Les agriculteurs polonais menacent de bloquer la frontière avec l'Allemagne pour protester contre les produits ukrainiens

Les agriculteurs polonais vont bloquer à partir de dimanche un important poste frontalier avec l'Allemagne, ont-ils annoncé vendredi. Pour tenter d'apaiser les tensions, le Premier ministre ukrainien va se rendre à la frontière polonaise, au cœur des tensions.
Pour rappel, les agriculteurs polonais bloquent différents points de passage de la frontière empêchant des camions ukrainiens de passer, depuis le 9 février dernier.
Pour rappel, les agriculteurs polonais bloquent différents points de passage de la frontière empêchant des camions ukrainiens de passer, depuis le 9 février dernier. (Crédits : Reuters)

[Article publié le vendredi 23 février à 13h51, mis à jour à 17h14] La tension à la frontière entre la Pologne et l'Ukraine n'est pas redescendue. Ce vendredi, les agriculteurs polonais ont annoncé un blocage pendant 24 heures à partir de dimanche d'un important poste frontalier avec l'Allemagne pour protester contre des régulations européennes et les importations des produits qu'ils jugent non conformes aux normes de l'UE.

« Le poste frontalier de Slubice sur l'autoroute A2 (qui relie Varsovie à Berlin, ndlr) sera bloqué de 13h dimanche à 13h lundi », a déclaré à l'AFP Dariusz Wrobel, un des organisateurs du mouvement. « Nous protestons contre le Pacte vert européen qui est inacceptable sous sa forme actuelle, et contre les importations des produits agro-alimentaires non conformes aux normes européennes, en provenance des pays hors UE », a-t-il ajouté, refusant d'évoquer nommément l'Ukraine, pourtant première visée par les fermiers.

Ce vendredi en fin de matinée, la police locale a aussi rapporté que des inconnus avaient une nouvelle fois déversé des céréales ukrainiennes sur la voie ferrée du côté polonais de la frontière entre les deux pays.

« Vers 8h30 nous avons été informés que du blé avait été déversé de deux wagons d'un train en arrêt sur une voie auxiliaire, au village Okopy Kolonia, près de Dorohusk », a indiqué à l'AFP Ewa Czyz, porte-parole de la police de Chelm, ajoutant que des agents avaient été envoyés sur place.

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Un « crime » pour Kiev

Oleksandre Koubrakov, le ministère ukrainien des Infrastructures a aussitôt dénoncé ce « crime » et appelé Varsovie à en punir les coupables. Le ministre a aussi précisé que « des inconnus ont endommagé des graines de colza dans trois wagons céréaliers ». D'après ses informations, « la cargaison transitait par la Pologne à destination de Hambourg, en Allemagne ». « Je ne peux que constater que des crimes impunis continuent à se répéter. (...) Les criminels doivent être retrouvés et punis immédiatement afin que d'autres ne soient pas tentés de recommencer », a par ailleurs dénoncé le ministre, sur Facebook. Par ailleurs, les chemins de fer ukrainiens, « préparent une requête sur l'incident à l'intention des forces de l'ordre polonaises », a-t-il ajouté. Du blé ukrainien a plusieurs fois été déversé sur la route et sur les rails par les agriculteurs en colère. Ce qui a provoqué de vives réactions à Kiev et à Varsovie.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a même interpellé le Président du Conseil européen, Charles Michel, jugeant le blocus de la frontière par des agriculteurs polonais « absolument inacceptable ». De son côté, le Premier ministre polonais Donald Tusk a annoncé que la Pologne allait inscrire les points de passage avec l'Ukraine sur la liste des « infrastructures critiques ». Objectif, éviter des perturbations pouvant toucher l'acheminement des aides militaires et humanitaires. « Pour assurer une garantie 100% que les aides militaires (...), humanitaire et médicale arriveront sans retard en Ukraine, les passages frontaliers avec l'Ukraine, certaines routes et voies ferrées seront inscrits sur la liste des infrastructures critiques », a déclaré aux journalistes Donald Tusk.

Le Premier ministre ukrainien se rend à la frontière polonaise

Par ailleurs, le dirigeant a confirmé qu'une réunion sur le sujet entre les gouvernements polonais et ukrainien se tiendra le 28 mars, à Varsovie. Il a assuré que les entretiens politiques entre les ministres des deux pays « se tiennent sans arrêt » et que lui-même restait « en contact permanent » avec son homologue ukrainien.

En attendant cette réunion, le Premier ministre ukrainien et des membres de son gouvernement vont se rendre vendredi à la frontière avec la Pologne pour tenter d'apaiser la situation. « Nous sommes prêts à faire des propositions, à prendre des décisions, à faire des pas les uns vers les autres », a déclaré Volodymyr Zelensky, ajoutant ne pas savoir « si la partie polonaise sera là ou non ».

Blocus des paysans polonais

Ce n'est pas la première fois qu'un groupe agriculteurs polonais entreprend ce genre d'action. Mardi dernier, au poste-frontière de Medyka, des paysans polonais ont déversé du blé ukrainien, extrait de deux wagons de marchandises sur les rails. Une banderole pro-Poutine a même été déployée dans le sud de la Pologne, ce qui n'a pas manqué de susciter la polémique côté ukrainien. Pour rappel, les agriculteurs polonais bloquent différents points de passage de la frontière (six, selon le dernier comptage du ministre ukrainien des Infrastructures),Lire aussiPologne : ce pays qui n'arrive pas à juguler l'inflation

De leurs côtés, les Etats membres de l'UE ont approuvé mercredi la reconduction de l'exemption des droits de douane pour les importations agricoles ukrainiennes, mais assortie de « mécanismes de sauvegarde » renforcés pour limiter leur impact. Pas sûr que cela suffira à calme la protestation des agriculteurs polonais.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 23/02/2024 à 14:28
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Avant, ça allait où, tout ça ? Les anciens clients se rattrapent chez qui ? La Russie qui brade ses céréales ? Sinon on pourrait ne servir que de transit pour livrer tout ça où il faut (un changement dans les circuits de transport vu les blocages mar...

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