Egis se positionne déjà sur l'immense marché de la reconstruction de l'Ukraine

Président du conseil d'entreprises France-Ukraine du Medef International en plus d'être directeur général d'Egis, Laurent Germain pense déjà à l'après-guerre. Lors de la présentation des résultats annuels ce 31 mars 2022, le patron de la société spécialisée dans le conseil, l'ingénierie et l'exploitation des infrastructures en France et à l'international rêve déjà de jours meilleurs à Kiev... comme à Washington.
César Armand
Egis, implanté en Ukraine depuis plusieurs années, et qui opère notamment plusieurs usines de traitement de l'eau à Marioupol, pourrait être un acteur important de la reconstruction de l'Ukraine, alors que les dégâts engendrés par la guerre, au 16 mars, étaient chiffrées à hauteur de 100 milliards de dollars, selon la présidence ukrainienne.
Egis, implanté en Ukraine depuis plusieurs années, et qui opère notamment plusieurs usines de traitement de l'eau à Marioupol, pourrait être un acteur important de la reconstruction de l'Ukraine, alors que les dégâts engendrés par la guerre, au 16 mars, étaient chiffrées à hauteur de 100 milliards de dollars, selon la présidence ukrainienne. (Crédits : ALEXANDER ERMOCHENKO)

C'est une privatisation plutôt passée inaperçue il y a six mois. En septembre 2021, le gestionnaire d'actifs Tikehau Capital faisait l'acquisition d'une part substantielle du capital d'Egis, la filiale de la Caisse des Dépôts et des Consignations (CDC) spécialisée dans le conseil, l'ingénierie et l'exploitation des infrastructures en France et à l'international.

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A date, la CDC ne détient plus que 34% de l'entreprise contre 40% pour Tikehau Capital, pendant que les managers et les salariés en conservent 26%. Tant est si bien qu'Egis reste au 20ème rang mondial tant dans le conseil et l'ingénierie en matière de transport, de ville durable, d'eau et d'énergie, que dans l'exploitation et les services à la mobilité (exploitation des infrastructures, mobilités et services, Ndlr).

Un DG engagé sur les questions franco-ukrainiennes au Medef

Interrogé ce 31 mars 2022 par La Tribune lors de la présentation des résultats annuels, le directeur général d'Egis maintient pourtant son objectif d'intégrer le top 10 d'ici à 5 ans. Laurent Germain en veut pour preuve que le chiffre d'affaires 2021 a augmenté de 9% par rapport à 2020 et que son carnet de commandes a progressé de 16% sur la même période. Son résultat net n'atteint « que » 40 millions d'euros, mais son free cash flow est, lui, de 93 millions d'euros, ajoute-t-il.

L'activité réalisée à l'international continue de tirer le groupe avec 62% du chiffre d'affaires. Malgré un contexte économique bousculé et géopolitique incertain depuis le 24 février et le début d'une guerre aux portes de l'Union européenne, Laurent Germain, qui est aussi président du conseil d'entreprises France-Ukraine du Medef International, pense déjà à l'après-conflit.

« Pour la reconstruction du pays, nous serons un acteur-clé »

« Pour la reconstruction du pays, les bâtiments et les infrastructures, nous serons un acteur-clé », déclare le directeur général d'Egis.

Et le potentiel pourrait être énorme au regard des destructions massives infligées par les Russes. Le 16 mars dernier, le principal conseiller économique de la présidence ukrainienne, Oleg Oustenko, estimait que l'invasion de son pays par la Russie avait déjà provoqué au moins 100 milliards de dollars de dégâts.

Aujourd'hui, l'Ukraine ne représente que 9 millions d'euros sur le 1,16 milliard d'euros de chiffre d'affaires 2021, mais Egis s'y présente comme le premier ingénieriste entre le métro de Kharkiv, des usines de traitement de l'eau à Marioupol ou encore la supervision de routes. Le pays victime de l'invasion russe est aussi la plateforme de développement d'Egis pour toute l'Asie Centrale.

Aussi, avant même le début des hostilités, Laurent Germain affirme avoir décidé de rapatrier ses 170 salariés français et locaux qui voulaient et/ou pouvaient quitter l'Ukraine. Certains sont désormais logés à Varsovie et à Bucarest avec leur famille. D'autres ont été relocalisés à l'Ouest - moins exposé à la guerre -. Tous ont été payés en février et en mars, et le seront en avril, assure encore le directeur général d'Egis.

Rêver à des jours meilleurs aux Etats-Unis

Cette guerre n'empêche pas Laurent Germain de rêver à des jours meilleurs et notamment ailleurs sur le globe. En mars 2021, le président américain Joe Biden était sur le point d'annoncer son projet d'investissements massifs dans les infrastructures baptisée « Build Back Better ». Une enveloppe de 3.000 à 4.000 milliards d'euros ciblant la rénovation du réseau routier, des transports ferroviaires, des réseaux d'assainissement, du réseau Internet ainsi que de la distribution énergétique, dont 500.000 bornes de recharge pour véhicules électriques.

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Bref, le « Graal » pour tout acteur international spécialisé dans le conseil, l'ingénierie et l'exploitation des infrastructures. Il y a un an, lors de la présentation des résultats annuels 2020, Laurent Germain s'était ainsi déclaré prêt à mettre sur la table « plusieurs centaines de millions d'euros » pour acheter « une cible dimensionnante » permettant à Egis d'être davantage présent outre-Atlantique.

« Le rêve américain existe toujours », explique-t-il désormais à La Tribune. « Nous sommes toujours à la recherche d'une acquisition nous permettant de nous implanter. Ce n'est pas simple car le marché est très dynamique, les acquisitions se font plus chères et nous ne sommes pas les seuls à regarder. Nous devons encore trouver le bon partenaire et le payer à un prix raisonnable », poursuit le directeur général d'Egis.

Après avoir réalisé 12 acquisitions en 2021 - 17 depuis sa nomination en avril 2020 -, Laurent Germain ne compte pas s'arrêter là. Il n'a consommé « que » 40% de l'enveloppe prévue à cet effet, mais il pourra toujours « faire plus ». Aussi écarte-t-il d'emblée toute cession. « Nous sommes plutôt dans l'optique de renforcer la palette des compétences », dit-il encore.

César Armand
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