Brésil : la destitution de Dilma Roussef votée par les députés

Les députés favorables à sa destitution ont facilement réuni la majorité des deux tiers requise à la chambre basse du parlement. D'ici le 11 mai, il suffira d'un vote à la majorité simple des sénateurs pour que la présidente du Brésil soit formellement mise en accusation pour "crime de responsabilité" et écartée du pouvoir pendant 180 jours au maximum.
Cette bataille politique intervient alors que le Brésil est plongé dans sa plus grave récession économique depuis les années 1930.

Dilma Roussef se rapproche d'une sortie du pouvoir. La présidente brésilienne a perdu dimanche une bataille cruciale dans sa lutte pour son maintien à la tête du Brésil. Par une large majorité, les députés du pays ont, dans une ambiance survoltée, donné le feu vert à sa destitution, ce qui pourrait mettre un terme à 13 années de pouvoir du Parti des travailleurs (PT).

Alors que des milliers de partisans et d'adversaires de la présidente manifestaient séparément devant le Congrès à Brasilia, comme dans de nombreuses villes du Brésil, les députés favorables à sa destitution ont facilement réuni la majorité des deux tiers requise à la chambre basse du parlement. Dans le détail, le camp de la destitution l'a emporté par 367 voix, 25 de plus que les 342 requises pour autoriser le Sénat à mettre en accusation Dilma Rousseff. Seuls 137 députés, de gauche et d'extrême gauche pour l'essentiel, ont voté contre la destitution. Sept députés uniquement se sont abstenus et trois étaient absents.

D'ici le 11 mai, il suffira d'un vote à la majorité simple des sénateurs pour qu'elle soit formellement mise en accusation pour "crime de responsabilité" et écartée du pouvoir pendant 180 jours au maximum, en attendant un verdict final. Le vice-président Michel Temer, son ex-allié centriste et désormais rival, assumerait alors ses fonctions et formerait un gouvernement de transition.

Accusations de corruption

Accusée de maquillage des comptes publics en 2014, année de sa réélection, et en 2015 pour masquer l'ampleur de la crise économique, Dilma Rousseff nie avoir commis un crime dit "de responsabilité" et dénonce une tentative de "coup d'Etat" institutionnel. Elle avait annoncé qu'elle "lutterait jusqu'à la dernière minute de la seconde mi-temps".

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Au-delà de l'accusation de manipulation des comptes publics, son pouvoir a aussi été affaibli par la récession économique et par l'affaire Petrobras, un dossier de corruption présumée à grande échelle impliquant le puissant groupe pétrolier public. Ses partisans soulignent que le jeu d'écritures comptables qui lui est reproché est fréquemment utilisé par les élus au Brésil.

Une situation tristement historique

Cette bataille politique, qui intervient alors que le Brésil est plongé dans sa plus grave récession économique depuis les années 1930, a divisé ce pays de 200 millions d'habitants comme jamais depuis la fin de la dictature militaire en 1985.

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Héritière politique de l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, Dilma Rousseff est entrée dans l'histoire en 2011, en devenant la première femme présidente du Brésil. Elle risque à présent d'y rejoindre Fernando Collor de Mello, seul président brésilien à avoir été à ce jour destitué, pour corruption, en 1992.

(avec AFP et Reuters)

Commentaires 2
à écrit le 18/04/2016 à 8:34
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de la gestion gauche plurielle, de l'etat stratege, etc, etc on n'entend pas trop les neo keynesiens, sur ce coup la, c'est normal docteur?

le 18/04/2016 à 22:20
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quand le système du " tout marché " de la mondialisation néo libérale se sera effondré, lorsque le TAFTA aura donné sa pleine mesure on pourra un jour réentendre les néo keynésiens afin qu'ils nous permettent de retrouver la démocratie.

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