Retrouver une « vision universelle du travail », c'est la mission que vient d'assigner Bruno Le Maire aux responsables économiques et politiques présents aux Rencontres d'Aix 2022.
« Est-ce que le travail peut mieux payer ? » a interrogé, à la volée, le ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique.
« Toutes les entreprises qui le peuvent doivent augmenter leurs salariés », a-t-il ensuite exhorté, avant de le répéter une deuxième fois sous des applaudissements plus nourris.
« Nous devons penser la rémunération du travail »
Et de tendre la main à la droite, sa famille politique d'origine: « nous pouvons nous retrouver sur la défiscalisation des heures supplémentaires », a déclaré Bruno Le Maire, en référence à la mesure portée, en son temps, par Nicolas Sarkozy et désormais par Emmanuel Macron.
« Nous devons repenser la rémunération du travail. Il n'est pas acceptable que des branches aient des salaires inférieurs au SMIC », a insisté le locataire de Bercy.
Il faut « réfléchir à l'organisation du travail », a-t-il ajouté, fustigeant le discours « stupide et borné » selon lequel les jeunes ne veulent plus travailler. « C'est faux : ils veulent organiser leur temps différemment », a-t-il souligné.
Repenser les rapports entre travail et capital
Faut-il alors changer de modèle ? Pas si vite... « Le capitalisme reste le modèle le plus efficace pour produire de la prospérité et repenser les défis », a nuancé Bruno Le Maire, qui a encore martelé la nécessité de « repenser les rapports entre travail et capital ».
« Il est évident que la place du travail, sa reconnaissance, la capacité d'évoluer, sont les plus grands enjeux du capitalisme », a-t-il poursuivi.
« Nous ne devons pas viser des rentabilités systématiques à 15%, mais nous devons viser la durée, la reconnaissance du salarié et la participation au réchauffement climatique », a-t-il encore répété.
La désindustrialisation, « l'un des plus révoltants scandales politiques »
Cela passera par la réindustrialisation du pays, avait expliqué le ministre peu avant, évoquant la possibilité de « lever les freins réglementaires à toutes les énergies dont nous avons besoin ». Biogaz, sobriété énergétique, accélération de la réalisation de nouveaux EPR, « c'est la feuille de route de l'indépendance », a-t-il résumé.
« La régionalisation de la mondialisation est une excellente nouvelle », a-t-il embrayé, qualifiant les années de désindustrialisation de « l'un des plus révoltants scandales politiques ».
Outre le déploiement des énergies renouvelables et des batteries électriques pour l'automobile comme pour l'aéronautique et le développement de l'avion à hydrogène - « Airbus a enfoncé Boeing et ça fait plaisir » -, le ministre a promis une annonce forte le 11 juillet au sommet Choose France: « un investissement qui montre que la France retrouve son leadership industriel et technologique en Europe et dans le monde ».
« Il faut faire la cartographie complète de tous les matériaux rares et des composants électroniques », a invité Bruno Le Maire, citant Eramet et STMicroelectronics.
« Le choix politique, c'est l'indépendance des chaînes de réalisation industrielles », a-t-il enchaîné.
Repenser la politique du logement
Encore faut-il loger les gens, lui a rappelé le président du Cercle des Economistes, Jean-Hervé Lorenzi. « Nous sommes le pays qui a le plus de dépenses publiques et les plus mauvais résultats » a admis le locataire de Bercy, lâchant ne pas « être sûr » que la baisse de 5 euros des APL « soit le plus grand succès du précédent quinquennat ».
« Nous devons repenser la politique du logement pour qu'elle soit plus respectueuse des dépenses publiques et plus efficace », a-t-il conclu, sans plus de précisions...