Logement : les promoteurs immobiliers veulent lever les « peurs » des élus et des populations

Les recours des populations sont toujours plus nombreux et les maires refusent encore trop de permis de construire, alerte la fédération des promoteurs immobiliers réunie en congrès les 7 et 8 juillet. S'agit-il d'un problème économique ou politique ? La concertation doit-elle devenir le maître-mot et la densité, une formule magique ? Eléments de réponse.
César Armand
(Crédits : iStock)

Le discours est à l'image de la couleur du ciel : terne. Réunie en congrès ces 7 et 8 juillet à Strasbourg, la fédération des promoteurs immobiliers (FPI) a alerté sur « les passions tristes » des Français : les recours des populations sont toujours plus nombreux et les maires refusent encore trop de permis de construire.

« En un an, j'ai vu les statistiques se dégrader : les autorisations de construire ont chuté de 30,5%. Il faut réhabiliter l'acte de construire en France ! » s'époumone Pascal Boulanger, président de la FPI.

« Nous ne sommes pas contre la production de logements abordables, de qualité et accessibles », rétorque Suzanne Brolly, adjointe (EELV) de Strasbourg chargée de la ville résiliente et vice-présidente de l'Eurométropole de Strasbourg chargé de la Politique de l'habitat et de la politique foncière et immobilière.

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Un problème économique ou politique ?

« C'est un problème politique », tranche Béatrice Lièvre-Théry, la nouvelle directrice générale de Sogeprom, la filiale immobilière de la Société générale. « Tous les élus et les professionnels nous disent : ''On n'y arrive plus'' et les habitants : ''On construit trop'' », explique-t-elle.

 « C'est la primauté de l'intérêt particulier sur l'intérêt général », acquiesce l'élu Jean-Philippe Dugoin-Clément, maire de Mennecy (14.000 habitants, Essonne) et vice-président (UDI) du conseil régional d'Ile-de-France chargé du Logement, de l'Aménagement durable et du schéma directeur de l'Île-de-France (SDRIF-E) désormais régional et environnemental.

 « Cette société a peur alors que quand on construit la ville, on construit la vie », poursuit le président de l'Etablissement public foncier d'Île-de-France et de Grand Paris Aménagement, deux acteurs dont les missions consistent, pour le premier, à accroître l'offre de logements et à soutenir le développement économique ; pour le second, à fabriquer la ville, faire de la rénovation urbaine et aménager des quartiers.

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La concertation, le maître-mot ; la densité, la formule magique

Aussi, la concertation devient le maître-mot, considère l'économiste Frédéric Gilli, chargé d'accompagner la métropole du Grand Lyon sur la définition de son livre blanc de l'habitat. « La solution aujourd'hui ne passe que par le dialogue er le consensus », abonde Vincent Thiébaut, député (Horizons) de la 9e circonscription du Bas-Rhin.

 « Encourageons les maires à construire et à en être fiers en instaurant une servitude positive de densité », martèle, là encore, Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers dans son "appel de Strasbourg en faveur d'une stratégie nationale du logement".

La densité reste effectivement l'autre formule magique pour prendre de la hauteur et moins artificialiser les sols conformément à la loi "Climat et résilience". « La densité doit rester acceptable et s'articuler avec la densité locale », souligne, dans un message vidéo, le président (LR) de la région Grand-Est, Jean Rottner« Nous devons diviser par deux notre consommation foncière d'ici à 2030 et donc construire sans étaler et densifier. Notre territoire n'est pas infini », appuie Danielle Dambach, maire (EELV) de Schiltigheim et présidente de l'Agence du climat de l'Eurométropole de Strasbourg.

Un permis d'aménager « bioclimatique »

Il est même possible de concilier densité et zéro artificialisation nette (ZAN) des sols. Le président de l'Union des aménageurs (UNAM), François Rieussec, défend ainsi la création d'un « permis d'aménager bioclimatique » dans les territoires où il sera interdit de construire. « Entre l'évapotranspiration - un arbre, c'est 300 litres d'eau par jour - qui rafraîchit l'atmosphère et la possibilité de faire venir des espaces végétales et animales, nous sommes capables de faire du stockage carbone et hydrique et donc de répondre de problématiques environnementales pour sauvegarder les fonctions des sols », détaille-t-il.

A cet égard, « respectons les plans locaux d'urbanisme (PLU) qui ne sont remplis qu'aux deux tiers », déclare Pierre Aoun, directeur général de LP Promotion.  « Nous héritons du PLU qu'une fois bouclé. Il nous faut contractualiser la planification entre les opérateurs et les collectivités locales. », suggère alors François Rieussec, le président de l'Unam. « Le promoteur est un acteur de la lutte contre le dérèglement climatique », insiste Emmanuel Desmaizières, directeur général d'Icade Promotion.

Sans oublier qu'à la fin des fins, il s'agit de loger les Français.. « La valeur refuge de la pierre, c'est avant tout la sécurité du toit et non la plus-value à terme », abonde Barbara Belle, directrice de la Foncière solidaire du Grand Lyon. Elle y développe le bail réel solidaire, qui permet de dissocier les coûts du foncier (le terrain) et du bâti (les murs), permettant de diviser par deux les coûts d'accession.

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César Armand

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