Chômage des jeunes : un manque à gagner de près de 1.000 milliards d'euros

Le chômage des jeunes dans les pays développés représente un manque à gagner important. Si le gouvernement français s'est récemment félicité de la légère embellie des chiffres du chômage, de nombreux efforts restent à fournir pour atteindre le niveau de nombreux voisins européens en matière d'emploi pour les jeunes.
Grégoire Normand
Malgré des efforts consentis par le gouvernement, le chômage des jeunes en France s'élève encore à 24%.

Le chômage et l'inactivité des jeunes représentent un fléau pour l'économie. Selon un rapport du cabinet Pricewaterhousecoopers (PwC), les gains économiques dans les pays de l'OCDE pourraient s'élever à plus de 1.000 milliards de dollars (916 milliards d'euros) si le taux de chômage des jeunes et le taux de scolarisation enregistrés dans les pays de l'OCDE étaient semblables à celui de l'Allemagne.

Un indice des jeunes travailleurs

Pour en arriver à de telles conclusions, le cabinet a construit un indice sur les jeunes travailleurs (Young Workers Index)*, qui agrège huit indicateurs relatifs au marché du travail et à l'éducation. A partir des résultats obtenus, les experts établissent un classement ainsi qu'une estimation des potentiels gains économiques pour chaque pays.

Au regard des résultats obtenus, il apparaît que la Suisse, l'Allemagne et l'Autriche dominent le classement depuis 2011. La France est plutôt mauvaise élève en se classant à la 26ème place en 2015. Dans le bas du tableau, figurent l'Italie, la Grèce et l'Espagne.

indice jeunes travailleurs

Le tableau présente le score réalisé par les pays de l'OCDE pour l'indice "jeunes travailleurs". Les zones en vert représentent les pays les plus performants. A l'inverse, les pays en orange ou rouge affichent des performances moindres. Source : PwC

Les progressions les plus notables entre 2006 et 2015 concernent Israël (de la 34ème place à la 9ème), le Luxembourg (27ème à la 16ème) et l'Allemagne (de la 9ème à la seconde). A l'inverse, les régressions les plus remarquables concernent le Portugal (23ème à la 32ème), l'Espagne (20ème à la 33ème) et l'Irelande (8ème à la 29ème). Quant à la France, elle est passée de la 28ème à la 26ème place.

Des gains potentiels de croissance

A partir des résultats obtenus sur l'indice, PwC a estimé les potentiels gains économiques réalisables pour chaque pays si le taux Neet (*) des jeunes sans emploi et déscolarisés était similaire à celui de l'Allemagne. En 2015, ce taux s'élevait à 9,3 % en Allemagne pour les 20-24 ans selon les données de l'OCDE. Dans le graphique ci-dessous, il apparaît que les pays qui étaient en bas de tableau dans le classement précédent ont un fort potentiel économique à l'image de la Turquie, l'Italie et de la Grèce. A l'inverse, les Pays-bas, l'Autriche ou la Suède ont un bien plus faible potentiel économique.

taux neet

Le graphique ci-dessus présente les potentiels gains économiques réalisables par les pays développés si le taux de chômage et le nombre de jeunes déscolarisés étaient semblables à l'Allemagne. Source : PwC

Pour la France, le gain potentiel pour le PIB est estimé à 2,8% et 65 milliards de dollars (59 milliards d'euros). Evidemment, cette estimation doit être considérée dans une approche à long terme comme le souligne le cabinet. Par ailleurs, le rapport est éclairant sur la position de l'Allemagne par rapport à la France qui semble à la peine. Si les jeunes Allemands subissent des situations précaires sur le marché du travail, le chômage pour cette catégorie est l'un des plus faibles des pays développés.

Pourquoi de telles difficultés en France ?

Le chômage des jeunes en France est préoccupant. Dans une note du Conseil d'Analyse économique publiée en 2013, les experts soulignent que près d'un million de jeunes sont à la dérive en France.

"Cette situation désastreuse prévaut depuis près de 30 ans sans qu'aucune politique, aucun plan pour l'emploi, ne soit parvenu à l'améliorer. Pourtant, l'expérience étrangère, en Europe ou ailleurs, démontre qu'il n'y a aucune fatalité : pour améliorer la situation des jeunes, il faut cibler les moyens sur ceux qui sont en difficulté et combattre de manière massive les vraies barrières."

Les économistes soulignent également les difficultés pour les non diplômés d'accéder au marché du travail et recommandent pour cela de prendre à bras-le-corps :

  • les insuffisances de l'enseignement professionnel, trop difficile d'accès pour les jeunes non qualifiés
  • la faiblesse de l'accompagnement vers l'emploi des jeunes les moins qualifiés. Pour trouver un emploi ou une formation, un jeune sans qualification a besoin d'être financé, suivi et conseillé de façon intensive. De nombreux pays étrangers consacrent des moyens considérables à cette activité. Ce n'est pas le cas de la France.

Si le gouvernement socialiste a fait des efforts dans certains domaines pour l'emploi des jeunes, le défi est loin d'être résolu pour une population qui connaît encore un taux de chômage de 24%.

(*) Young workers index : c'est un indice qui mesure la manière dont les pays de l'OCDE développent le potentiel économique des jeunes travailleurs dans le temps. Il est construit à partir de la moyenne pondérée de huit indicateurs qui reflètent le niveau du marché du travail et la scolarisation des personnes âgées entre 15 et 24 ans.

(**)Neet rate : c'est un taux utilisé par Eurostat et l'OCDE qui permet de mesurer la part des jeunes sans emploi, et hors du système scolaire dans chaque pays développé.

Grégoire Normand
Commentaires 4
à écrit le 27/10/2016 à 18:51
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Raisonnons comme le medef. 4.287 millions de jeunes de -de 25 ans au chômage (chiffres eurostat avril 2016), c'est 4.287 millions de salaires en moins à verser, de cotisations sociales à payer etc etc... En plus les jeunes, il faut les former, ca ...

à écrit le 27/10/2016 à 14:58
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"les experts soulignent que près d'un million de jeunes sont à la dérive en France". Soit ,dix ans de faible natalité pour Allemagne, rien sur ce sujet d'ailleurs dans l'article ,étonnant.

à écrit le 27/10/2016 à 14:20
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Hé oui mais le chômage c'est important pour les multinationales et leurs actionnaires milliardaires ça permet de tirer les salaires vers le bas et donc d'augmenter leurs si importantes marges bénéficiaires.

à écrit le 27/10/2016 à 13:11
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Parce que le chômage des moins jeunes et des plus vieux n'a pas d'incidence, je présume ? Rien que le titre de l'article hurle au populisme et à la manipulation :-)

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