Retraites : les pensions complémentaires des ex-salariés du privé (Agirc-Arrco) revalorisées de 4,9%

Après un accord décroché entre les organisations syndicales et patronales gestionnaires du régime Agirc-Arrco, les pensions complémentaires des ex-salariés du privé devraient être revalorisées de 4,9% à compter du 1er novembre, au niveau de l'inflation. Le « malus », qui visait à inciter les salariés à travailler un an de plus, devrait être supprimé.
L'Agirc-Arrco verse chaque année près de 90 milliards d'euros à 13 millions de retraités.
L'Agirc-Arrco verse chaque année près de 90 milliards d'euros à 13 millions de retraités. (Crédits : Reuters)

[Article publié jeudi 5 octobre à 7h11, mis à jour à 10h52] L'accord reste encore à signer mais il est fort probable que les pensions complémentaires des ex-salariés du privé soient revalorisées de 4,9% à compter du 1er novembre. C'est le résultat des négociations menées depuis un mois entre organisations syndicales et patronales, gestionnaires du régime Agirc-Arrco.

Entre 2024 et 2026 par contre, la revalorisation des pensions pourrait être moindre. En fonction de la conjoncture économique, la hausse pourrait être sous-indexée de maximum 0,4 point en dessous de l'inflation. Mais le conseil d'administration de l'organisme paritaire pourra choisir de la ramener au niveau de l'inflation.

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L'accord prévoit par ailleurs la disparition du « malus », une décote temporaire de 10% qui s'appliquait depuis 2019 sur les pensions de nombreux retraités pourtant partis en ayant réuni toutes les conditions légales. Il sera supprimé dès le 1er décembre pour les nouveaux retraités, puis à partir d'avril pour l'ensemble des retraités concernés.

Quant au bonus qui était accordé pour deux à quatre ans de travail supplémentaire, il sera conservé pour ceux qui ne sont pas touchés par la réforme des retraites.

Plusieurs organisations dont la CFDT et le Medef se sont dit satisfaits de cet accord. La CGT, la CPME et FO ont montré plus de réserves, tout en saluant des avancées. La date butoir pour signer cet accord a été fixée à mercredi 11 octobre.

Un front commun face aux velléités de l'exécutif de se servir dans la cagnotte

L'Agirc-Arrco verse chaque année près de 90 milliards d'euros à 13 millions de retraités. Cette part complémentaire représente entre 20% et 60% de la pension totale en fonction des personnes. Outre les revalorisations, syndicats et patronat ont montré un front commun face aux velléités de l'exécutif de ponctionner les réserves de l'Agirc-Arrco, ce que le négociateur de FO Michel Beaugas considère comme un « détournement de fonds ».

L'exécutif réclame un à trois milliards annuels à l'Agirc-Arrco d'ici 2030, qu'il a d'abord présentés comme une participation au relèvement du minimum contributif (petites pensions) prévu par sa réforme des retraites. Avant de finalement évoquer un devoir de « solidarité » entre régimes en vue d'un « retour à l'équilibre » global. Il menace sinon de se servir dans les caisses. Il argue de la bonne santé financière du régime, ses 68 milliards de réserves, et des nouvelles recettes apportées par la réforme des retraites (estimées par l'Agirc-Arrco à 22 milliards sur quinze ans).

« On résiste tous. On refuse de signer un chèque au gouvernement »

D'après les partenaires sociaux, une telle ponction mettrait en péril l'Agirc-Arrco, et ses capacités à augmenter les pensions à l'avenir. Car un milliard équivaut à 1,1% de revalorisation. Le régime fonctionne aussi avec une « règle d'or » qui impose de conserver six mois de versements d'avance en réserve, sur un horizon de 15 ans. « On résiste tous. On refuse de signer un chèque au gouvernement », a résumé Christelle Thieffinne (CFE-CGC).

« C'est l'argent des salariés du secteur privé, dédié à leurs retraites complémentaires, géré par les organisations syndicales et patronales. Donc, l'État n'a pas son mot à dire », a déclaré de son côté la numéro un de la CFDT, Marylise Léon, sur France 2 ce jeudi.

« Ce n'est pas l'argent du gouvernement » et « le gouvernement n'a pas à venir piocher », a-t-elle ajouté. « Sinon, cela veut dire que le gouvernement estime que lorsqu'il y a de l'argent quelque part, il peut aller se servir. C'est surtout ça qui pose problème et qui m'interroge » sur « sa capacité à gérer correctement les affaires ».

Les partenaires sociaux ont choisi de ne prévoir dans leur accord aucune « convention » ni « tuyau financier vers l'État », ont-ils précisé.

Des mesures de « solidarité » en étude

Toutefois, un article prévoit le lancement de travaux visant à des mesures de « solidarité » internes au régime, via un groupe de travail, prévu pour aboutir d'ici la fin du premier semestre 2024. Ils souhaitent qu'un éventuel futur coup de pouce aux petites retraites soit uniquement « fléché » sur ceux qui dépendent de l'Agirc-Arrco, pas du régime général.

« Malgré les pressions de l'exécutif au cours de cette négociation, les partenaires sociaux ont continué à avancer ensemble », s'est réjouie la négociatrice du Medef Diane Milleron-Deperrois. « On a un équilibre entre la préservation du pouvoir d'achat des retraités et la pérennité financière du régime dans la durée », négocié « indépendamment ». « Si le gouvernement s'obstinait, il devra en porter la responsabilité », a-t-elle dit.

« Il n'est pas question que l'Agirc-Arrco (...) devienne une variable d'ajustement pour les régimes gérés par l'État », a déclaré dans Les Echos le président du Medef Patrick Martin, inquiet de cet « interventionnisme ». « L'État voudrait mettre la main sur la gestion de l'Agirc-Arrco comme il l'a déjà fait en partie sur l'Unédic » mais « on a besoin de liberté des corps intermédiaires ».

Avec la conférence sociale dès le 16 octobre, les organisations auront « suffisamment d'espace pour s'exprimer auprès de la Première ministre », a souligné Michel Beaugas (FO). « Peut-être qu'elle entendra raison ».

(avec AFP)

Commentaires 25
à écrit le 05/10/2023 à 15:32
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Encore une fois notre soviet M.Macron n'hésite pas à voler le privé comme l'a fait avant lui M.Sarkozy soi-disant des libéraux plus près des méthodes des régimes autocratiques et communistes. Aussi ne pas oublier aux européennes de sanctionner les dé...

à écrit le 05/10/2023 à 12:17
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Mieux vaut 4,9% au 1re novembre que 5,2% pour la Carsat au 9 février 2024 copte tenu d’une inflation bien supérieure depuis un an

le 05/10/2023 à 15:23
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Il me semble que tu es au Portugal : La retraite sans impôt ou presque, sous le soleil de l'Algarve, c'est fini. Le Premier ministre portugais Antonio Costa a annoncé la fin, à partir de 2024, du régime fiscal spécial réservé aux retraités europée...

le 05/10/2023 à 19:38
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Réponse à La Chose : 2 points pour les exilés dits fiscaux les pensions n’ont pas suivi l’inflation donc Macron dans sa grande sagesse par rapport à hollande a fortement baissé l’impôt sur le revenu français et donc je resterai aubPortugal pour reste...

à écrit le 05/10/2023 à 11:02
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Un bruyant ministre - ils foisonnent - a prétendu que les excédents du régime en question était dûs à sa (tonitruante) Réforme des Retraites. Que n'a-t-il donné sa recette à son non moins bruyant ministre de l'économie! Pas de danger que ces personna...

à écrit le 05/10/2023 à 10:44
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on a mis au pouvoir une bande de technocrates qui maguouillent au service des 100 familles faut pas s'etonner qu'ils piquent dans la caisse pour eponger les cadeaux indecent qu'ils ont fait au CAC 40. faut simplement souhaiter qu'une motion de c...

le 05/10/2023 à 11:39
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Une motion de censure renverse un gouvernement, pas le président !

le 05/10/2023 à 13:38
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En l'occurrence, le cadeau est surtout fait aux heureux bénéficiaires des régimes spéciaux, épargnés (une fois de plus) par la dernière réforme.

le 05/10/2023 à 15:38
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@FC À partir du 1er septembre 2023, les nouveaux arrivants du secteur de la RATP, des industries électriques et gazières, des clercs et employés de notaires et de la Banque de France ont été automatiquement affiliés au régime général de retraite....

à écrit le 05/10/2023 à 10:27
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Nous appelons par un mouvement national le retrait de nos placements ayant une relation avec le pouvoir actuel(livret a pel etc) Ils ont essaye de ponctionner nos retraites ils n’ont pas réussi ils von le faire avec notre epargne

le 05/10/2023 à 11:42
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Le plus important placement en relation avec le pouvoir c'est l'assurance-vie qui est la placement favori des français. Il serait très étonnant que beaucoup s'en délaissent.

à écrit le 05/10/2023 à 10:24
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+ 4.9 pour les retraités et ceux ci crient famine ... surement parce que le prix des croisieres a augmente encore plus. Ils devraient pourtant faire profil bas car ceux qui les paient (aka les actifs) n ont pas eut autant Sinon bravo pour l etat....

à écrit le 05/10/2023 à 10:05
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Vu le matelas constitué, plus de 60 milliards, qu’ils risquent de se faire piquer par l’Etat Macronien, les organisations syndicales auraient plus aller au moins jusqu’à un chiffre rond : 5 % pour l’augmentation des retraites des salariés du privé au...

à écrit le 05/10/2023 à 9:28
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"le « malus », décote temporaire de 10% qui s'appliquait depuis 2019 sur les pensions de nombreux retraités pourtant partis en ayant réuni toutes les conditions légales" Une décote temporaire de ...4 ans,alors qu'ils avaient toutes les conditions ...

le 05/10/2023 à 10:27
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3 ans, pas 4.

le 05/10/2023 à 15:19
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@DS L'accord du 30 octobre 2015 a instauré à partir du 01 janvier 2019 ,jusqu' à aujourd'hui.soit 4 ans

à écrit le 05/10/2023 à 9:26
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Comment est-il possible dans un état se disant de droit que l'état puisse piocher légalement dans les caisses d'un régime de retraites complémentaires? L'argent de ces caisses devrait appartenir aux cotisants passés, présents et futurs et à personne...

le 05/10/2023 à 11:07
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le régime général mal géré, pourquoi l'état qui doit reconnaitre l'erreur de sa réforme des retraites ne donne t-il pas au régime AGIRC-ARRCO la gestion financière de son régime. Il y aurait certainement une autre gestion qui serait bénéficiaire, et ...

le 05/10/2023 à 15:39
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Un état de droit mais de quel droit vous parlez l'Assemblee aucun élu avec une majorité le Sénat des élus par les copains. La France n'est pas un état de droit car le politique joue avec le droit pour le pousser en sa faveur. Le Conseil Constitutionn...

à écrit le 05/10/2023 à 8:59
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Bon en attendant tout ce qui est pris n'est plus à prendre régime général +5.2% au 01/02/24 et régime complémentaire+4.9% au 01/11/23. En résumé 5% d'augmentation de pension de retraite donc aucune perte de pouvoir d'achat, les retraités n'ont pas à...

à écrit le 05/10/2023 à 8:56
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Ce qui est beau, c'est que les retraités bénéficiant de ces revalorisations crient à la "démagogie" quand les revalorisations sont pour les actifs, c'est bien ça, le libéralisme "à la française"...

à écrit le 05/10/2023 à 8:48
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La gestion AGIRC ARRCO devrait être un exemple pour les politiques qui sont incapables de gérer le pays et que le gouvernement s’occupe de la la gestion de la dépense publique

le 05/10/2023 à 10:32
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Ce que vous appelez une gestion exemplaire n'est que la conséquence de la décote temporaire de 10% pendant 3 ans qui s'applique depuis 2019 sur les pensions des retraités pourtant partis en ayant réuni toutes les conditions légales.

à écrit le 05/10/2023 à 7:34
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Ils ont compris que s'ils ne vidaient pas les caisses en gérant comme l'état, ce dernier allait les vider à leur place pour mettre la main sur la supercagnotte supergrisbi injuste... prochain stade comme avec les retraites des libéraux, le directeu...

le 05/10/2023 à 9:18
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L'AGIRC n'appartient pas à l'état !

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