C'est désormais devenu une habitude : à chaque REF, son introduction musicale. Une façon pour le patron du Mouvement des Entreprises de France de donner le ton. 2022 sera celle de l'appel à « Un autre monde », d'après le groupe Téléphone. Un rêve (?) qui prend forme dans l'adversité. Car en cette fin de mois d'août, l'insouciance n'est pas vraiment de mise, tout discours présidentiel mis à part.
Et les patrons, estime Geoffroy Roux de Bézieux ne connaissent pas vraiment ce sentiment. Peut-on d'ailleurs jamais le connaître quand on est dirigeant, quelles que soient la taille et l'ancienneté de son entreprise ?
Si la rentrée s'annonce donc compliquée, complexe, sous tension énergétique et économique, il ne faut pas, estime le président du MEDEF que la « démondialisation malheureuse » vienne remplacer une mondialisation heureuse. La décroissance, pas la meilleure solution pour faire face aux défis. Mais plutôt préférer l'adaptabilité, l'agilité, ce dont les entrepreneurs font preuve à chaque crise, retournement économique, changement de cap.
« Nous, les entrepreneurs, nous avons un rôle à jouer pour promouvoir, par le commerce et les échanges, nos valeurs de liberté et de démocratie », indique encore Geoffroy Roux de Bézieux. Une façon de faire comprendre que le contexte géopolitique et les remous provoqués par la guerre en Ukraine obligent à composer avec les conséquences induites mais que l'économie devait apporter sa contribution, en continuant à générer des échanges et en prenant en compte les nouveaux tenants et aboutissants.
Faire des affaires autrement
Une autre façon d'évoquer les échanges économiques comme constructeurs de liens et la force de l'union comme réponse à la géopolitique, alors même que l'an dernier la REF mettait à l'honneur sa première REF francophone. Laquelle a découlé sur la création de l'Alliance des patronats francophones. Laquelle connaîtra d'ailleurs sa seconde édition à l'automne à Abidjan. « Dans ce monde nouveau et incertain, il faut trouver de nouvelles manières de discuter, de faire du commerce et des affaires de région à région ».
Et la croissance, celle tant attendue, que l'on espérait positive, que l'inflation vient perturber, doit être, dit le président du Medef, maîtrisée en quelque sorte. Une « croissance sobre » car pas question de « renoncer à produire et à travailler ». Mais le faire autrement donc. Dans les sujets liés à l'énergie, à la mobilité, mais aussi dans les process de production. « Il n'y a plus d'entrepreneur climatosceptique », affirme le patron du Medef.
Liberté, égalité, prospérité
Et puis, souligne avec ardeur le patron des patrons hexagonaux, le capital est utile et nécessaire à la transition énergétique et à la tenue des objectifs. Soit 40 milliards d'euros mobilisés pour les sept prochaines années. Autrement dit 20% d'investissements supplémentaires pour les entreprises. Une autre façon de démontrer qu'on ne peut opposer écologie et économie, selon la formule consacrée. Avec un petit tacle bien senti : « Evitons les mesures symbolique ou médiatiques dont l'impact est inexistant ou faible ».
Plutôt adepte du verre à moitié plein, Geoffroy Roux de Bézieux rappelle qu'en ayant fait le choix de la politique de l'offre la France s'en sort mieux que les autres pays, qu'elle continue à créer des emplois, que non les Français ne perçoivent pas le chef d'entreprise comme un parasite (autre tacle bien senti qui vise Jean-Luc Mélenchon) et qu'il faut faire confiance aux entrepreneurs. « Laissons Keynes reposer en paix. La meilleure façon d'aider les ménages français, c'est de rendre de la compétitivité à leurs employeurs. Notre modèle c'est une troisième voie, une troisième voie qui concilie liberté, égalité, prospérité ».