bleus, mais vont vite enchaîner sur - oyé, oyé... c'est aujourd'hui qu'Elisabeth Borne va vous annoncer qu'il faut travailler plus longtemps... ça casse le moral. »
Mieux travailler sa copie
Enfin, dernier élément : le gouvernement entend se donner quelques jours de plus pour peaufiner sa copie avant la présentation. Et notamment tenter de trouver des compensations pour tenter de calmer la grogne sociale. Il s'agit de dispositifs pour mieux prendre en compte la pénibilité, les carrières longues.
Par ailleurs, au sein du gouvernement, certains - comme le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire ont alerté sur le risque de susciter, en touchant à leur régime spécial, la colère des agents publics de la branche de l'industrie des énergies électriques et gazières à un moment où la France a besoin de relancer tous ces réacteurs nucléaires. « Il y a déjà des grèves chez GRDF, RTE... on peut peut-être éviter d'en rajouter », ont plaidé quelques patrons auprès de l'exécutif.