Corruption en Corée du Sud : la présidente propose de démissionner, l'opposition enrage

Dans une allocution télévisée mardi 29 novembre, Park Geun-hye, après s'être à nouveau excusée, a demandé au Parlement de trouver un moyen pour la démettre de ses fonctions. Le parti d'opposition, qui voulait lancer une action en destitution, crie à la manoeuvre. Samedi la cinquième manifestation contre ce scandale au plus haut sommet de l'Etat a rassemblé 1,5 million de Sud-Coréens.
Hier, la présidente sud-coréenne, Park Geun-hye, faisait savoir qu'elle ne répondrait pas à la justice qui voulait l'auditionner dès ce mardi. Aujourd'hui, lors de sa troisième allocution télévisée (photo) dans le cadre de ce scandale de corruption, la présidente a exprimé à nouveaux ses excuses au peuple sud-coréen, mais le parti d'oppositon n'y voit que manoeuvre pour éviter le pire : la destitution.

Après l'inculpation d'une de ses proches amies, Choi Soon-sil, et d'un ex-conseiller, An Chong-bum, pour abus de pouvoir, la présidente est plus impopulaire que jamais et les appels à sa démission se sont accumulés dans les dernières semaines, sur fond de manifestations monstres. La cote de popularité de la présidente, qui a présenté des excuses publiques pour avoir laissé son amie s'immiscer dans les affaires de l'Etat, est tombée à 4%.

A Séoul, ce mardi à 14h30 (à 6h30 heure française), la présidente de la Corée du Sud, Park Geun-hye, a demandé au Parlement de trouver un moyen pour lui permettre de quitter le pouvoir et de décider de la date de sa démission.

"Je vais laisser au Parlement tout ce qui concerne mon futur et notamment la réduction de mon mandat", a-t-elle annoncé dans un bref discours télévisé après avoir présenté ses excuses au peuple sud-coréen pour la troisième fois.

Park Geun-hye souhaite néanmoins choisir la date de son départ, pour assurer la transition dans la sérénité dit-elle.

"Je démissionnerai de ma fonction en conformité avec la loi une fois qu'une transition stable aura été mise en place, qui minimisera les remous et le vide politiques, cela après des consultations entre les partis dans l'opposition et au pouvoir", a-t-elle ajouté.

"Une ruse pour éviter la destitution"

Aussitôt après cette allocution (la troisième dans le cadre de ce scandale), le principal parti de l'opposition, le Minjoo, a immédiatement réagi en disant «c'est une ruse pour éviter le lancement de la motion parlementaire de destitution de Park», prévue en fin de cette semaine. Le Parti démocrate, écrit mardi l'agence de presse Yonhap, entend poursuivre ses efforts pour la destituer, ajoute l'agence, qui cite son porte-parole Youn Kwan-suk.

Samedi 26 novembre (photo ci-dessous), pour le cinquième week-end consécutif, des centaines de milliers de Sud-Coréens se sont rassemblés en réclamant la démission de la présidente. Selon les organisateurs, 1,5 million de personnes ont manifesté dans Séoul, tandis que la police a évalué la foule à 260.000 personnes.

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     > Lire : "C'est une manière pour elle de gagner du temps" (l'interview d'Olivier Guillard, chercheur associé à l'Iris et spécialiste des questions asiatiques, interrogé ce mardi 29.11 au sujet de la démission de Park)

Lundi, la présidente a refusé de répondre à la justice

Mais il est un autre élément important dans la succession des événements : hier, lundi 28 novembre, la présidente sud-coréenne, Park Geun-hye, avait fait savoir qu'elle ne donnerait pas suite à la demande de la justice de l'auditionner cette semaine dans le cadre d'une affaire de trafic d'influence, a déclaré lundi son avocat, Yoo Yeong-ha.

Les procureurs avaient sollicité la coopération de la présidente et comptaient l'auditionner mardi au plus tard, mais l'avocat de la présidente a déclaré qu'étant donné la "situation très évolutive", elle a peu de temps pour cela.

Les bureaux de Samsung perquisitionnés

Les enquêteurs du ministère public veulent savoir si la chef de l'Etat a fait pression sur les patrons des grands conglomérats du pays, les "chaebols", pour lever des fonds pour deux fondations au centre de l'affaire de trafic d'influence.

La présidente sud-coréenne Park Geun-hye et son amie Choi Soon-sil sont soupçonnées d'avoir fait pression sur de grands conglomérats du pays, dont le groupe Samsung, pour qu'ils contribuent financièrement à des fondations favorables à la politique de la présidente Park de promotion des activités culturelles et sportives.

Saga politique tumultueuse

L'amie de la présidente, Choi Soon-sii, est accusée d'avoir utilisé ses relations avec Park Geun-hye pour s'immiscer dans les affaires de l'Etat et exercer son influence dans le monde de la culture et du sport. Leur amitié remonte à la période où Park Geun-hye jouait le rôle de "première dame" par intérim, après le meurtre de sa mère, tombée sous une balle en fait destinée à son père, l'autocrate Park Chung-hee. Cinq ans plus tard, en 1979, le père de l'actuelle présidente était assassinée par le chef des services de renseignement.

Certains députés du parti conservateur Saenuri (au pouvoir) ont demandé à Park de démissionner dans le cadre d'un accord qui lui permettrait de partir dans la dignité.

(Avec Reuters et Yonhap)

> Lire aussi : "C'est une manière pour elle de gagner du temps" (l'interview d'Olivier Guillard, chercheur associé à l'Iris et spécialiste des questions asiatiques, interrogé ce mardi 29.11 au sujet de la démission de Park)

Commentaires 2
à écrit le 29/11/2016 à 14:19
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"Le pouvoir est maudit." Louise Michel Et c'est pas une question de sexes, donc tout ceux qui affirment que le monde se porterait mieux avec des femmes au pouvoir peuvent constater que non en fait ce serait quasiment pareil.

à écrit le 29/11/2016 à 12:25
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ça aurait été un homme, cela aurait été différent. Ou comment les élus féminines peuvent concentrer autant de violences dans les pays industrialisés (USA, France, Brésil) On invoque toujours leur "incompétence" comme argument ... Il n'y a bien qu'en ...

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