Après les hydrocarbures, la Russie envisage d'élargir la liste des exportations à payer en roubles

Le Kremlin a fait savoir ce mercredi qu'il travaillait à l'élargissement de la liste des exportations appelées à être réglées en roubles : céréales, métaux, l'huile alimentaire, engrais, le bois, et autres matières premières essentielles seraient concernées. Une annonce qui intervient alors que la tension est déjà très forte au sujet du paiement en roubles des contrats de gaz européens exigé par la Russie.
(Crédits : Ilya Naymushin)

Exiger le paiement en roubles d'un large éventail de produits russes exportés, mais pas du jour au lendemain. Voilà une des réponses de Moscou aux sanctions occidentales après l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Alors que les tensions sont fortes depuis une dizaine de jours suite à la demande du Kremlin d'imposer le paiement des livraisons de gaz européens dans sa monnaie nationale - et le refus des pays du G7 - la Russie semble accentuer cette démarche, qui vise notamment à soutenir sa monnaie nationale.

Le Kremlin a fait savoir ce mercredi qu'il travaillait à l'élargissement de la liste des exportations appelées à être réglées en roubles : céréales, métaux, l'huile alimentaire, engrais, le bois, et autres matières premières essentielles seraient concernées.

"Si vous voulez du gaz, trouvez des roubles"

Tout est partie d'une déclaration de Viatcheslav Volodine, le président de la chambre basse du parlement russe. Il a en effet suggéré mercredi d'étendre la mesure sur le gaz russe à d'autres produits exportés par la Russie.

"Au-delà, il serait juste, lorsque cela serait profitable à notre pays, d'allonger la liste des produits exportés facturés en roubles pour inclure engrais, céréales, huile alimentaire, pétrole, charbon, métaux, bois etc.", a-t-il déclaré. Puis la déclaration est remonté jusqu'au palais présidentiel. Interrogé sur les propos de Viatcheslav Volodine, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré : "c'est une idée sur laquelle il faut absolument travailler."

"Si vous voulez du gaz, trouvez des roubles", avait appuyer plutôt hier dans la journée le président de la Douma. Le Kremlin a répété mardi qu'il présenterait d'ici à jeudi un mécanisme "pratique" pour permettre aux entreprises des pays "inamicaux" de payer leurs achats de gaz naturel en roubles.

Jeudi, le gouvernement russe, la Banque centrale russe et le géant gazier russe Gazprom doivent présenter à Vladimir Poutine un rapport sur la mise en place du système de paiement en roubles. Toutefois, le Kremlin a annoncé hier que ce mécanisme serait éventuellement déployé "graduellement".

"Nous en avons déjà parlé, le paiement et la livraison (de gaz) est un processus étendu dans le temps", a déclaré Dmitri Peskov.

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La demande russe du paiement du gaz en roubles avait généré beaucoup d'incertitudes et d'incompréhension. Mais aussi une certaine pression. L'Allemagne dénonce par exemple une rupture des termes des contrats, libellés en euros. La menace d'un arrêt imminent des livraisons de gaz russe par Moscou, suite au refus de Berlin, est maintenant une éventualité prise très au sérieux par le gouvernement allemand qui a déclenché ce mercredi le premier niveau de son plan d'urgence pour garantir la sécurité de son approvisionnement en gaz naturel.

Pour le Kremlin, l'intérêt d'une telle annonce - le paiement en roubles - était de soutenir sa monnaie nationale. "C'est astucieux de la part de Vladimir Poutine d'exiger le paiement en roubles du gaz russe dont l'Europe ne peut pas se passer à court terme, car cela contraint les Européens à soutenir mécaniquement la devise russe, en obligeant les entreprises européennes à convertir leurs euros ou leurs dollars en roubles sur le marché des changes. Gazprom n'aura plus de devises étrangères dans ses comptes. Avec le nouveau système, il n'obtiendra que des roubles", explique Joseph Leddet, expert des marchés de changes.

Quelle réaction des entreprises dépendantes des produits russes ?

Reste à savoir quels seront également les secteurs concernés si la mesure est élargie à d'autres secteurs. Par exemple, les livraisons de titane seront-elles exigées en roubles ? Si oui, quelle sera la position des entreprises françaises face à cela ? Depuis le début de la guerre en Ukraine, l'approvisionnement en titane apparaît comme l'élément stratégique à sécuriser pour les avionneurs du monde entier face à la mainmise de la Russie sur une grande partie de la production.

Airbus comme Safran confirment pour l'instant leurs postures adoptées au début du conflit. Les deux plus gros consommateurs de titane métal en France (en comptant l'approvisionnement direct et pour leur chaîne de fournisseurs) poursuivent ainsi leurs importations de titane russe sans s'engager à y renoncer pour le moment.

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Commentaires 3
à écrit le 30/03/2022 à 20:00
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faudra faire passer les achats par une centrale basee en chine et qui paiera en roubles/yuan; comme le yuan est pegged float, ca va le faire, et ca mettra les russes dans les mains des chinois

à écrit le 30/03/2022 à 17:59
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Pour 54€ par Français et par an, on peut se passer du gaz Russe. Je fais je chèque tout de suite. Pour l'huile alimentaire, il y a tout ce qu'il faut en France, du Colza à l'huile de noix ou de pépins de raisins. Pour le Titane, il y a déjà trop d'av...

à écrit le 30/03/2022 à 17:45
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Pour payer en Roubles, il faut des Roubles. Il faut donc que la Banque Centrale Russe en lettre sur le marché et les vendent contre des devises. Ces devises vont dans les Caisses de la Banque centrale Russe, pas dans celle des entreprises. Gazprom e...

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