Brésil : l'arrivée de Lula au gouvernement compromise par une écoute téléphonique

L'ancien président, inculpé de blanchiment d'argent et de fraude par le parquet fédéral, a été nommé par sa dauphine Dilma Rousseff au poste de chef du secrétariat du gouvernement. Mais l'hypothèse d'une nomination destinée à éviter à Lula des poursuites judiciaires est accréditée par une conversation téléphonique révélée mercredi. Les manifestants redescendent dans la rue.
Dilma Rousseff a cependant expliqué que Lula rejoignait le gouvernement pour partager son expérience politique, notamment en matière de lutte contre l'inflation et de stabilité budgétaire.

Quelques jours après avoir été confrontée à des manifestations géantes à travers tout le pays, réclamant sa démission, Dilma Rousseff se retrouve encore plus en difficulté. De nouveaux rassemblements ont eu lieu mercredi 16 mars dans plusieurs villes pour protester contre la dernière décision de la présidente : celle d'intégrer Inacio Lula da Silva, prédécesseur de Dilma Roussef, au gouvernement.

La police a fait état de 2.500 manifestants rassemblés devant le palais présidentiel à Brasilia, la capitale, tandis qu'à Sao Paulo, une manifestation s'est formée sur la grande avenue Paulista. Plusieurs dizaines de parlementaires d'opposition ont interrompu une séance du Congrès pour réclamer la démission de Dilma Rousseff.

Lula toujours populaire auprès des classes défavorisées

La présidente a nommé mercredi Inacio Lula da Silva au poste de chef du secrétariat du gouvernement, selon un décret paru au Journal officiel. Cette nomination fournit à Lula, inculpé de blanchiment d'argent et de fraude par le parquet fédéral, une immunité à l'égard des instances judiciaires -à l'exception de la Cour suprême.

Dilma Rousseff a cependant expliqué que Lula rejoignait le gouvernement pour partager son expérience politique, notamment en matière de lutte contre l'inflation et de stabilité budgétaire, alors que, six ans après son départ, l'ancien président reste populaire auprès des classes défavorisées pour ses politiques sociales et de réduction des inégalités. La présidente a souligné que cette nomination ne préservait pas Lula de toute enquête et qu'il pouvait faire l'objet de poursuites de la part de la Cour suprême.

Une conversation téléphonique compromettante

Si la décision était déjà en elle-même susceptible d'irriter une partie de l'opinion publique, la colère de la population a été renforcée par la divulgation d'un enregistrement téléphonique accréditant, selon les opposants de Dilma Roussef, l'hypothèse d'une nomination destinée justement à éviter à Lula des poursuites judiciaires. Dans un document judiciaire rendu public mercredi, le juge fédéral Sergio Moro, qui supervise la vaste enquête pour corruption éclaboussant une partie de la classe politique, dont le Parti des travailleurs (PT) au pouvoir, fait état d'une conversation téléphonique montrant que Dilma Rousseff et Lula envisageaient de chercher à influencer le cours de son enquête. Dans un document publié sur le site internet de sa juridiction fédérale, il écrit:

"J'observe que, dans certains dialogues, ils parlent de, apparemment, chercher à influencer ou à obtenir une aide de la part de procureurs ou de tribunaux en faveur de l'ancien président".

Il ajoute qu'aucun élément ne permet d'affirmer qu'une tentative d'obstruction à la justice a effectivement eu lieu. Dans cet enregistrement rendu public par le tribunal, Dilma Rousseff propose aussi d'adresser à Lula une copie du décret portant sur sa nomination, "au cas où il serait nécessaire".

L'avocat de Lula a dénoncé la publication de cet enregistrement téléphonique, susceptible, selon lui, de provoquer une "convulsion sociale".

Rousseff et Lula accusés de malversations

Dilma Rousseff est elle-même vivement contestée, sur fond de récession économique et d'inflation. La présidente est par ailleurs menacée par une procédure de destitution au Congrès. Ses opposants l'accusent de manipulation des comptes publics pour favoriser sa réélection pour un second mandat de quatre ans en 2014.

Qu'il s'agisse du scandale de corruption autour de Petrobras , la compagnie pétrolière publique, ou de ces accusations sur la campagne présidentielle de 2014, Dilma Rousseff et Lula démentent toute malversation.

Commentaires 2
à écrit le 17/03/2016 à 13:53
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Comme c'est étrange, en Italie, il y a eut un autre Moro, Aldo, victime des brigades rouges fascistes de l'époque. Dans ce cas, on le sait maintenant, on -le monde entier complice- a maintenu la menace de la guerre froide -et donc du gel économique d...

à écrit le 17/03/2016 à 12:27
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Ah ah ah ! "La police a fait état de 2.500 manifestants rassemblés devant le palais présidentiel à Brasilia" Ca fait un peu lége non ? sur 200 Millions de brésiliens. et oui l'Empire n'arrivera pas a casser les BRICS comme ça Caremba encore raté ...

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