Attaques des Houthis en mer Rouge : les Etats-Unis lancent une opération navale multinationale pour protéger le transport maritime

Les Etats-Unis ont annoncé lundi la formation en mer Rouge d'une coalition de 10 pays, dont la France, pour mener l'opération « Prosperity Guardian » face aux attaques répétées des Houthis contre le transport maritime. Les Rebelles ont prévenu ce mardi que les attaques n'allaient pas s'arrêter de si tôt.
Les Etats-Unis ont formé une coalition comptant 10 pays, dont la France.
Les Etats-Unis ont formé une coalition comptant 10 pays, dont la France. (Crédits : U.S. Navy)

[Article publié le mardi 19 décembre à 07h17 et mis à jour à 17h48]. Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a condamné ce mardi les attaques « sans précédent » des rebelles Houthis du Yémen contre la navigation internationale en mer Rouge, affirmant qu'elles constituaient une « menace » pour le commerce mondial.

« Austin a condamné les attaques des Houthis contre la navigation internationale et le commerce mondial, les qualifiant de sans précédent et d'inacceptables, en soulignant que ces attaques menaçaient la libre-circulation du commerce », a déclaré l'attaché de presse du Pentagone, le général de division Pat Ryder, dans un communiqué.

Face à la multiplication de ces attaques des rebelles houthis du Yémen contre le transport maritime en mer Rouge, une coalition de 10 pays, dont la France, formée à l'appel des Etats-Unis, va tenter de ramener le calme dans la zone. Le Royaume-Uni, le Canada, l'Italie, Bahreïn, les Pays-Bas, la Norvège, l'Espagne, et les Seychelles participent aussi à cette opération baptisée « Prosperity Guardian ». Pour rappel, une force maritime combinée, comprenant 39 nations, est déjà mobilisée pour assurer la liberté de navigation.

Le destroyer britannique HMS Diamond a ainsi rejoint la coalition, a annoncé mardi le ministère britannique de la Défense après une réunion virtuelle de plus de 20 pays. Arrivé pendant le week-end dans la mer Rouge, le navire de guerre, présenté par Londres comme « l'un des plus modernes de la Royal Navy », s'ajoute ainsi à une force comprenant trois destroyers américains et une frégate française, a précisé le ministère dans un communiqué. Rome a également annoncé mardi l'envoi « dans les prochaines heures » d'une frégate.

« Nos opérations militaires ne s'arrêteront pas »

En réaction à l'annonce de la création d'une coalition de dix pays pour mettre fin aux attaques de missiles et de drones des Houthis, les rebelles, soutenus par l'Iran, ont déclaré mardi qu'ils ne cesseraient pas leurs attaques.

Même si l'Amérique mobilise le monde entier, nos opérations militaires ne s'arrêteront pas (...) quels que soient les sacrifices que cela nous coûte, a déclaré Mohammed al-Bukhaiti, un haut responsable des Houthis, sur le réseau social X.

Il a ajouté que ces attaques s'arrêteraient seulement « si Israël cesse ses crimes et que la nourriture, les médicaments et le carburant parviennent à la population assiégée », de la bande de Gaza.

Contrôlant une bonne partie du Yémen, ces derniers ont prévenu qu'ils viseraient des navires naviguant au large des côtes du pays s'ils ont des liens avec Israël, en riposte à la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza. Samedi dernier, un responsable houthi avait déclaré à la chaîne de télévision Al Mayadine que toute action hostile contre le Yémen aurait des conséquences désastreuses.

« Le Yémen est prêt, avec toutes ses options défensives, à répondre à toute manœuvre hostile des Etats-Unis, d'Israël ou de l'Occident », avait-il indiqué.

Les bateaux changent d'itinéraire

La formation de cette coalition intervient après une nouvelle journée de haute tension en mer Rouge, marquée par de nouvelles attaques visant deux navires « liés à Israël », selon les rebelles chiites, et la décision de l'armateur de Hongkong Evergreen et du pétrolier britannique BP de renoncer à transiter par la zone. Une décision similaire à celle prise depuis vendredi par Maersk, CMA CGM (propriétaire de La Tribune), Hapag-Lloyd et MSC. Tous contournent désormais l'Afrique par le Cap de la Bonne Espérance, un itinéraire qui allonge la durée de transport de deux à trois semaines pour un tanker, d'une semaine pour un navire de commerce moyen, et augmente les coûts.

Coup de chaud sur les cours du pétrole

La décision de BP a provoqué une remontée des cours du pétrole lundi. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en février a pris 1,82%, pour clôturer à 77,95 dollars. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate (WTI), avec échéance en janvier, a lui gagné 1,45%, à 72,47 dollars.

Jusqu'ici, les mesures de contournement concernaient surtout les porte-conteneurs, « mais cela n'affectait pas le marché du pétrole », a expliqué Matt Smith, de Kepler.

Pour les cargos, les primes d'assurance augmentent. Selon le site The Insurer, les tarifs pour couvrir les cargos désireux d'emprunter ce parcours qui mène au canal de Suez vers le nord ont été décuplés avec la multiplication des tirs attribués aux Houthis. Pour Matt Smith, cette situation est « tout particulièrement préjudiciable à la Russie », pour qui la route de la mer Rouge est essentielle aux livraisons de clients majeurs, principalement la Chine et l'Inde.

Avec les forces militaires, « la situation devrait se résoudre rapidement », selon Matt Smith, qui ne prévoit pas d'effet prolongé sur le marché de l'or noir. La température a d'ailleurs baissé en fin de séance, le WTI ne glanant que 1,45% après avoir monté jusqu'à près de 4% un peu plus tôt (+3,96%).

La mer Rouge est une « autoroute de la mer »

La mer Rouge est une « autoroute de la mer » reliant la Méditerranée à l'océan Indien, et donc l'Europe à l'Asie.  Environ 20.000 navires transitent chaque année par le canal de Suez, porte d'entrée et de sortie des navires passant par la mer Rouge. Selon la Chambre internationale de la marine marchande (ICS) basée à Londres, 12% du commerce mondial passe normalement par la mer Rouge. Selon Jean-Philippe Casanova, délégué général d'Armateurs de France, de 200 à 250 navires de commerce qui vont vers le Moyen-Orient sont contrôlés par des armateurs français tous les ans, « ce qui fait entre 800 et 900 passages dans la région par an »

Lire aussiTension en mer Rouge : après les missiles et les drones, les Houthis attaquent un tanker à l'aide d'un hydravion

Commentaires 11
à écrit le 19/12/2023 à 20:26
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Bonjour, Les missiles ont une centrale inertiel et un guidage GPS, à l etranger les routiers utilisent un brouilleur de téléphone pour éviter un missile ou autre arme antichar , le kit de guidage des missiles coûte 7000 euros le brouilleur 70 ,...

le 19/12/2023 à 20:36
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Les marins sont payés au lance pierre et n’étant pas des mercenaires ils n’ont aucune raison de risquer leur peau pour un patron. Même à 95% de taux de réussite pour ces brouilleurs c’est le salaire de la peur.

à écrit le 19/12/2023 à 19:36
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La façon la plus économique et humaine de régler ce problème est un cesser le feu à Gaza mais les USA préfèrent gonfler les muscles et entraîner leurs partenaires dans une opération qui n’est pas sans risque d’enlisement, demander aux Saoudiens.

à écrit le 19/12/2023 à 17:34
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Bonjour, une opération pour quoi faire... Bombardée des pays extrêmement pauvres qui sont manipulés par des puissances étrangères.... Maintenant, la route du pétrole passe par un autre chemin.... Bien sûr ils ne faut pas le dire..

à écrit le 19/12/2023 à 16:01
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Les exportations de la Chine vers l'Europe passant par la mer rouge et étant ainsi directement touchés d'une part, et la Chine ne participant pas à cette opération navale (et donc pas à son financement), la moindre des choses serait pour l'UE de mett...

le 19/12/2023 à 19:11
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vous y pensez pas il y a trop de boites européennes -néerlandaise-britannique-francaises etc -et donc d'interets privés/particuliers et d intermediaires en jeu pour faire payer quoique ce soit...sans compter les représailles chinoises ...

à écrit le 19/12/2023 à 9:34
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Bref ! Comme quoi, toute coalition mènent à la guerre... ! L'UE n'y échappera pas à l'exemple des précédentes !

à écrit le 19/12/2023 à 8:02
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"les Etats-Unis lancent une opération navale multinationale" Ben oui et facile en plus, ça a pris le temps d'un claquement de doigts à peu près..

le 19/12/2023 à 9:21
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….. et en plus les États Unis sont déjà sur place avec une base à Djibouti !

le 19/12/2023 à 16:04
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Merci aux USA de venir à notre secours, car le commerce des US ne passe pas du tout par la mer rouge !!! ils pourraient très bien nous laisser à notre problème économique !! (car c'est bien nous qui paierions le surcoût du contournement de l'Afrique ...

le 20/12/2023 à 9:10
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Non tout ce qui fait dysfonctionner leur économie les intéresse et c'est normal.

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