Ce micro-Etat du Pacifique pourrait ne plus reconnaître Taïwan, au bénéfice de la Chine

Les électeurs des Tuvalu ont voté vendredi pour choisir un nouveau gouvernement. Or, ce scrutin pourrait potentiellement remettre en jeu la reconnaissance de Taïwan par ce micro-Etat du Pacifique. Explications.
Simon Kofe, ministre des Affaires étrangères des Tuvalu, avait adressé un message fort à la COP26, les pieds dans l'eau.
Simon Kofe, ministre des Affaires étrangères des Tuvalu, avait adressé un message fort à la COP26, les pieds dans l'eau. (Crédits : Tuvalu Foreign Ministry)

A ce jour, seuls douze pays reconnaissent Taïwan comme un pays souverain. Après les élections qui se sont tenues ce vendredi aux Tuvalu, ils pourraient être onze. En effet, certains observateurs estiment que Pékin pourrait chercher à persuader ce micro-Etat du Pacifique à suivre la voie choisie la semaine dernière par Nauru. L'État insulaire d'Océanie a brusquement rompu ses liens avec Taipei la semaine dernière, et ce, afin de nouer des relations diplomatiques avec la Chine.

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Aux Tuvalu, le Premier ministre sortant Kausea Natano est largement considéré comme favorable à Taïwan. Son principal concurrent, Enele Sopoaga, ancien Premier ministre, a en revanche exprimé des inquiétudes sur un nouveau traité de sécurité avec l'Australie, ce qui laisse penser qu'il pourrait être enclin à un rapprochement avec Pékin.

Dans le détail, l'archipel du Pacifique, qui ne compte que quelques milliers d'électeurs inscrits, doit élire 16 députés. L'un d'entre eux devrait être choisi comme Premier ministre, chargé de former un gouvernement. Les résultats sont attendus vendredi soir mais, en l'absence de partis politiques formels, le processus de sélection d'un Premier ministre et des politiques gouvernementales pourrait prendre plus de temps.

Le Pacifique, zone d'influence

Pour la Chine, il s'agit aussi d'étendre son influence dans le Pacifique. A titre d'illustration, le pays et les Salomon ont signé en 2022 un vaste pacte de sécurité aux contours flous, faisant craindre aux Etats-Unis et à l'Australie voisine l'établissement d'une base militaire chinoise dans cet archipel du Pacifique. La Chine et les Salomon ont toutes deux nié cette éventualité, mais les détails de l'accord n'ont jamais été révélés.

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De son côté, l'Australie a proposé en novembre dernier offrir progressivement l'asile climatique aux quelque 11.000 citoyens des Tuvalu. Deux de ses neuf récifs coralliens ont déjà été engloutis et ce n'est qu'une question de temps - moins d'un siècle - avant que l'intégralité de son territoire devienne inhabitable, selon des experts.

Ce pacte peut représenter une victoire stratégique pour Canberra, qui entend renforcer son influence dans la région face à la présence accrue de la Chine. Le traité comporte notamment un volet défense, engageant l'Australie à venir en aide à Tuvalu en cas d'« agression militaire », mais aussi de catastrophe naturelle ou de pandémie.

Plusieurs alliés arrachés à Taïwan

Ces dernières années, Pékin a notamment arraché à Taipei plusieurs alliés latino-américains, comme la République Dominicaine ou le Nicaragua. Parmi les 12 Etats qui ont encore des relations diplomatiques avec Taïwan figurent le Vatican, l'Eswatini (ex-Swaziland), le Paraguay, des nations insulaires du Pacifique ou encore Haïti. Ces ralliements sont d'autant plus importants pour Pékin que le tout nouveau président de Taïwan, Lai Ching-te, rejette les revendications de la Chine sur l'île.

La seconde économie mondiale considère Taïwan, comme l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. L'Empire du Milieu s'est engagé à s'en emparer un jour, par la force si besoin.

La Chine dit privilégier une réunification « pacifique » avec l'île, où les quelque 23 millions d'habitants sont gouvernés par un système démocratique. Mais elle n'a jamais renoncé à employer la force militaire, notamment en cas de déclaration d'indépendance formelle de l'île.

L'élection présidentielle à Taïwan a été remportée début janvier par Lai Ching-te, du Parti démocrate progressiste (DPP), que la Chine qualifie de « séparatiste ». Pékin a prévenu, avant le jour du scrutin, que sa victoire apporterait « la guerre et le déclin » à Taïwan. Bien décidé à ne pas se faire oublier après les élections à Taipei, la Chine a intensifié sa pression militaire ces dernières années, déployant des avions de combat et des navires autour de Taïwan presque quotidiennement.

Lundi, le ministère taïwanais de la Défense a fait état d'un nombre record de six ballons chinois au cours du week-end, dont un volant directement au-dessus de l'île. Bien que Taïwan ne soit pas reconnue diplomatiquement par les Etats-Unis, Washington reste toutefois son allié le plus puissant et son principal fournisseur d'armes.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 26/01/2024 à 9:56
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Vous fatiguez pas à faire des articles sur les dirigeants de places d'évasions fiscales, vous pouvez être persuadés que rien de vrai n'est dit, tout est transformé selon les intérêts des uns et des autres. Un état off shore est un état qui a choisi d...

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