Andrew Puzder, "un homme de fer" au ministère du Travail américain

[Portrait] Donald Trump a nommé Andrew Puzder au poste de secrétaire au travail début décembre et doit voir sa nomination validée par le Sénat ce mardi 7 février. Si l'homme n'a aucune expérience en politique, il est réputé pour avoir dirigé sa chaîne de restauration CKE avec une main de fer.
Grégoire Normand
Avant d'être nommé par Trump au poste de secrétaire au Travail, Andrew Puzder avait déjà conseillé Mitt Romney en 2011.

Le nouveau ministre du Travail américain doit être confirmé par le Sénat ce mardi 7 février. Le PDG de la chaîne de restauration rapide CKE est très controversé outre-Atlantique, notamment du côté des salariés et des syndicats. Pourtant, au moment de sa nomination en décembre, Donald Trump ne tarissait pas d'éloges sur lui :

 "Andy Puzder a créé et accéléré les carrières de milliers d'Américains, et son vaste combat mémorable pour les travailleurs a fait de lui le candidat idéal pour diriger le Département du travail [...] Andy se battra pour rendre les travailleurs américains plus sûrs d'eux et plus prospères [..] et il va sauver des petits commerces du poids écrasant des réglementations inutiles".

Derrière ce bilan et ces perspectives décrites par M.Trump se cache une carrière beaucoup plus complexe.

Un patron de fast-food contre le salaire minimum

Andrew Puzder est né en 1950 à Cleveland dans l'Ohio. Il a poursuivi ses études supérieures à l'université de Droit de Washington où il a obtenu un doctorat. Entre 1978 et 1983, M.Puzder a été avocat dans un cabinet pratiquant le droit des entreprises. Pendant les années 80 et au début des années 90, il est également reconnu pour être à la pointe des contestations sur les questions relatives à l'avortement.

Ce juriste s'est ensuite tourné vers les affaires pour rejoindre  le groupe CKE Inc à partir de 1997. Il va d'ailleurs en prendre la direction en 2000. A l'époque, la multinationale accuse une dette de plus de 700 millions de dollars. Aujourd'hui, la compagnie génère un chiffre d'affaires de 1,3 milliard de dollars et compte plus de 75.000 salariés aux Etats-Unis. La société comprend également près de 3.300 franchises dans le monde (dont Carl's Jr ou Hardee pour le burger et Green Burrito pour les plats tex-mex).

Le nouveau secrétaire d'Etat s'est pendant longtemps opposé à la hausse du salaire minimum au Etats-Unis. Dans une tribune publiée dans le Wall Street Journal, il avait déclaré que "si un gouvernement peut transformer des postes sans qualifications en job avec des revenus moyens, l'Union Soviétique serait l'économie dominante au niveau mondial aujourd'hui".

Face à l'augmentation du salaire minimum, Andrew Puzder a également exprimé sa volonté d'expérimenter les restaurants automatisés dans les colonnes de Business Insider en mars 2016 : "Avec un gouvernement qui fait augmenter le coût du travail, il fait en parallèle baisser le nombre d'emplois [...] Vous allez bientôt voir que l'automatisation ne va pas seulement concerner les aéroports et les magasins de grossistes, mais aussi les restaurants."

Mais sa chaîne de restauration a fait l'objet de nombreuses protestations de la part de ses salariés notamment pour des raisons de discriminations raciales, de harcèlement sexuel ou de violations du droit du travail. Le syndicat Restaurant Opportunities Center a récemment publié un rapport dénonçant ces pratiques et les conditions de travail rencontrées dans certains établissements. Par ailleurs, Carl's Jr. et Hardee sont les chaînes de restauration rapide américaines qui auraient été convoquées le plus grand nombre de fois devant les tribunaux pour des infractions au code du travail selon le Monde.

contestations

Des salariés d'Andrew Puzder manifestent en janvier dernier après sa nomination au poste de secrétaire d'Etat au Travail.  REUTERS/Mike Blake.

Pour la sénatrice démocrate Elizabeth Warren connue pour son franc-parler, "la nomination de Puzder pour diriger l'agence fédérale de la protection des travailleurs est une claque pour toutes les familles américaines qui travaillent dans des conditions difficiles".

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Un ouvrage sur les créations d'emplois

Donald Trump avait évoqué les créations d'emplois sur le sol américain pendant la campagne comme l'une de ses priorités. A ce sujet, Andrew Puzder a rédigé un ouvrage il y a quelques années intitulé : "Job Creation: How It Really Works and Why Government Doesn't Understand it " [Création d'emplois : comment cela fonctionne réellement et pourquoi le gouvernement ne le comprend pas]. Avec le co-auteur David Newton, M.Puzder établit une feuille de route pour redynamiser le marché du travail en insistant par exemple sur les investissements dans la recherche et développement et une moindre régulation des pouvoirs publics. "Les entreprises privées, entravées par une intervention excessive des gouvernements, pourront créer des emplois" écrit Puzder. Enfin, il a des positions similaires à Donald Trump en matière d'immigration. Selon Forbes, il pense que des restrictions en matière de flux migratoires sont efficaces pour que les Américains retournent au travail. "Les projets du président pour établir des nouveaux contrôles pour les flux de migrants pourront accélérer la hausse des revenus et s'assurer que les offres d'emplois seront proposées en priorité aux Américains. Notre politique est d'embaucher des Américains et d'acheter Américain".

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Une confirmation repoussée à de multiples reprises

Bien que Donald Trump a nommé M.Puzder au poste de secrétaire d'Etat au travail depuis le mois de décembre, sa confirmation par le Sénat a été repoussée à quatre reprises. La principale raison invoquée par la commission du travail du Sénat est que Andrew Puzder ne fournit pas les documents obligatoires demandés pour établir de possibles conflits d'intérêts.

Le parcours d'Andrew Puzder en cinq dates :

1950 : naissance à Cleveland dans l'Ohio

1978 : diplômé de l'université de Droit de Washington. Il va poursuivre une carrière juridique pendant près de 15 ans.

1997 : il rejoint la chaîne de restauration rapide CKE et en devient le PDG en 2000.

2011 : il devient conseiller spécial pour le candidat républicain à la présidentielle Mitt Romney.

2016 : nomination au poste de secrétaire d'Etat au Travail par Donald Trump.

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 07/02/2017 à 20:34
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A lire toutes ces informations sur Trump, ses électeurs, son administration, on se dit que les citoyens américains qui vivaient une vie infernale ont remis leur destin au ... diable et à ses acolytes. Un peu comme se jeter dans le vide par peur du v...

à écrit le 07/02/2017 à 19:23
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mon petit doigt me dit que ceux qui ont vote trump n epensaient pas a ca, ils pensaient plutot a de genereuses augmentations de salaires finacees par personne ( un peu comme le pen, hamon, ou melanchon) entre ce blocage et l'inflation a venir, va y ...

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