Azerbaïdjan-Arménie : deux diplomates français expulsés

Deux diplomates français ont été expulsés d'Azerbaïdjan ce mardi. Les relations entre les deux pays sont tendues : Bakou a accusé la France de « déstabiliser » le Caucase après avoir apporté son aide à l'Arménie.
Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, avait même accusé Paris de favoriser de « nouvelles guerres » en armant Erevan.

L'Azerbaïdjan a annoncé ce mardi l'expulsion de deux diplomates français pour des activités « incompatibles avec leur statut », dans un contexte de tensions entre les deux pays au sujet du soutien de Paris à l'Arménie.

L'ambassadrice de France, Anne Boillon, a été convoquée au ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères pour se faire notifier « une protestation ferme contre des actes de deux employés de l'ambassade de France incompatibles avec leur statut diplomatique », a indiqué la diplomatie azerbaïdjanaise dans un communiqué, sans plus de détails. Les deux diplomates doivent dès lors quitter l'Azerbaïdjan sous 48 heures, selon la même source.

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Tensions avec la France

Les relations avec la France ne sont guère au beau fixe. Ces derniers mois, l'Azerbaïdjan a accusé la France de « déstabiliser » le Caucase en apportant son aide à l'Arménie, rival de Bakou dont elle est un soutien historique. En novembre, le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, avait même accusé Paris de favoriser de « nouvelles guerres » en armant Erevan. La France, terre d'accueil d'une importante diaspora arménienne, s'est impliquée ces derniers mois dans la médiation entre ces deux anciennes républiques soviétiques, et a en outre affiché son soutien sans faille à l'Arménie. Dans ce contexte, le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a refusé de se rendre en octobre à un sommet européen à Grenade (Espagne) et de participer à une réunion avec le président français Emmanuel Macron, affirmant qu'il avait des positions biaisées en faveur des Arméniens.

Fin novembre, l'Azerbaïdjan a par ailleurs accusé la France, l'Allemagne et les Etats-Unis d'être impliqués dans le « financement illégal » d'un média d'investigation récemment visé par deux arrestations.

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Offensive éclair

L'Arménie et l'Azerbaïdjan entretiennent des relations conflictuelles, notamment à cause du Haut-Karabakh. Le 19 septembre, l'Azerbaïdjan attaque ce territoire séparatiste à majorité arménienne que Bakou et Erevan se disputent depuis plus de trois décennies. Cette enclave montagneuse, qui a proclamé unilatéralement son indépendance en 1991 après la chute de l'Union soviétique, avec le soutien de l'Arménie, a déjà été le théâtre de deux guerres entre les anciennes républiques soviétiques du Caucase (de 1988 à 1994 et à l'automne 2020). En 24 heures, les autorités du territoire, lâchées par Erevan, capitulent et un cessez-le-feu est conclu.

Après cette offensive éclair, qui a fait près de 600 morts, la majorité des 120.000 habitants fuient vers l'Arménie, alors que le Haut-Karabakh annonce sa dissolution au 1er janvier 2024.

Mi-novembre, la Cour internationale de Justice (CIJ), saisie par Erevan, a ordonné à Bakou de permettre un retour « en toute sécurité » des habitants du Haut-Karabakh.  Bakou et Erevan ont récemment annoncé leur volonté de normaliser leurs relations et assurent qu'un accord de paix pourrait être signé prochainement, mais les pourparlers n'avancent guère.

Azerbaïdjan : le président Aliyev candidat à sa réélection en 2024

Le parti au pouvoir en Azerbaïdjan a désigné vendredi l'actuel président Ilham Aliyev comme son candidat pour l'élection présidentielle prévue en 2024, laissant présager un prolongement de son règne autoritaire sur ce pays du Caucase.

Ilham Aliyev, 61 ans, dirige d'une main de fer le pays depuis 2003. A la tête de cette ex-république soviétique riche en hydrocarbures, il a succédé à son père, Heydar Aliyev, un ancien officier du KGB qui avait gouverné presque sans interruption de 1969 à 2003. En 2018, Ilham Aliyev avait été réélu sans surprise avec 86% des voix, après un scrutin entaché par de « graves irrégularités », selon des observateurs internationaux.

Ilham Aliyev a convoqué la semaine dernière une élection présidentielle anticipée le 7 février 2024. Le parti pro-présidentiel Yeni Azerbaïdjan (« Nouvel Azerbaïdjan ») l'a désigné vendredi pour être réélu, lors d'une réunion de son conseil de direction, a rapporté un journaliste de l'AFP. « Il s'agit d'une décision non seulement de notre parti mais aussi de tout le peuple », a affirmé durant la réunion le vice-président du parti Yeni Azerbaïdjan, Ali Ahmedov. « Durant ses vingt années au pouvoir, Ilham Aliyev a exaucé tous les souhaits de notre peuple », a-t-il ajouté.

L'élection était prévue en 2025, mais le président semble vouloir profiter de la réussite de son offensive éclair contre les séparatistes arméniens, qui lui a permis de reconquérir l'enclave du Haut-Karabakh en septembre. Quelque 75% des Azerbaïdjanais approuvent sa gestion de ce conflit, selon un sondage d'opinion du centre de recherche sociale du pays, une institution publique.

Le président a fait approuver par référendum en 2009 un changement de Constitution l'autorisant à effectuer un nombre illimité de mandats. Et un nouveau changement constitutionnel, en 2016, a étendu le mandat présidentiel à sept ans. La même année, il a nommé première vice-présidente sa femme Mehriban Alieva.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 27/12/2023 à 13:24
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Ce "conflit" est d'abord une guerre de religions; puis économique. Il résulte en grande partie de décisions de J Staline. Espérons que Staline 2 aboutisse à moins de situations potentiellement dangereuses.

à écrit le 27/12/2023 à 12:50
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Au fait, ça n'est pas l'Azerbaïdjan qui nous fournit en gaz et pétrole russes?

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