Après le scandale Samsung, quel avenir pour les chaebols ?

Les chaebols, conglomérats sud-coréens très puissants économiquement, sont au cœur du débat depuis la condamnation de l'héritier du groupe Samsung pour corruption. Au point mort depuis l'élection du président Moon Jae-In en mai dernier, la réforme de ces entités pourrait connaître un nouvel élan.
Anaïs Cherif
L'héritier de Samsung, Lee Jae-Yong, a été condamné le 25 août 2016 à cinq ans de prison dans le cadre du scandale de corruption qui a ébranlé la Corée du Sud et causé la destitution de l'ex-présidente Park Geun-Hye.

Une condamnation symbole. L'héritier du groupe Samsung, à la tête du conglomérat sud-coréen le plus puissant, a été condamné vendredi dernier à 5 ans de prison pour corruption. Il a fait appel de la décision ce lundi. "Jusqu'à présent, Samsung avait toujours été considéré comme étant au-dessus des lois en Corée du Sud", estime auprès du New York Times You Jong-il, économiste à l'École de politique publique et de gestion de KDI. "Cela marque un grand pas dans l'établissement de la justice dans le pays."

Si nombre de dirigeants de grandes entreprises sont passés devant la justice sud-coréenne pour corruption, abus de biens sociaux ou encore évasion fiscale, rares sont ceux qui ont effectivement été condamnés. Ils ont souvent écopé de peines de prison avec sursis, avant d'obtenir une grâce présidentielle pour contributions à l'économie du pays. C'est le cas du président de Hyundai, Chung Mong-Ko, gracié après avoir été condamné à trois ans de prison en 2007. La condamnation de l'héritier Samsung constitue ainsi la plus lourde sanction infligée à un capitaine d'industrie en Corée du Sud. "La trop grande influence financière des conglomérats sur le système politique par le biais de faveurs et amitiés sont une préoccupation légitime", déclare à l'AFP Robert Kelly, professeur de science politique à l'Université nationale de Pusan.

Cinq chaebols représentaient 58% du PIB en 2015

Les conglomérats sud-coréens, dénommés chaebols, ont profité du besoin d'industrie de l'après-guerre pour tisser des liens avec le pouvoir - et faire de la Corée du Sud la 4e puissance économique asiatique en une décennie. Les cinq premiers chaebols du pays (Samsung, Hyundai, LG, Lotte et SK Group) représentaient à eux seuls 58% du PIB en 2015, selon un rapport de l'université East Asian Institute. Un poids économique que les conglomérats veulent mettre en avant face à la réforme voulue par le nouveau président Moon Jae-In, élu en mai dernier"La nouvelle administration doit comprendre que la croissance économique est impossible sans notre coopération", confiait au Nikkei un dirigeant de chaebol au lendemain de l'élection présidentielle.

Le président démocrate a placé cette réforme au cœur de son programme présidentiel, alors que des millions de Coréens étaient descendus dans les rues pour demander la destitution de la présidente trempée dans le scandale de corruption de Samsung. L'administration de Moon Jae-In espère que cette décision de justice va permettre de mettre fin à la collusion entre les conglomérats et le gouvernement, rapporte Bloomberg.

Voyage officiel avec les conglomérats

Lors de sa campagne présidentielle, Moon Jae-In a notamment proposé d'abolir les grâces présidentielles pour les crimes d'entreprises et d'instaurer davantage d'impôts pour les chaebols. L'impôt sur les sociétés devrait être relevé à 25% - contre 22%. A peine arrivé au pouvoir, le président a nommé Kim Sang-Jo, surnommé "le sniper des chaebols", à la tête de la Commission des relations commerciales. Mais une semaine plus tard, ce dernier rétro-pédalait : "La réforme des chaebols ne consistera jamais à détruire ou à les démanteler. Cette réforme consiste à les aider et à les inciter à devenir un atout important dans l'économie sud-coréenne par davantage de règles", rapportait ReutersEn juin, Moon Jae-In était accompagné par des chefs de conglomérats lors de son voyage aux Etats-Unis. Il est depuis resté muet sur la question.

(Avec AFP)

Anaïs Cherif
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