Présidentielle à Taïwan : l'Union européenne salue le résultat, un pied de nez à la Chine

L'UE s'est exprimée favorablement sur le résultat des élections présidentielles taïwanaises et a « félicité tous les électeurs ayant participé à cet exercice démocratique » après la victoire du Parti démocrate progressiste. La présidentielle a été marquée par une ingérence croissante de la Chine qui souhaitait favoriser un candidat plus favorable au rapprochement avec le continent et qui a réaffirmé que la réunification était inévitable.
Lai Ching-te, du Parti démocrate progressiste (DPP), a remporté l'élection présidentielle à Taïwan.
Lai Ching-te, du Parti démocrate progressiste (DPP), a remporté l'élection présidentielle à Taïwan. (Crédits : Reuters)

(Article publié samedi 13 janvier 2023 à 15h, mis à jour à 17h41)Pékin enrage, l'Union européenne applaudit. Bruxelles a « salué » samedi la tenue des élections présidentielle et législatives à Taïwan et a « félicité » dans un communiqué « tous les électeurs ayant participé à cet exercice démocratique », mais sans mentionner le président élu Lai Ching-te.

« L'UE reste préoccupée par les tensions croissantes dans le détroit de Taïwan et s'oppose à toute tentative unilatérale visant à modifier le statu quo », précise toutefois le communiqué du porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. « L'UE souligne que la paix et la stabilité dans le détroit sont essentielles à la sécurité et à la prospérité dans la région et dans le monde ». Faut-il y voir un message de crainte d'une augmentation des tensions dans la région après la défaite des candidats pro-Pékin?

Lire aussiElections : « Pour les Taïwanais, la situation de Hong Kong est un repoussoir absolu » (Jacques Gravereau, HEC Eurasia)

De leur côté, « Les Etats-Unis félicitent le docteur Lai Ching-te pour sa victoire à l'élection présidentielle à Taïwan. Nous félicitons également le peuple taïwanais pour avoir démontré une nouvelle fois la force de son système démocratique et de son processus électoral solides », a déclaré dans un communiqué le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken. Juste après, le président américain Joe Biden a néanmoins tenu à rappeler que « Nous ne soutenons pas l'indépendance ».

La Chine en revanche a ce affirmé samedi que le vote « n'entravera pas la tendance inévitable d'une réunification avec la Chine », a déclaré Chen Binhua, un porte-parole du bureau chinois responsable des relations avec Taïwan, cité par l'agence Chine nouvelle.

Le candidat opposé à Pékin élu

En début de soirée, le vice-président sortant Lai Ching-te, du Parti démocrate progressiste (DPP), était crédité de 40,2% des voix, selon ces résultats portant sur 98% des bureaux de vote, tandis que son principal opposant Hou Yu-ih, candidat du Kuomintang (KMT), avait obtenu 33,4% des votes.

Pour rappel, Lai Ching-te, du Parti démocratique progressiste (DPP), est vu par Pékin comme « un grave danger » car il est sur la même ligne que la présidente sortante, Tsai Ing-wen, qui clame que l'île est de facto indépendante. Depuis l'élection de cette dernière, en 2016, la Chine a coupé toute communication de haut niveau avec Taïwan, qu'elle considère comme une de ses provinces. La société taïwanaise avait , de plus, réitéré sa confiance au parti indépendantiste en 2020 en réélisant Tsai Ing-wen suite à la répression de Pékin sur Hong-Kong.

« En 2019, ils ont vu comment Pékin a pris le contrôle total de l'ex-colonie britannique par la répression, bafouant le principe "d'un pays et deux systèmes" selon la charte signée qui devait durer jusqu'en 2047. Ils n'ont pas du tout envie de se retrouver dans ce cas de figure. La situation à Hong Kong est un repoussoir absolu pour la société taïwanaise » expliquait vendredi à La Tribune Jacques Gravereau, fondateur de l'Institut HEC Eurasia.

Camouflet pour Pékin

La Chine espérait cependant faire gagner un des deux autres partis en lice, plus favorable à un rapprochement. Face à lui, Hou Yu-ih, candidat du Kuomintang (KMT), principal parti d'opposition, prônait en effet un rapprochement avec Pékin.

La victoire des démocrates indépendantistes est un sérieux revers pour la Chine. Et pour cause, Pékin entend reprendre l'île, si nécessaire par la force, estimant que c'est l'une de ses provinces qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.

Toute la semaine, Pékin a accentué sa pression diplomatique et militaire. D'abord en appelant les électeurs à faire « le bon choix » puis en affirmant que l'armée chinoise pourrait intervenir sur l'île. « L'Armée populaire de libération de Chine maintient une vigilance élevée à tout moment et prendra toutes les mesures nécessaires pour écraser fermement les tentatives d'indépendance de Taïwan sous toutes leurs formes », a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense, Zhang Xiaogang, dans un communiqué. Jeudi, cinq ballons chinois ont franchi la ligne médiane séparant l'île autonome de la Chine, selon le ministère taïwanais de la Défense, qui a aussi repéré dix avions et six navires de guerre. Samedi, des journalistes de l'AFP ont observé un avion de chasse chinois au-dessus de la ville de Pingtan, la plus proche de Taïwan. Et sur le réseau social chinois Weibo, le hashtag « Election à Taïwan » a été bloqué dans la matinée.

Le statut de Taïwan est l'un des sujets les plus explosifs de la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis, premier soutien militaire du territoire, et Washington a prévu d'envoyer une « délégation informelle » sur l'île après le vote. Washington ne reconnaît pas Taïwan comme un Etat et considère la République populaire de Chine comme seul gouvernement légitime, mais apporte néanmoins à l'île une aide militaire importante. Les Etats-Unis se disent en faveur d'un statu quo, selon eux garant de la paix. Vendredi, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a rencontré à Washington Liu Jianchao, à la tête de la division internationale du Comité central du Parti communiste chinois. Il lui a rappelé l'importance de « maintenir la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan ».

(Avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 14/01/2024 à 19:54
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Après ça viendra pleurnicher quand la Chine impose des sanctions.

à écrit le 14/01/2024 à 10:38
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Les chinois craignent surtout que des bases de missiles américaines à Taïwan( et déjà très présent dans le secteur Japon, Corée du sud ) soient déployés progressivement à seulement 180km de chez eux.Ce qu'on connu les américains avec la crise des mis...

à écrit le 14/01/2024 à 3:29
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@Valbel. Relisez l'histoire de la creation de Taiwan et revenez argumenter solidement. Vos connaissances historiques sont sommaires voire inexistantes.

à écrit le 14/01/2024 à 3:25
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Un pied de nez a la Chine ? A croire que vous voulez la guerre. En tout les cas, quand Beijing le voudra, elle envahira Taiwan et les amerloques ne pourront rien entreprendre pour une simple regle arithmetique. La Russie alliee implicite de la Chine....

à écrit le 13/01/2024 à 17:20
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Visiblement l'UE n'en loupe pas une pour maintenir "la tension" bien inutilement !

le 13/01/2024 à 17:26
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Démocratie; vous avez déjà entendu ce mot ?

le 13/01/2024 à 18:27
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@Bah - Vous considérez donc que Taïwan dont la population est celle des Pays-Bas et de la Suisse réunis n'a pas droit à l'autodétermination. Vous livrez facilement les Taïwanais au PCC staliniste de Xi Jin Ping. La Chine "eternelle" n'est pas à Peki...

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