Vins de Bourgogne : une année 2021 de tous les records pour l'export

Les voyants sont au vert pour les vins bourguignons qui ont progressé sur presque tous leurs marchés, durant cette année viticole 2021. Toutefois, les positions de la Bourgogne sont mises à l'épreuve par l'arrivée d'une récolte moins généreuse et d'un possible ralentissement de l'économie mondiale.
(Crédits : Aurelien IBANEZ)

Jusqu'au dernier jour, l'année viticole 2021 a été éprouvante pour les vignerons. Depuis le gel d'avril, aggravé par un redémarrage précoce de la vigne, jusqu'aux vendanges en septembre, les changements météorologiques brutaux ont imposé leur tempo : les viticulteurs ont du être réactifs et attentifs à chaque instant. Seuls moments de répits, la floraison qui s'est déroulée dans de bonnes conditions pour la formation des futurs fruits et la véraison sous le soleil, à partir de la mi-août. Ainsi, sauf pour les volumes, les belles réussites sont à la hauteur des efforts consentis. Il a fallu sacrifier beaucoup pour que la qualité soit au rendez-vous. Pourtant, tout en souhaitant un millésime 2022 plus serein, François Labet, co-président du BIVB, l'affirme : « Small is beautiful ! »

Lors des premières dégustations, quelques tendances se dessinent : le potentiel aromatique des moûts est bien là, et les équilibres sucres-acides retrouvent des typicités appréciées par les amateurs de vins de Bourgogne.

Travaux de la vigne

Les vins de Bourgogne continuent leur progression

En 2021, en ce qui concerne les ventes, la Bourgogne progresse sur presque tous ses marchés, affichant même une croissance par rapport à la période d'avant crise Covid-19, notamment grâce aux plans de relance du gouvernement, à la récolte 2020 (près de 1,56 million d'hectolitres) qui continue de dynamiser les sorties de propriétés et les transactions.

À l'export, la profession enregistre une belle hausse, avec des résultats qui dépassent même ceux de 2019 : + 21,8 % en volume et + 26,4 % en valeur. « En France, les vins de Bourgogne continuent de progresser grâce, en particulier, à leur implantation dans tous les concepts de magasins de la grande distribution », constate François Labet.

A LIRE | Changement climatique : le vignoble bourguignon veut tout changer pour que rien ne change

Le millésime 2020, d'une excellente qualité, impacte très logiquement les transactions qui repartent globalement à la hausse et relance une dynamique d'achats dans toute la Bourgogne. Le volume des transactions 2020-2021 (869.141 hl) croît de +12% par rapport à la campagne 2019-2020 et de +9,3% sur la moyenne des 5 dernières campagnes (2019-2020 à 2015-2016). La disponibilité du millésime 2020 (89 % des volumes de transactions 2020-2021) a permis de rapidement compenser le faible volume du millésime 2019.

Toutes les couleurs profitent de cette belle dynamique : les vins blancs (+12%), le Crémant de Bourgogne (+25%) et même les vins rouges (+1,8%), malgré un volume en légère baisse sur le millésime 2020 (-1,7% par rapport au millésime 2019).

À fin juillet 2021, l'état du stock était estimé à près de 2,4 millions d'hectolitres, répartis équitablement entre la viticulture et le négoce (fin de campagne 2020-2021). Ce résultat est proche de la situation des campagnes 2016-2017 et 2017-2018, également impactées par une petite récolte (2016). Cela offrait, à la Bourgogne, avant la récolte 2021, presque deux années de récoltes moyennes en stock.

Côte de Beaune

Rester vigilant sur le pilotage des volumes et de la distribution

L'arrivée de la récolte 2021, comprise entre 900.000 et 950.000 hectolitres, a un impact immédiat sur les volumes de transaction de la campagne 2021-2022. Cependant, les sorties propriétés sur ce début de campagne, hors des ventes du millésime 2021, restent sur une dynamique positive, à +2,3% en volume par rapport à la même période précédente, et stables par rapport à la moyenne des cinq dernières années, grâce au millésime 2020.

La situation actuelle n'est pas inédite, avec une récolte moyenne annuelle sur cinq ans autour d'1,4 million d'hectolitres (2017-2021), identique à la période précédente (2013-2017). Les professionnels de Bourgogne veilleront néanmoins, dans l'année qui vient, comme après les millésimes 2016 ou 2013, à alimenter leurs marchés. Les professionnels bourguignons restent toutefois très vigilants : le boom actuel de la consommation et l'arrivée de la petite récolte 2021 nécessiteront un pilotage très fin des volumes et de la distribution. « Nous risquons un trou d'air qu'il va falloir gérer de mi 2022 jusqu'à fin 2023. C'est l'un des grands enjeux à relever pour les deux prochaines années », alerte Frédéric Drouhin.

Paysage de la Bourgogne viticole en automne

Export : les vins de Bourgogne dépassent les résultats d'avant la crise Covid-19

Si la moitié des vins produits en Bourgogne sont vendus en France, l'autre moitié part à l'export. Le déconfinement et la levée progressive des contraintes liées à la crise sanitaire provoquent un boom de la consommation dans de très nombreux pays. Directement impactées et bénéficiant aussi de la fin de la surtaxe américaine, les exportations de vins de Bourgogne repartent largement à la hausse (après une année 2020 relativement stable) : 21,8% en volume et + 26,4% en valeur.

Les vins de Bourgogne profitent largement de ce contexte favorable pour établir de nouveaux records d'exportation : le volume exporté dépasse le record des 9 mois de 2007 (+2 %), juste avant la crise économique de 2008 et celui des 9 mois de 1998 (+2,9%), autre année record pour le vignoble. Le chiffre d'affaires établit un record jamais atteint par la Bourgogne : près de 957 millions d'euros pour les 9 premiers mois 2021.

« Ces excellents résultats seront vraisemblablement mis à l'épreuve par le retour à la normale de la consommation, un ralentissement des économies dû au manque de matières premières ou de semi-conducteurs et par de futurs pics de la pandémie, liés aux variant déjà actifs dans certains pays », prévient Frédéric Drouhin.

Aux États-Unis, premier marché en valeur en 2020, après 18 mois difficiles, en raison de la mise en place de la taxe de 25% ad valorem, les vins de Bourgogne bénéficient pleinement, depuis ce printemps, de la suspension pour 5 ans de cette même taxe : +14 % en volume et + 10% en chiffre d'affaires par rapport aux 9 premiers mois de 2019.

« Les États-Unis connaissent une croissance économique (PIB) de + 6,6 % au deuxième trimestre 2021. Celle-ci est dopée par les dépenses des consommateurs qui ont accumulé de l'épargne durant la pandémie, mais aussi par le gigantesque plan de rénovation et de développement du gouvernement Biden (1.200 milliards de dollars). Ce climat avantageux est néanmoins fragilisé par la présence du variant Delta qui atteint un nouveau pic à la mi-septembre 2021 », remarque Frédéric Drouhin.

Au Royaume-Uni, second marché en valeur en 2020, pour les 9 premiers mois 2021, les vins de Bourgogne progressent en volume comme en valeur : +20% et +37,1% / 9 mois 2019. Ces résultats, plutôt inattendus après la déjà belle année 2020 (+7,3% et +1,9%/ 9 mois 2019), sont en partie liés à la pérennisation des mesures temporaires favorisant les importations post-Brexit.

« Le Royaume-Uni a connu une reprise économique plus rapide que les pays de l'Union Européenne, grâce à une campagne de vaccination plus précoce et à la levée des restrictions sanitaires dès le 12 avril. Cependant, il n'a pas encore retrouvé son niveau d'avant crise, ayant été beaucoup plus touché par la pandémie que ses voisins », constate Frédéric Drouhin.

« Il reste à surveiller les règles d'importation qui seront mises en place dans le cadre du Brexit : elles pourraient impactées les échanges dès 2022 » ajoute-il.

Les 3 autres pays du traditionnel top 5 en volume (Canada, Japon, Belgique) continuent de développer leurs importations de vins de Bourgogne. Celles du Japon sont restées très stables sur les 4 dernières années pour les 9 premiers mois.  2021 maintient cette tendance : + 3,3% en volume et + 1,9% en valeur par rapport à 2019.

Le Canada conserve sa troisième place en volume sur la période, avec une croissance de + 28,1% en volume et de + 31,9% en valeur par rapport à 2019. La Belgique qui était relativement stable, a surpris les Bourguignons en passant devant le Japon en volume, grâce à sa double croissance : + 30,7% en volume et + 33,5% en valeur par rapport à 2019.

« Depuis le mois de septembre, les achats de précaution augmentent et pourraient s'accélérer. Les distributeurs réalisent l'ampleur de la petite récolte 2021 et cherchent à assurer un chiffre d'affaires pour l'année prochaine et à sur-stocker », constate Frédéric Drouhin. Une tendance de bon augure pour l'exercice financier 2021 des opérateurs bourguignons.

A LIRE, NOTRE DOSSIER : Changement climatique : le plan choc pour sauver le vin français

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 01/12/2021 à 11:24
Signaler
Il faut lire "Terres rares" de Jean Tuan chez C.L.C. Editions. L'auteur sous forme de fiction policière évoque comment de prestigieux domaines viticoles sont achetés par de riches chinois et sont la cause de drames. Disponible en librairie et via les...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.