A Davos, Bruno Le Maire plaide pour un impôt minimum sur les sociétés dans le monde

Le ministre des Finances a mis la fiscalité équitable des multinationales et la taxation des géants du numérique au cœur du G7 Finances dont la France assure la présidence en 2019.
Philippe Mabille
(Crédits : Gonzalo Fuentes)

A quoi reconnaît-on un Français à Davos ? C'est le seul qui, à tout problème, commence par parler impôts... Au-delà de la plaisanterie, entendue dans les couloirs du Forum économique mondial, c'est en effet sous l'angle fiscal que le ministre des Finances français Bruno Le Maire, est venu faire le service avant-vente du prochain sommet du G7 dont la France assure la présidence cette année. Au cours d'une conférence de presse devant la presse internationale, Bruno Le Maire a plaidé ce jeudi pour un impôt minimum sur les sociétés à l'échelon mondial, assurant que la France ferait de la fiscalité la priorité de sa présidence cette année du G7 Finances.

«Nous sommes à la croisée des chemins : l'ancien monde est mort, le nouveau monde émerge et, pour toutes les nations, doit conduire à construire un nouveau capitalisme plus responsable et équitable », a-t-il assuré.

"La crise sociale et politique (...) n'est pas seulement française"

Ainsi, selon Bruno Le Maire, « la crise sociale et politique que connaît actuellement la France avec les Gilets jaunes n'est pas seulement française. On la constate sous des formes différentes dans tous les grands pays développés », a souligné le ministre qui a appelé à agir dès maintenant contre la montée des inégalités. « Nous avons besoin d'un système fiscal international plus juste », a affirmé Bruno Le Maire qui a placé le prochain G7 sous le signe d'une mondialisation « plus équitable ».

« Nous avons besoin d'un impôt minimum sur les sociétés dans tous les pays développés, car nous savons que les grandes multinationales échappent à l'impôt », a-t-il souligné. « Un peu de compétition fiscale, ce n'est pas mauvais. Mais des juridictions qui pratiquent un taux zéro, ce n'est pas acceptable. Cela permet aux entreprises d'échapper à une taxation juste », a-t-il dénoncé.

« Voilà pourquoi nous en ferons la priorité de la présidence française du G7 Finances », a affirmé le ministre, s'en prenant tout particulièrement aux pays qui ne taxent pas ou peu les multinationales, afin notamment d'attirer leurs sièges sociaux.

Selon un récent rapport de l'OCDE, les taux moyens de l'impôt sur les sociétés ont encore baissé dans le monde l'an dernier pour atteindre 21,7%. Les pays pratiquant des taux de moins de 10% étaient au nombre de 13 l'an dernier, contre 10 en 2000, a souligné l'OCDE, qui a pointé 12 juridictions pratiquant des taux zéro, parmi elles les îles anglo-normandes Guernesey et Jersey (en Manche), ainsi que l'île de Man (en mer d'Irlande) et les Îles Vierges britanniques (dans les Caraïbes).

La France se veut en pointe de la régulation du capitalisme

Bruno Le Maire a aussi évoqué la décision de la France de prendre, la première, l'initiative de taxer les géants du numérique, au-delà d'un seuil de 750 millions d'euros de chiffre d'affaires mondial et de 25 millions en France. Il s'est dit convaincu que le choix français, qui doit rapporter cette année 500 millions d'euros, sera ensuite suivi par l'Europe en attendant que le problème de l'optimisation fiscale des multinationales soit réglé au niveau de l'OCDE. Bruno Le Maire n'a pas évoqué à quel taux minimal le seuil mondial d'imposition des bénéfices des entreprises devra être fixé, mais il s'est dit confiant, évoquant une conversation à ce sujet avec le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin.

Toujours pour réguler le capitalisme, au G7, la France plaidera aussi pour que le terrain de jeu concurrentiel soit plus équitable en matière d'investissement dans les pays émergents, et pour que des mesures de gouvernance permettent de lutter contre les écarts de salaires excessifs dans les entreprises. Beaucoup de vœux, donc, pour l'instant pieux et sur lesquels ils sera difficile de mettre tous les pays d'accord, que ce soit au G7 ou au G20 (présidé par le Japon cette année).

Bruno Le Maire, qui a maintenu à 1,7% la prévision de croissance officielle de la France, malgré le ralentissement mondial, a enfin confirmé la poursuite des réformes des retraites, de l'assurance-chômage et du service public, et réaffirmé que la loi Pacte, en cours d'examen au Sénat, permettra d'importantes privatisations concernant ADP, Engie et la Française des Jeux, afin de financer le fonds pour les innovations de rupture.

Philippe Mabille
Commentaires 21
à écrit le 28/01/2019 à 7:59
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Pour une fois qu il commence à réfléchir Francais laissons le aller , mais quand il s apercevra qu il ne peut pas il serait respectable pour lui , de venir expliquer à la tele pourquoi ! Souvenez vous que pour lui Carlos Goshn était nickel en Franc...

à écrit le 25/01/2019 à 11:51
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C'est bien de vouloir que les pays qui ne taxes pas (ou peu) les entreprises, se mettent à le faire... Mais cela implique que ceux qui taxent trop les entreprises soient prêts à effectuer le chemin inverse !!! Mr LE MAIRE devrait proposer par exemp...

à écrit le 25/01/2019 à 10:57
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Le Maire ne se fait connaître à l'étranger que comme inventeur d'impôts: Taxe sur les GAFA, impôt minimum... C'est bien, il perpétue le savoir faire français et défend sa place de premier exportateur mondial de taxes à défaut de biens et services.

à écrit le 25/01/2019 à 9:07
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Le maire ils va faire Quoi a davos ?👘 ils va en gilets jaune

à écrit le 25/01/2019 à 9:04
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Bref, en français il insiste pour une taxation minimale des sociétés et en anglais il annonce la poursuite des privatisations de notre patrimoine, du démantèlement des protections chômage, des retraites et du service public - Alors que ces politiques...

à écrit le 25/01/2019 à 8:54
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Bonne initiative mais il va falloir du temps et de la persévérance avant d'y arriver. Les paradis fiscaux anglais sont une bonne raison de se réjouir du brexit, si il arrive.: restera alors plus que l'Irlande, la Hollande, le Luxembourg et Monaco ...

à écrit le 24/01/2019 à 22:05
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Qu'elle mouche l'a piqué? Il est aussi crédible en Che Guevara de la finance que Macron en terrassier... Il a peur que les Gilets Jaunes le mènent en Place de Grêve ?

à écrit le 24/01/2019 à 21:43
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Un ministre de l’économie qui ne parle pas d’économie mais que d’impôts. Tout est dit

à écrit le 24/01/2019 à 18:13
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"La France se veut en pointe de la régulation du capitalisme". C'est aussi prétentieux que de vouloir réglementer la nature, le climat, l'espace. La France est en pointe dans l'action chimérique. Le blé d'hiver est semé (investissement du capital) e...

à écrit le 24/01/2019 à 17:46
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Pour empecher l'optimisation fiscale ,une seule solution:imposer sur le chiffre d'affaires avec un taux réduit,pourquoi pas 10%?

le 24/01/2019 à 18:34
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10% du CA c'est largement plus que les normes fiscales francaises qui considerent qu'en general les boites ont 5% de benefice sur CaHT (en moyenne, et dans la duree, apres faut s'adapter) euh, si vous allez a la peche au con, sachez qu'il y a eu sur...

le 24/01/2019 à 19:05
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Oui, très juste, Ainsi, les sièges sociaux partiront de l'autre coté, sous peine de faillite : 10% du C.A : quasiment aucune entreprise ne réalise 10% de bénéfices. Maxi 6%. Et ainsi privées de ressources pour investir. Restera à exproprier ...

à écrit le 24/01/2019 à 15:49
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Monsieur Le Maire, je fais la proposition suivante (ainsi qu'au grand débat d'ailleurs): quand on condamne une boutique comme Google à 50 M€ de pénalité, il faut ouvrir une autoroute pour le règlement judiciaire complet afin de ne pas trainer les dos...

à écrit le 24/01/2019 à 15:37
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Monsieur Bruno Le Maire, des impôts minimum … indexés sur les dépenses maximum de l'état…? au final, il va y avoir peu de client !

à écrit le 24/01/2019 à 14:58
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Impayable, les politiques FR. Qu'ils balaient devant leur porte : Champions DU MONDE des prélèvements obligatoires 47.4% et Des dépenses publiques 58.5%. 102% de dette Qui va copier telle gabegie ? A la FR, CIGALE irresponsable de dégrais...

le 24/01/2019 à 15:42
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1- Vous répétez des inepties. https://blogs.alternatives-economiques.fr/gadrey/2019/01/06/macron-recale-a-l-epreuve-d-economie-du-bac-parler-de-la-part-des-depenses-dans-le-pib-est-une-ineptie 2- les pays bas est un paradis fiscal de l'Europe cha...

le 24/01/2019 à 16:24
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Cela sent le lobbies, regardez l'émission d'ARTE du 22/01 " Trump et le coup d'état des multinationales". Inquiet pour l'Europe...

le 24/01/2019 à 17:24
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Idem Belgique, Luxembourg, Danemark, Norvège, Suède, Finlande, Portugal. Les comptes publics y sont sains, et sont Socialement développés. Que la Fr Réforme ses couts structurels, abaisse à 0.0000001% l'impot sur les Sociétés, supprime les seui...

le 24/01/2019 à 17:44
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quand vous vous retrouverez au chomage,vous serez la première a glapir et a réclamer plus d'état providence!

le 24/01/2019 à 19:24
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Tu t'es posé la question de savoir combien tu as couté au pays depuis ta naissance ?

à écrit le 24/01/2019 à 14:43
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UNe taxe sur les sociétés c'est une taxe sur le travail, déjà que l'idéologie oligarchique néolibérale européenne a mis à genoux l'économie réelle et anéanti la valeur travail pour le principal profit de la rente à savoir de la finance si il faut ajo...

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