L'export a toujours été perçu comme un axe de développement pour les entreprises. A tort et à raison à la fois car si, clairement le passage à l'échelle internationale est le signe que l'entreprise va bien, c'est surtout une étape qui ne se banalise pas et s'anticipe, sous peine de ne pas être couronnée du succès escompté.
Mais le propos de Franck Riester, présent hier dans les Alpes-Maritimes n'était pas tout à fait celui-ci. Venu en terre azuréenne pour un Relance Export Tour, le ministre en charge du commerce extérieur et de l'attractivité a surtout voulu insister sur l'international comme part significative et non négligeable de la reprise. Envisager un marché complémentaire à l'étranger, y trouver des relais de croissance, confirmer une innovation qui ne trouve pas preneur uniquement sur le marché domestique, exporter des savoir-faire traditionnels... l'export finalement se prête à tout. Et s'appuie sur l'industrie, dans sa grande pluralité.
Miser sur les talents, l'éducation, la recherche
Preuve de la volonté du gouvernement d'encourager les envies exportatrices des entreprises françaises, l'enveloppe totale des différentes aides participant au plan Relance Export a été dotée de 247 millions d'euros. Une somme pas vraiment totalement consommée, d'où ces Relance Export Tour organisés aux quatre coins de l'Hexagone pour inciter, inciter, inciter encore.
Et dans le rôle de l'ambassadeur, Franck Riester a redit qu'il fallait « oser l'export », rappelant les leviers qui sont servis. Celui de la compétitivité, notamment, si précieuse alors que la reprise concerne tous les pays dans le monde et que - forcément - la lutte est plus âpre et à une échelle mondiale. « Il faut être fort dans son pays » souligne le ministre, rappelant une vérité fondamentale, parfois (trop) vite oubliée. « Il faut miser sur les talents, l'éducation, la recherche... pour accélérer le plus rapidement possible. Même si les entreprises ont connu des tensions dans le recrutement, le fait d'avoir pu conserver des talents en leur sein leur permet aujourd'hui de repartir plus vite ». Franck Riester de rappeler le bon comportement de la France, premier pays européen en termes d'attractivité, devant le Royaume-Uni et l'Allemagne.
Et d'en venir à l'industrie, « qui est le cœur du plan de relance » - ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le Relance Export Tour s'est tenu au sein de l'entreprise familiale Ragni, très présente à l'international, notamment en Afrique - et qui a vocation à « relocaliser une partie des chaînes de production en France ». Vœu exprimé, mais qui demeure encore un peu un vœu pieux, car les initiatives sont longues à se concrétiser et que l'on sait parfaitement que tout ne peut être rapatrié sur le sol hexagonal.
Cultiver l'esprit de conquête... et la réciprocité des marchés publics
Parler relance sans parler politique commerciale n'aurait pas de sens et sur ce point, Frank Riester martèle des convictions : « nous devons être moins naïfs au niveau européen ». C'est-à-dire jouer égal à égal et lutter contre les politiques déloyales. « Nous voulons la réciprocité concernant les marchés publics avec certains pays qui en ferment l'accès à nos entreprises. Si nous n'obtenons pas cette réciprocité, alors nous fermerons également nos marchés publics aux entreprises originaires de ces pays », martèle fermement Franck Riester.
Le ministre en charge du commerce extérieur et de l'attractivité d'égrainer l'ensemble des dispositifs qui sont là pour aider à l'export, des chèques VIE au chèque relance-export en passant par l'assurance prospection. De rappeler que la Team France Export rassemble tous les acteurs économiques concernés, CCI, Région, Bpifrance, Business France, CCE, Medef, Meti (Mouvement des ETI NDLR)... « Nous devons cultiver l'esprit de conquête et il faut jouer collectif ». Là encore parce que c'est une question de compétitivité. « L'Allemagne et l'Italie savent jouer l'esprit d'équipe ». Et qu'en terme d'entreprises exportatrices, ça compte. La preuve, l'Allemagne en comptabilise 300.000, l'Italie 220.000 et la France, 136.000. Une donnée certes en augmentation - elles étaient 130.000 avant la crise - mais parce qu'il faut aussi convaincre les plus petites d'oser passer le pas de l'international. « Une TPE peut parfaitement aller à l'international. Il n'est pas nécessaire d'attendre des années. L'international doit faire partie de la stratégie de l'entreprise dès sa création. Et puis, il existe des entreprises exportatrices partout en France, pas uniquement dans les métropoles. Il y a un potentiel, l'argent est sur la table et il y a, partout dans le monde, une envie de France ». L'international, la bonne résolution économique pour l'année nouvelle ?