L'avocat a la cote, méritée grâce à ses nombreuses qualités nutritives qui attirent notamment les millennials et les tenants d'une diète vegan. Ce fruit, base de la recette du célèbre guacamole, fait partie des produits qui ont gagné de nombreux marchés grâce à l'ouverture du commerce international, l'autre nom de la mondialisation. Si sa production se concentre à 70 % au Mexique, en Amérique du Sud (Pérou et Colombie) et dans les Caraïbes (République dominicaine), des pays comme l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Kenya se sont lancés depuis quelques années dans sa culture. Entre 1997 et 2016, sa production globale est passée de 2,2 millions de tonnes à 5,7 millions (voir graphique), soit une hausse de quelque 160 %. En 2018, son chiffre d'affaires mondial pesait 9,8 milliards de dollars.
Les Étatsuniens en raffolent. En 2018, ils en ont consommé 3,1 kg par habitant, quatre fois plus qu'au début des années 2000. Les Européens sont plus modestes avec 1,2 kg par habitant. Et les Chinois commencent à être séduits. En 2017, ils en ont importé 22 % de plus qu'en 2016. Ce succès, et la hausse des prix qui l'accompagne, même si les cours fluctuent comme tout produit agricole en fonction du niveau de la récolte, suscite également les convoitises des malfaiteurs pour ce que l'on appelle désormais « l'or vert ».
Un marché juteux
Ainsi, le Mexique qui fournit plus du tiers de la production mondiale, loin devant les autres pays producteurs, avec 1,9 million de tonnes en 2016, voit ses producteurs soumis à la pression des cartels du crime mexicains. Le marché est juteux, 90 % de la production mexicaine partent aux États-Unis. L'enjeu est tel qu'au mois d'août dernier, plusieurs dizaines d'inspecteurs du département de l'Agriculture américain, venus contrôler la qualité de la production des avocats, ont été arrêtés et menacés par des gangs, mécontents que la certification de qualité exigée par l'Oncle Sam risquait de suspendre une partie des exportations mexicaines vers le nord.
Les producteurs mexicains ont donc dû embaucher des sociétés de sécurité pour protéger leur personnel et leurs cultures. Il n'y a d'ailleurs pas qu'au Mexique que la culture de l'avocat est risquée. En octobre dernier, en Espagne, seul pays européen à produire à grande échelle ce fruit, les producteurs, qui sont concentrés dans la région de Valence, ont dû également engager des sociétés de sécurité pour enrayer la recrudescence des vols et le manque à gagner. Les autorités ont même créé une police des avocats, preuve de l'enjeu que représente désormais le marché de ce fruit.
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