Alors que Pékin a récemment mis fin aux manoeuvres militaires les plus importantes jamais réalisées autour de Taïwan, en riposte à une visite de la présidente de la Chambre américaine des représentants Nancy Pelosi, une délégation du Congrès américain vient d'arriver, ce dimanche 14 août, sur l'île convoitée par la Chine.
Pékin estime, en effet, que Taïwan, peuplée d'environ 23 millions d'habitants, est l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise (1949). Opposée à toute initiative donnant aux autorités taïwanaises une légitimité internationale, la Chine est vent debout contre tout contact officiel entre Taïwan et d'autres pays.
Rencontre avec le président et le ministre des Affaires étrangères
Cette visite de cinq personnes (un sénateur et quatre représentants, des démocrates et un républicain), qui n'était pas annoncée, doit durer jusqu'à lundi, selon l'Institut américain à Taïwan, l'ambassade de facto des États-Unis dans l'île.
Durant leur séjour, les parlementaires américains (Ed Markey, Alan Lowenthal, John Garamendi, Don Beyer et Aumua Amata Coleman Radewagen) vont notamment rencontrer le président Tsai Ing-wen et le ministre des Affaires étrangères Joseph Wu, selon le ministère taïwanais des Affaires étrangères. Ils doivent discuter "des relations entre les Etats-Unis et Taïwan, des questions de sécurité régionale, de commerce et d'investissement, du changement climatique", a indiqué l'Institut américain dans un communiqué.
Les Etats-Unis réaffirment leur engagement
En réponse aux actions "provocatrice" de la Chine, les Etats-Unis ont réaffirmé leur engagement dans la région. Washington a ainsi annoncé, vendredi dernier, un renforcement de ses relations commerciales avec Taïwan et de nouveaux passages aériens et maritimes dans le détroit.
Le ministre taïwanais des Affaires étrangères a, pour sa part, salué cette nouvelle visite des parlementaires américains.
"Alors que la Chine continue à faire monter les tensions dans la région, le Congrès américain a de nouveau envoyé une délégation de haut niveau à Taïwan, démontrant ainsi une amitié qui n'est pas effrayée par les menaces de la Chine et souligne le soutien résolu des Etats-Unis envers Taïwan".
Taipei accuse la Chine d'avoir pris prétexte de la visite de Mme Pelosi pour s'entraîner à une invasion. Des responsables américains se rendent fréquemment dans cette île, mais la Chine avait jugé que la visite de Mme Pelosi, la plus haute responsable américaine à se rendre sur l'île depuis des décennies, était une provocation majeure.
Face aux manoeuvres lancées par Pékin, Taïwan avait organisé ses propres exercices simulant l'organisation de sa défense face à une invasion chinoise.Pékin n'a mis fin à ses exercices qu'après avoir réitéré ses menaces envers Taipei et déclaré qu'elle continuerait à patrouiller dans le détroit de Taïwan.
Un "Livre blanc" inquiétant
Dans son point quotidien, le ministère taïwanais de la Défense a affirmé dimanche avoir détecté 22 avions et six navires chinois opérant près du détroit. 11 des avions ont dépassé la ligne médiane, une démarcation non officielle entre Taïwan et la Chine que Pékin ne reconnaît pas.
Le Bureau des affaires de Taïwan, un organisme du gouvernement chinois, a publié mercredi un "Livre blanc" détaillant la manière dont Pékin envisage de reprendre l'île, notamment via des incitations économiques.
"La force serait utilisée en dernier recours, en cas de circonstances impérieuses. Nous serions contraints de prendre des mesures drastiques face aux provocations des séparatistes ou de forces extérieures, si ceux-ci venaient à franchir nos lignes rouges", explique également le document.
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