Les chiffres donnent des frissons dans le dos. Avec plus de deux millions de cas de coronavirus recensés la semaine dernière, l'Europe (dans la définition de l'OMS) enregistre un triste record. C'est "le plus grand nombre de cas enregistrés en une seule semaine dans la région depuis le début de la pandémie", a déclaré aux le patron de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus. La définition de l'Europe est pour le moins très large pour l'OMS puisqu'elle englobe la Russie, et certains pays d'Asie centrale comme le Kazakhstan ou l'Ouzbékistan...
Selon les calculs de l'AFP, établi à partir de sources officielles, il y a eu 2.125.775 contaminations la semaine dernière. Jusqu'ici, le plus grand nombre de cas avait été enregistré l'an dernier, entre le 2 et le 8 novembre 2020, avec près 1.988.507 cas en sept jours.
L'Europe est à nouveau le continent l'épicentre de la pandémie. La hausse actuelle est portée notamment par cinq pays qui représentent à eux seuls plus de 50% des nouveaux cas hebdomadaires: la Russie, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Turquie et l'Ukraine.
Concernant l'Union européenne cette fois, l'agence européenne chargée des maladies, l'ECDC, a considéré la situation comme "très inquiétante" dans dix pays et "inquiétante" dans dix autres. Parmi les 27, la Belgique, la Pologne, les Pays-Bas, la Bulgarie, la Croatie, la République Tchèque, l'Estonie, la Grèce, la Hongrie et la Slovénie sont dans la catégorie de préoccupation la plus élevée. Dans les pays figurant dans la catégorie "inquiétante", on trouve l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark, la Finlande, l'Irlande, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, la Roumanie et la Slovaquie. Trois pays sont dans la catégorie "inquiétude modérée" (France, Portugal, Chypre) tandis que quatre pays sont en inquiétude faible (Italie, Espagne, Suède et Malte).
Face à cette nouvelle vague, Tedros Adhanom Ghebreyesus a demandé de veiller à ce que les vaccins soient administrés à ceux en ayant le plus besoin.
"Il ne s'agit pas seulement de savoir combien de personnes sont vaccinées. Il s'agit de savoir qui est vacciné (...). Il est absurde d'administrer des rappels à des adultes en bonne santé ou de vacciner des enfants alors que les personnels de santé, les personnes âgées et d'autres groupes à risque dans le monde attendent toujours leur première dose", a-t-il déclaré."
Un scandale qui doit cesser
De nombreux pays offrent actuellement une dose supplémentaire à leur population déjà vaccinée, malgré les demandes répétées de l'OMS en faveur d'un moratoire sur les rappels jusqu'à la fin de l'année afin de fournir des doses aux pays les plus pauvres.
"Chaque jour, il y a six fois plus de rappels administrés dans le monde que de doses primaires dans les pays à faible revenu", a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus : "C'est un scandale qui doit cesser".
Michael Ryan, directeur du Programme d'urgence sanitaire de l'OMS, a souligné de son côté que l'augmentation des cas ne se traduira pas par une forte hausse des hospitalisations et des décès dans les pays ayant une couverture vaccinale élevée. Il a cité une étude britannique montrant qu'une personne non vaccinée avait 32 fois plus de risques de mourir qu'une personne vaccinée.
Les systèmes de santé pourraient cependant rapidement être sous pression si des groupes importants de populations vulnérables restent non vaccinées.
L'Autriche veut confiner les non-vaccinés
En attendant, les restrictions sanitaires réapparaissent. En Autriche, le chancelier autrichien a annoncé vendredi un projet de confinement national des personnes non vaccinées ou ne disposant pas d'un certificat d'anticorps tandis que la capitale Vienne va commencer à vacciner les 5-11 ans, une première dans l'Union européenne.
Cette série de mesures intervient alors que le pays enregistre un nombre record de nouvelles contaminations au Covid-19.
"L'objectif est clair: nous voulons donner le feu vert à un confinement national pour les personnes non vaccinées", a déclaré Alexander Schallenberg lors d'une conférence de presse.
Il n'a pas précisé la date d'entrée en vigueur de la mesure, qui doit d'abord recevoir l'aval du Parlement dimanche.
Près de 65% de la population a reçu les deux doses de vaccin en Autriche, un taux "honteusement bas", selon le Chancelier. Il est en effet inférieur à la moyenne européenne de 67% et très loin de pays comme l'Espagne (79%) ou la France (75%).
Les régions de la Haute-Autriche (nord) et celle de Salzbourg (ouest), parmi les plus affectées, introduiront d'ores et déjà ce confinement à partir de lundi. Concrètement, les personnes concernées n'auront pas le droit de quitter leur domicile sauf pour faire leurs courses, du sport ou pour des soins médicaux. Selon le chancelier, des contrôles "inopinés" seront effectués.
Le gouvernement était réticent à prendre une telle mesure, a précisé Alexander Schallenberg, mais n'a eu d'autre choix face à la rapide détérioration de la situation: plus de 10.000 nouveaux cas sont actuellement enregistrés chaque jour dans ce pays de 9,8 millions d'habitants. Autre annonce vendredi, la vaccination du personnel de santé va devenir obligatoire.
De son côté, le maire de Vienne Michael Ludwig a dévoilé dans un communiqué de nouvelles mesures "pour endiguer le dangereux développement" du virus dans la capitale. Dès lundi, les enfants de cinq ans et plus pourront recevoir le sérum Pfizer-BioNTech dans un des centres de vaccination de la ville. Une décision inédite dans l'UE, alors que l'Agence européenne des médicaments (EMA) n'a pas encore donné son aval.
Les pays membres ont cependant le droit d'utiliser des produits non autorisés pour répondre à une urgence de "santé publique", a expliqué à l'AFP un porte-parole du régulateur.
Dans d'autres pays, les restrictions réapparaissent
(avec AFP)