Santé au travail : Kiplin ambitionne de faire rembourser ses jeux par la sécu

Editeur de jeux connectés pour promouvoir l’activité physique dans l’entreprise, la nantaise Kiplin s’apprête à lever trois millions d’euros en 2021 pour accompagner son développement vers le secteur de la santé avec l’ambition de devenir un acte prescrit par les médecins et remboursé par la sécu.
Avec 47.000 utilisateurs en 2020, Kilplin aurait touché 100.000 joueurs depuis sa création. En vertu de son modèle économique, la startup ne cible que les grands comptes et les ETI, sous la forme d'un abonnement annuel de 5.000 euros pour mille collaborateurs.
Avec 47.000 utilisateurs en 2020, Kilplin aurait touché 100.000 joueurs depuis sa création. En vertu de son modèle économique, la startup ne cible que les grands comptes et les ETI, sous la forme d'un abonnement annuel de 5.000 euros pour mille collaborateurs. (Crédits : Reuters)

Vecteurs d'activité physique et de lien social dans l'entreprise, les jeux connectés mis au point et déployés par Kiplin seront-ils, à terme, remboursés par la sécu ? C'est l'un des objectifs de Vincent Tharreau, co-fondateur de la startup nantaise, qui s'apprête à mener une levée de fonds de trois millions d'euros pour accompagner son développement. « Notre ambition est d'aller chercher le remboursement de notre thérapie digitale par le système de santé suite à la prescription d'un médecin», dit-il. « Nous sommes impliqués dans des démarches d'évaluation médico-économiques avec des CPAM, des ARS et le ministère de la santé ». Une démarche qui pourrait prendre trois à cinq ans, selon le dirigeant de Kiplin, qui vise un triplement de son activité au cours des trois prochaines années.

Ancrer le jeu dans la vie quotidienne

Créée en 2014, avec le soutien de l'agence digitale nantaise Le Phare, Kiplin s'est d'emblée positionnée sur les problématiques de santé au travail et aux maladies chroniques liées à la sédentarité. « Parce qu'il ne suffit pas de dire aux gens de se bouger, ils le savent mais ne le font pas. Ou pas assez ...», observe Vincent Tharreau. Alors, face à une population, en général sensible aux ressorts du jeu, plutôt que de les inviter à lancer des dés, Kiplin leur propose d'être actif au quotidien à travers différents jeux connectés ; un challenge, une mission, une enquête ou un jeu de plateaux... où plus on bouge, plus on marque de points et plus on avance dans l'histoire. Comme dans « L'odyssée des lucioles » où les participants, mués en gardes forestiers vont devoir aller éteindre un incendie. « Il ne s'agit pas d'aller marcher trois heures, mais d'ancrer le jeu dans les activités quotidiennes », indique Vincent Tharreau.

Recueillies par un smartphone, une montre ou un objet connectés, les informations sont transformées en points qui permettent d'avancer dans l'aventure... et d'éteindre l'incendie. « C'est un levier très efficace. Le jeu est inclusif, convivial et éducatif », précise-t-il. Selon le comité scientifique créé par Kiplin en 2019 autour d'une dizaine d'experts de la santé publique, de l'oncologie, de la médecine du sport, de la nutrition ..., dont le professeur Martine Duclos, chef du service de Médecine du Sport et des Explorations Fonctionnelles, au CHU de Clermont-Ferrand, « Mieux vaut avoir une activité modérée de 15 à 30 minutes par jour, plutôt que de courir trois heures le week-end. »

 « Nous avons tout doublé depuis le premier confinement »

Destinée au secteur du Btob, la solution déployée par Kiplin est devenue un outil de motivation de cohésion d'équipes et un moyen de lutter contre l'obésité, les maladies chroniques, les risques cardiovasculaires ... pour de grands groupes comme Disneyland, Generali, GRDF, Lenovo, Google, H&M, Groupe BPCE, Total... désireux de s'investir dans la prévention santé et de lutter contre l'absentéisme et les arrêts de maladie. Avec 47.000 utilisateurs en 2020, Kilplin aurait touché 100.000 joueurs depuis sa création. En vertu de son modèle économique, la startup ne cible que les grands comptes et les ETI, sous la forme d'un abonnement annuel de 5.000 euros pour mille collaborateurs. 60% des ressources sont réinvesties en R&D dans la captation des données, la sécurité et le design. Soutenue de longue date par BPIFrance, devenue rentable depuis deux ans, Kiplin, détenue par Vincent Tharreau, la société Le Phare, des business angels, des collaborateurs et le réseau des Nouvelles Cliniques Nantaises Confluents, affiche désormais un chiffre d'affaires dépassant le million d'euros. « L'impact de la crise sanitaire a rendu évident l'intérêt de nos solutions, qui donne accès à des programmes de prévention et permette de garder du lien entre les équipes, éclatées par le télétravail. Depuis le premier confinement, nous avons tout doublé. Les nombre d'utilisateurs, le chiffre d'affaires et les effectifs qui passeront rapidement de 10 à 20 personnes », indique Vincent Tharreau

vincent tharreau Kiplin

 Entrer dans le cercle des dispositifs médicaux

 Evolutive, la solution cherche de plus en plus à s'adapter aux comportements des collaborateurs. Pour aller vers davantage de personnalisation, prévenir les TMS (Troubles Muscolo Squelettiques) ou faire évoluer les comportements nutritionnels en aidant les gens à changer d'alimentation. En cours de test, l'introduction de la reconnaissance faciale et de l'Intelligence Artificielle, devrait bientôt permettre une évaluation de la condition physique des utilisateurs, à partir de tests cardiovasculaire et musculaire, et donc de leur proposer des objectifs personnels. Après les quatre premiers jeux (challenge, mission, enquête...) , cette cinquième brique fait l'objet d'une demande de certification comme dispositif médical. Ce marquage CE pourrait intervenir au cours du seconde semestre 2021. Jusqu'ici surtout utilisé dans les services, notamment l'assurance (AG2R, Harmonie Mutuelle, Generali...) et la logistique, Kiplin, entend renforcer son activité vers l'industrie. « Le marché doit murir. Beaucoup d'employeurs n'ont encore pas compris l'intérêt d'investir dans la santé et la prévention des risques pour améliorer la qualité de vie au travail », regrette Vincent Tharreau. Et pourtant, grâce à ses « jeux » Kiplin, assure que « 70 % des participants augmentent leur activité physique, qui progresse en moyenne de 65 %.»

 Une thérapie digitale connectée

Sollicitée par le secteur de la santé, où depuis 2016, l'Activité Physique Adaptée (APA) est considérée comme une thérapie non médicamenteuse, Kiplin s'est depuis fortement impliquée dans ce domaine avec de premières études cliniques à l'Institut Gustave Roussy à Villejuif en 2017. Grâce à la création de son Comité scientifique deux ans plus tard, la startup s'est enracinée dans le secteur médical au sein de plusieurs études et programmes de recherche (AP-HP, Chu de Nantes, Institut Curie, AstraZeneka, AG2R, Garmin...), pour évaluer la pertinence de sa solution. Compilée sous la forme d'une thérapie digitale connectée, baptisée APACO, elle permet à la fois d'avoir recours à des diagnostics de condition physique, des jeux digitaux d'activité physique, des séances d'APA à distance, des webinaires thématiques ... «Dans un contexte réglementaire qui renforce le sport sur ordonnance, le secteur de la santé s'ouvre de plus en plus aux thérapies digitales dans les parcours de soins. Il s'agit de soigner mieux et moins cher », indique Vincent Tharreau. Récemment labellisée Entreprise Solidaire d'Utilité Sociale (ESUS), Kiplin qui réalise 30% de son activité dans le secteur de la santé, s'arme pour changer d'échelle.

Commentaire 1
à écrit le 14/02/2021 à 7:55
Signaler
Après les préservatifs l'on veut faire rembourser les jeux par la sécurité sociale. En France de pire en pire..................

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.