"Séparatismes" : le projet de loi sur les "principes républicains" en conseil des ministres

Annoncé début octobre par Emmanuel Macron, le texte initialement pensé pour contrer les "séparatismes", terme finalement abandonné, vise à durcir l'arsenal existant pour lutter contre les attaques via internet, favoriser la neutralité religieuse dans les services publics ou encore mieux contrôler les associations.
(Crédits : POOL)

Le gouvernement français examine ce mercredi en conseil des ministres un projet de loi "confortant les principes républicains" qui vise à sanctionner les comportements contraires aux valeurs de la République et à lutter en particulier contre l'islamisme radical.

Annoncé début octobre aux Mureaux (Yvelines) par Emmanuel Macron, le texte initialement pensé pour contrer les "séparatismes", terme finalement abandonné, vise à durcir l'arsenal existant pour lutter contre les attaques via internet, favoriser la neutralité religieuse dans les services publics ou encore mieux contrôler les associations.

S'il est pensé à plus long terme pour sanctionner "toute idéologie politique qui se dresserait contre les valeurs de la République", "c'est aujourd'hui l'islamisme radical que nous cherchons par tous les moyens à combattre", souligne le Premier ministre Jean Castex dans une interview au Monde.

Lutter contre "l'ennemi de la République", sans faire "d'amalgame"

"Il n'y a pas que ça dans ce texte. Mais l'ennemi de la République, c'est une idéologie politique qui s'appelle l'islamisme radical, qui a l'objectif de diviser les Français entre eux", déclare le chef du gouvernement.

Les intentions présidentielles ont été critiquées à l'étranger, notamment dans des pays musulmans comme le Pakistan et la Turquie, mais aussi dans la presse anglo-saxonne, conduisant Emmanuel Macron à multiplier les explications de texte sur la laïcité à la française.

"Nous ne ferons jamais l'amalgame entre l'islamisme radical et les musulmans ; je crois d'ailleurs que ces derniers figurent parmi les premières victimes de cette idéologie", poursuit Jean Castex.

"Ce projet de loi est un projet de libération des musulmans de l'emprise croissante de l'islamisme radical sur l'expression de leur foi."

Sanctions contre la diffusion illicite d'informations privées

Le texte a été enrichi après l'assassinat et la décapitation, en octobre, de Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie vilipendé sur les réseaux sociaux après avoir montré en classe des caricatures de Mahomet dans le cadre d'un cours sur la liberté d'expression.

Est ainsi créé un délit de "mise en danger de la vie d'autrui par diffusion d'informations relatives à la vie privée, familiale ou professionnelle d'une personne permettant de l'identifier ou de la localiser".

Sanctions contre les médecins délivrant des "certificats de virginité"

Pour obtenir des subventions, les associations devront s'engager à "respecter les principes et valeurs de la République". À défaut, la restitution de la subvention versée pourra être demandée.

Au chapitre de la défense de la dignité de la personne humaine, le projet de loi interdit aux professionnels de santé d'établir des "certificats attestant de la virginité d'une personne", sous peine d'un an de prison et 15.000 euros d'amende.

Déscolarisation et "dérives" de l'enseignement à domicile

Le gouvernement veut également sanctionner les "dérives" de l'instruction à domicile dérogeant au principe de l'école obligatoire à partir de 3 ans.

"Nous allons passer dans un régime d'autorisation. Autrement dit, si vous voulez vous soustraire au principe de la scolarisation, vous devrez obtenir l'autorisation des autorités académiques, dans le cadre de critères définis pour cela", précise Jean Castex au Monde.

Le Conseil d'État a mis en garde le gouvernement sur un risque d'anticonstitutionnalité de cette mesure qui a provoqué une levée de bouclier des défenseurs de ce type d'instruction, qui concerne actuellement environ 60.000 enfants.

Neutralité religieuse et missions de service public

Le projet de loi inscrit par ailleurs le principe de neutralité religieuse des agents de droit privé chargés d'une mission de service public, dans les transports par exemple.

L'exécutif espère un examen du projet de loi dès janvier 2021 par la commission des Lois de l'Assemblée nationale, puis en février en séance plénière.

Commentaires 4
à écrit le 10/12/2020 à 3:30
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Beaucoup de gesticulation mais toujours des enveloppes parlementaires bien fournies pour l'église du village et autre association "culturelle" communautaire autorisée... vive la laïcité "à la française"! :-)

à écrit le 09/12/2020 à 11:06
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Un "durcissement des mesures" signifient la mauvaise gestion des mesures antérieures! A lieu d'avouer une incapacité, on préfère en rajouter une couche! Nul n'est sensé ignorer la loi mais a condition qu'elle vienne de paraître!

à écrit le 09/12/2020 à 9:40
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"favoriser la neutralité religieuse dans les services publics ou encore mieux contrôler les associations" En Grèce antique, les fonctionnaires étaient bien payés, avaient des privilèges mais étaient en contrepartie déchus de leurs droits et libert...

à écrit le 09/12/2020 à 9:40
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je me suis retrouvé sans nationalité avec deux parents français (bon c'est vrai un noir) mais disons que les principes républicains, c'est tellement rigolo a présent de regarder l'agitation identitaire, que je me dits qu'a un moment donné il ne va pl...

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