Bourse : l'horizon s'assombrit sur les marchés

Alors qu'elles se sont maintenues à des niveaux élevés cet été malgré la hausse des taux et des signes de ralentissement de la croissance, les Bourses américaines et européennes finissent par fortement reculer en cette rentrée. En cause, les craintes d'une dégradation des résultats des entreprises au troisième trimestre. Décryptage
Maxime Heuze
Les investisseurs s'inquiète d'une éventuelle récession en Europe ou aux Etats-Unis dans les prochains mois, ce qui pourrait nuire aux marges des entreprises.
Les investisseurs s'inquiète d'une éventuelle récession en Europe ou aux Etats-Unis dans les prochains mois, ce qui pourrait nuire aux marges des entreprises. (Crédits : RALPH ORLOWSKI)

L'atmosphère est tendue dans les salles de marché. Après la journée noire d'hier, le CAC n'est pas parvenu, malgré de nombreuses tentatives en séance, à revenir ce mercredi en clôture au-dessus du seuil symbolique des 7.000 points. Et pour cause. Après un été finalement résilient sur les actions, avec un indice parisien oscillant entre 7.100 et 7.500 points, le marché semble finalement frappé d'une double peine : d'abord les mauvais chiffres économiques en zone euro, ensuite, l'économie américaine tarde à donner des signes de ralentissement, contraignant la Réserve fédérale à maintenir dans la durée sa politique monétaire restrictive.

Le CAC 40 a ainsi baissé de 3 % depuis le 1er septembre. Une baisse qui pourrait se poursuivre. « Nous sommes très inquiets car les valorisations boursières ne reflètent pas la réalité économique » prévient Raphaël Thuin, directeur des stratégies des marchés de capitaux chez Tikehau capital.

Pour lui, « le marché est trop cher, en Europe et encore davantage aux Etats-Unis et les attentes des investisseurs sur les profits à venir des entreprises sont très optimistes ».

Mais les investisseurs pourraient être déçus lors de la publication des prochains résultats des entreprises. Et c'est vers la fin de ce déni de réalité que les marchés commencent à s'orienter.

La crainte d'un maintien des taux hauts

Preuve de la nouvelle nervosité des investisseurs, la volatilité est revenue sur les actions. Il aura suffit d'un bon chiffre sur l'emploi américain pour faire perdre au CAC 40 sur 1% sur la séance de mardi, selon ce principe bien rodé du « good news is bad news ». Ce chiffre, qui fait craindre une résilience de l'inflation, a surtout engendré une flambée des taux longs, comme le taux à 10 ans américain qui a atteint, mardi, 4,8%, soit son plus haut depuis 2007. Une hausse obligataire qui a pesé à son tour sur les marchés actions.

Lire aussiLa hausse brutale des taux sur les marchés obligataires menace le budget français

« (La hausse du rendement du 10 ans américain) montre un changement d'anticipation des marchés sur les perspectives de taux directeurs, qui se rendent compte que ces taux pourraient rester élevés plus longtemps que prévu », analyse Alexandre Hezez, directeur de la Gestion Financière chez Richelieu gestion.

Jusqu'ici, les marchés « sont restés dans un état euphorique car les entreprises affichaient toujours des profits importants », ajoute le banquier. Mais cela pourrait vite changer.

 Le spectre de la récession inquiète

« Maintenant le marché se demande si les banques centrales ne vont pas maintenir une politique monétaire trop stricte trop longtemps et nous emmener en récession », s'inquiète même Alexandre Hezez. L'indice PMI composite qui s'est établi à 44,1 en septembre en France, affiche sa « plus forte contraction depuis novembre 2020 », alerte S&P global.

Hausse des coûts dus à une inflation toujours au dessus de 2% et baisse des ventes dues à une activité économique en berne, voilà un effet ciseau qui pourrait faire baisser les marges des sociétés européennes et américaines et miner le moral des investisseurs.

Ces derniers chiffres « sont une douche froide pour les investisseurs qui anticipaient, il y a quelques mois encore, un retour en force de l'activité économique en 2024 », regrette Raphaël Thuin qui prévient « que cette baisse de l'activité économique ne se voit pas encore dans les résultats d'entreprises mais cela devrait bientôt arriver ».

Il faudra donc attendre les résultats du deuxième semestre, pour savoir si l'inquiétude des marchés est confirmée, ou non.

Maxime Heuze

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Commentaires 2
à écrit le 05/10/2023 à 8:20
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Pauvres riches !

à écrit le 04/10/2023 à 19:53
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Les entreprises ont profité de l'inflation pour augmenter considérablement leur marge ...

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