Après avoir observé une recrudescence de l'épidémie, notamment dans le Sud-Ouest, vacciner le plus largement possible reste la priorité du gouvernement. Aussi, pour maintenir le rythme de la campagne vaccinale, l'interchangeabilité des vaccins à ARN messager (c'est-à-dire la possibilité de se faire vacciner avec une première dose de vaccin Pfizer et une deuxième de Moderna, ou l'inverse) est une question centrale. Pour y répondre, un essai piloté par l'AP-HP avec le soutien de l'Inserm va être lancé dans les prochains jours en France, selon un communiqué de ces deux entités publié mercredi.
L'essai a pour objectif de « comparer l'efficacité immunologique du schéma vaccinal standard avec deux doses du même vaccin à ARNm à un schéma combinant deux vaccins ARNm différents. »
Depuis le 31 mai, la vaccination a été ouverte à tous les Français. Et à partir du 15 juin, les adolescents à partir de 12 ans seront même concernés et pourront recevoir celui du laboratoire Pfizer/BioNTech. L'objectif, comme l'a rappelé Emmanuel Macron, est d'atteindre « 80-90% de taux de vaccination de la population pour avoir l'immunité (collective). »
Or, à date, depuis le début de la campagne, la France est autour de 39,7% de la population ayant reçu au moins une dose, soit 26,6 millions de personnes, dont 11,4 millions de personnes ont reçu deux doses (17,1% de la population totale), selon les chiffres du ministère.
« Si l'on fait l'un ou l'autre, c'est la même mécanique »
Le 9 avril, le ministre de la Santé Olivier Véran avait dit envisager une interchangeabilité entre ces vaccins à ARN messager, afin de « simplifier » la campagne de vaccination en France.
Il avait expliqué avoir « saisi les scientifiques » de cette question, assurant que selon les premières remontées, « si l'on fait l'un ou l'autre, c'est la même mécanique ».
Pour réaliser cet essai, 400 participants, tous âgés de plus de 18 ans, sont attendus pour cet « essai randomisé » qui a démarré le 28 mai, a précisé le communiqué. Et ils doivent avoir reçu une première dose d'un des deux vaccins à ARN messager, soit celui des laboratoires Pfizer BioNTech, soit celui du laboratoire Moderna.
Au même moment, le gouvernement avait décidé que les moins de 55 ans vaccinés contre le Covid-19 avec une première dose d'AstraZeneca allaient être désormais vaccinés avec une deuxième dose d'un vaccin à ARN messager.
L'OMS ne se prononce pas
Cela concernait 533.000 personnes en France, en particulier des soignants vaccinés depuis le début février, avait alors précisé la HAS (Haute autorité de santé).
La Haute autorité venait de suspendre le 19 mars le vaccin AstraZeneca pour les moins de 55 ans, en raison de rares cas de thromboses (caillots sanguins) repérés en Europe.
Pour sa part, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait indiqué que faute de « données adéquates », elle ne pouvait pas encore faire de recommandation sur un changement de vaccin anti-Covid entre deux doses.
Des études sur l'interchangeabilité des vaccins sont déjà menées en Grande-Bretagne, à l'Université d'Oxford.
Les premiers résultats d'une étude clinique sur 800 personnes de plus de 50 ans sont attendus pour l'été. Le protocole prévoit de tester deux produits: celui d'AstraZeneca et celui de Pfizer. Les volontaires reçoivent une première dose d'un des deux vaccins puis de l'autre.