Coronavirus : l'Etat prévoit un plan massif de 45 milliards d'euros d'aides

Face au marasme économique, le gouvernement prévoit un plan de soutien d'urgence pour tenter d'éviter les faillites et licenciements à répétition. L'exécutif table désormais sur une récession de 1% pour 2020.
Grégoire Normand
(Crédits : Benoit Tessier)

L'exécutif a décidé de sortir l'artillerie lourde. Lors de son allocution aux Français ce lundi 16 mars, le président de la République Emmanuel Macron a dévoilé son plan de bataille dans les prochains jours pour mener à bien "cette guerre" contre la pandémie.

"Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire, certes: nous ne luttons ni contre une armée, ni contre une autre nation. Mais l'ennemi est là, invisible, insaisissable, qui progresse. Et cela requiert notre mobilisation générale" a déclaré Emmanuel Macron sur un ton grave.

Outre des mesures de confinement et de limitations de circulation plus drastiques pour les personnes, le chef de l'Etat entend bien soutenir les entreprises et les salariés dans cette crise sanitaire mondiale.

Malgré cette volonté de limiter la casse pour l'économie tricolore, l'impact sur le produit intérieur brut (PIB) devrait être "sévère", avec un fort risque de récession. Le ministre des Finances a indiqué que l'activité devrait se contracter de 1% pour 2020. Cette prévision de la direction générale du trésor (DGT) doit figurer dans le projet de loi de finances rectificative (PLFR). "C'est un chiffre provisoire [...] il pourra évoluer en fonction de la situation sanitaire en France et en Europe et de l'évolution de l'épidémie aux Etats-Unis, première économie mondiale et l'un des partenaires commerciaux les plus importants de la France" a expliqué Bruno Le Maire.

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Faire face à "une guerre longue et violente"

Le gouvernement veut à tout prix éviter les faillites, défaillances d'entreprises et des vagues de licenciements massifs. Lors d'un point presse ce mardi matin, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a apporté plusieurs précisions sur les orientations de ce plan d'urgence. "Au plan national, il s'agit avant tout un d'un plan de soutien aux entreprises et un plan de soutien aux salariés. Le coût est estimé à 45 milliards d'euros mais il pourra évoluer en fonction de la situation" a expliqué le locataire de Bercy.

Les mesures de chômage partiel ont été chiffrées à 8,5 milliards d'euros sur deux mois. Ces décisions, qui ont largement été élargies depuis le début de la crise devraient permettre "un maintien des compétences et des savoir-faire dans les entreprises" a ajouté le ministre. "L'objectif est de faire repartir l'économie le plus rapidement possible". Le chômage partiel prévoit notamment de couvrir l'ensemble des salariés au-delà d'un SMIC. Enfin, le coût du report des charges fiscales et sociales est estimé à 32 milliards d'euros "en trésorerie pour l'Etat" par les services du ministère de l'Economie et des finances rien que pour le mois de mars.

Un fonds de solidarité de 2 milliards d'euros par mois

Après la décision de fermer tous les commerces non nécessaires la semaine dernière, l'exécutif entend venir en soutien aux indépendants, microentreprises. Un fonds de solidarité qui prévoit 2 milliards d'euros de dépenses publiques doit être mis en place par le gouvernement. Il doit viser avant tout les entreprises de restauration (160.000 personnes), le commerce non alimentaire (140.000), le tourisme (100.000). Le dispositif cible également les établissements qui ont perdu 70% de leur chiffre d'affaires (en comparant le chiffre d'affaires de mars 2019 et celui de mars 2020).

Les petites sociétés sont dans le viseur du gouvernement puisque ce fonds doit concerner les entreprises ayant un chiffre d'affaires inférieur à un million d'euros. Cette enveloppe comporte un "filet de sécurité pour tous". Il prévoit 1.500 euros d'aides rapides sur simple déclaration versées par les directions générales de finances publiques (DGFIP). Bercy doit également mettre en place "un dispositif anti-faillite qui serait en très grande difficulté malgré le recours des dispositifs. Nous augmenterons au cas par cas le soutien financier pour éviter toute faillite". Là encore, il y a une montée en puissance des mesures d'aides par l'intermédiaire du médiateur du crédit et du médiateur des entreprises.

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300 milliards d'euros de garantie pour les prêts bancaires

En outre, Bruno Le Maire a expliqué lors de cette conférence téléphonique que l'Etat allait mettre en place une garantie de tous les nouveaux prêts bancaires. Cette garantie doit s'élever à 300 milliards d'euros. "C'est une mesure massive calquée sur le modèle de l'Allemagne. Elle a vocation à maintenir la trésorerie des entreprises" a ajouté Bruno Le Maire. "Aujourd'hui, les banques n'ont plus de raisons de refuser des prêts".

Un front européen

Sur la scène européenne, l'offensive prend de l'ampleur après des semaines de mobilisation en ordre dispersé. Les membres de l'eurogroupe ont convenu ce lundi 16 mars que "les Etats de la zone étaient prêts à engager des mesures immédiates financières à hauteur de 1% du produit national brut (PNB) et les Etats sont prêts à faire 10% de garanties de prêts de trésorerie, c'est à dire 1.000 milliards d'euros de garantie pour que la trésorerie continue de circuler au sein de la zone euro". En outre, les ministres ont assuré qu'ils feraient "tout ce qui est possible" ("whatever it takes" pour reprendre la célèbre expression de l'ancien président de la banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi au moment de la crise des dettes souveraines en zone euro) pour permettre à l'économie de repartir.

Grégoire Normand
Commentaire 1
à écrit le 17/03/2020 à 14:31
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Il faut arrêter avec ce terme de "guerre", ce n'est pas parce que ceux qui ont fait la guerre, la vraie, sont de moins en moins nombreux, mais on peut toujours trouver des anciens d'Algérie même si ceux ci n'en parlement jamais même à leur proche, qu...

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