Des technologies européennes arrivent-elles en Russie via le Kazakhstan, l'Arménie et le Kirghizistan ? « Possible », selon le Cepii

Les onze premiers trains de sanctions économiques de l'Union européenne contre la Russie ont entraîné une « perte de marché limitée » pour les quelque 145.000 exportateurs français, indique le Cepii, centre de recherche placé auprès de la Première ministre, dans une note publiée ce lundi. A l'inverse, les entreprises ont bénéficié d'un regain d'activité vers le Kazakhstan, l'Arménie et le Kirghizistan, ce qui pourrait rendre inefficaces les sanctions
En valeur, les entreprises du transport ont dû digérer à elles seules près de la moitié des 4 milliards de pertes engendrées en France par les sanctions européennes.
En valeur, les entreprises du transport ont dû digérer à elles seules près de la moitié des 4 milliards de pertes engendrées en France par les sanctions européennes. (Crédits : Dado Ruvic)

Les entreprises françaises exportatrices n'ont pas senti le vent du boulet après les sanctions économiques prises par l'Union européenne contre la Russie.

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Moins de de 1% de la valeur des exportations françaises de 2021 (0,8%)

Selon le Cepii, centre de recherche placé auprès de la Première ministre, « l'ensemble des produits soumis aux sanctions correspond à moins de 1% de la valeur des exportations françaises de 2021 (0,8%), soit environ 4 milliards d'euros ».

Pour les exportateurs français, les conséquences des onze premiers trains de sanctions économiques de l'Union européenne se concentrent dans trois secteurs : les matériels de transport (dont l'aéronautique), la chimie et les machines. Parmi les 2.436 entreprises de l'Hexagone concernées par des restrictions à leurs exportations vers la Russie, on dénombre ainsi 809 firmes spécialisées dans les machines, 554 entreprises de la chimie et 206 professionnels des transports.

En valeur, les entreprises du transport ont dû digérer à elles seules près de la moitié des 4 milliards de pertes engendrées en France par les sanctions européennes. Mais les conséquences économiques de ces mesures de rétorsion ont été atténuées par « une déviation du commerce vers les pays voisins de la Russie », relèvent les auteurs de la note Charlotte Emlinger et Kevin Lefebvre, tous deux économistes au Cepii.

« Alors que les exportations françaises à destination de la Russie ont diminué de 52% entre 2021 et 2022, celles vers le Kazakhstan, l'Arménie et le Kirghizistan ont augmenté de 85%, 62% et 44% respectivement », constatent-ils.

Ces chiffres « interrogent l'efficacité des sanctions commerciales » de l'Union européenne. Les auteurs jugent en effet « possible » que le Kazakhstan, l'Arménie et le Kirghizistan « réexportent ce surplus de produits vers la Russie, lui permettant de garder l'accès aux technologies européennes malgré les sanctions censées » priver Moscou de cet accès. Ainsi, fin août, Annalena Baerbock, ministre fédérale allemande des Affaires étrangères, a fait part de sa contrariété face à l'impact moindre qu'escompté des multiples sanctions économiques occidentales contre la Russie.

Le commerce des diamants dans le viseur de la Commission européenne

Malgré tout, la Commission européenne a proposé mi-novembre un douzième paquet de sanctions liées à la guerre en Ukraine. Elle voudrait interdire dès janvier 2024 les importations de diamants en provenance de Russie. Moscou est en effet accusé de financer une partie de sa guerre contre l'Ukraine grâce à ce commerce, qui représente un chiffre d'affaires d'environ quatre à cinq milliards de dollars par an.

L'interdiction de l'UE concernera les diamants naturels ou synthétiques, et les bijoux, dès janvier 2024, et les diamants russes taillés dans d'autres pays à partir de septembre, selon cette proposition. La Belgique a levé ses réticences sur ces sanctions, décidées par les pays du G7, et proposé des solutions, notamment par le biais d'un système de traçage pour les rendre efficaces, sans pénaliser sa propre industrie, florissante à Anvers.

La question des sanctions prises à l'encontre du pétrole divise

L'UE cherche aussi à améliorer l'efficacité des sanctions prises à l'encontre du pétrole russe, et la Commission propose d'étendre ces sanctions au GPL, le gaz de pétrole liquéfié, au butane et au propane, utilisés notamment pour le chauffage. Elle n'a toutefois pas repris à son compte une demande du Parlement européen, qui souhaitait également une interdiction totale des importations de GNL, le gaz naturel liquéfié, beaucoup plus répandu dans l'UE. Les eurodéputés ont estimé nécessaire, mi-novembre, que l'Union européenne collabore avec les pays du G7 pour imposer une interdiction totale des importations russes de gaz naturel liquéfié (GNL). Selon un rapport publié fin août par l'ONG Global Witness, l'UE a augmenté de 40% ses importations de GNL au cours des sept premiers mois de l'année par rapport à la même période en 2021, pour une valeur de quelque 5,29 milliards d'euros, au bénéfice, dénoncent certains Etats membres, de la machine de guerre russe. Mais d'autres pays européens y sont plus réticents en raison du déséquilibre qu'une telle mesure pourrait provoquer sur le marché européen du gaz dont les prix pourraient alors

Ce douzième paquet de sanctions contient également une liste supplémentaire de 120 personnalités et entités russes que la Commission propose de sanctionner pour leur rôle dans la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine, selon un communiqué des services du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. D'autres mesures ciblent les entités et personnalités russes qui ont participé à l'organisation des élections non reconnues par la Communauté internationale dans les territoires ukrainiens actuellement occupés par l'armée russe, ceux responsables de la « rééducation » des enfants ukrainiens et enfin ceux qui se rendent coupables de désinformation et de propagande en soutien à la Russie.

L'Oréal maintient une « activité restreinte » en Russie

L'Oréal maintient une « activité restreinte  » en Russie, a indiqué samedi son directeur général Nicolas Hieronimus au micro de France Inter, alors que nombre d'entreprises étrangères ont quitté le pays depuis le début de la guerre en Ukraine. Le géant français des cosmétiques continue à faire fonctionner une usine qui fabrique notamment des shampooings et colorations, ainsi que des produits d'hygiène et des produits pour bébés. Ce « sont les produits essentiels du quotidien qui nous permettent de faire tourner un peu notre usine, de payer les salaires et de préserver la sécurité de nos employés en Russie », a poursuivi le PDG, « et c'est ça je crois qui nous permet aujourd'hui, je l'espère, d'éviter les saisies ou des actions qui pourraient être entreprises contre nos actifs et surtout contre nos employés. » L'Oréal n'est pas la seule entreprise française à être restée en Russie :  Auchan ou encore TotalEnergies y sont actifs, selon une liste établie par l'université de Yale.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 27/11/2023 à 9:06
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Oui donc ! Et tranquille hein... ^^

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