Élections en Serbie : la Russie accuse l'Occident de chercher à « déstabiliser » la situation après des manifestations

Moscou accuse l'Occident de chercher à déstabiliser la situation en Serbie. Des manifestations ont éclaté suite aux élections législatives qui sont vivement contestées dans le pays et sur la scène internationale.
Le président nationaliste serbe Aleksandar Vucic, dont le parti a été déclaré vainqueur des législatives du 17 décembre, a affirmé que deux policiers avaient été « grièvement blessés » pendant la manifestation.
Le président nationaliste serbe Aleksandar Vucic, dont le parti a été déclaré vainqueur des législatives du 17 décembre, a affirmé que deux policiers avaient été « grièvement blessés » pendant la manifestation. (Crédits : JOHANNA GERON)

[Article publié le lundi 25 décembre 2023 à 11h27 et mis à jour à 14h04]. La tension monte en Serbie. La Russie a accusé lundi l'Occident de chercher à « déstabiliser » la situation dans le pays, où des manifestants contestant les résultats des récentes législatives ont attaqué la veille la mairie de Belgrade. « Il est évident que l'Occident collectif cherche à déstabiliser la situation dans le pays », a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, citée par l'agence publique RIA Novosti, en comparant les manifestations en Serbie à celles du Maïdan à Kiev, qui ont abouti à l'arrivée au pouvoir de pro-Occidentaux en Ukraine début 2014.

« Les tentatives de forces tierces, y compris depuis l'étranger, de provoquer de tels troubles à Belgrade sont évidentes », lui a fait écho le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors de son point de presse quotidien. Il a toutefois estimé que « ce qui se passe est exclusivement l'affaire interne de la Serbie ».

La Russie « ne s'est jamais ingérée et n'a pas l'intention de s'ingérer dans les affaires internes de qui que ce soit, surtout de son alliée, la Serbie », a-t-il souligné.

« Tout le mécontentement et les tentatives de déstabiliser le pouvoir de Vucic sont liés avant tout à sa volonté ferme de ne pas rejoindre les sanctions antirusses » décrétées par les Occidentaux, a assuré de son côté l'ambassadeur russe à Belgrade, Alexandre Botsan-Khartchenko. Pour rappel, Moscou et Belgrade entretiennent des relations historiques et la Serbie, qui aspire à rejoindre l'UE, avait condamné aux Nations unies l'assaut russe de l'Ukraine, tout en refusant de prendre part aux sanctions contre Moscou.

Manifestation

Les récentes élections en Serbie provoquent, en effet, le trouble. Des manifestants ont attaqué la mairie de la capitale dimanche, brisant des fenêtres à coups de pierres, avant d'être repoussés par la police. Le président nationaliste serbe Aleksandar Vucic, dont le parti a été déclaré vainqueur des législatives du 17 décembre, a affirmé que deux policiers avaient été « grièvement blessés » pendant la manifestation, tandis que plus de 35 personnes ont été arrêtées. Il a qualifié les incidents de tentative de « prise de contrôle par la force des institutions de l'État », ajoutant qu'il disposait de « preuves solides » selon lesquelles « tout a été préparé à l'avance ».

« Personne n'a le droit de détruire notre maison, de détruire les biens de notre pays et de nos citoyens, ni de blesser grièvement nos policiers », a martelé dans la soirée Aleksandar Vucic, qui s'exprimait sur Pink TV, une chaîne de télévision progouvernementale.

Il avait auparavant affirmé que les autorités seraient « en capacité » d'arrêter et de juger les responsables de ces incidents. « Ces scènes sont dramatiques (...) mais il n'y a pas de révolution en cours et (les manifestants, ndlr) ne l'emporteront pas », avait-il lancé, également sur Pink TV. Dans un communiqué, le ministère serbe de l'Intérieur a, quant à lui, appelé les manifestants à ne pas recourir à la violence et a assuré que les représentants de l'opposition avaient donné la « garantie que de tels évènements ne se produiraient pas ».

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Un scrutin contesté

Des manifestations en réponse au scrutin du 17 décembre qui a suscité de nombreuses critiques après qu'une équipe d'observateurs internationaux - comprenant des représentants de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) - a dénoncé une série d' « irrégularités », notamment « l'achat de voix » et « le bourrage des urnes ». Des centaines de personnes ont dès lors manifesté quotidiennement devant la commission électorale serbe, plusieurs députés de l'opposition ont même entamé une grève de la faim pour exiger l'annulation des résultats du vote et les condamnations internationales ont afflué.

L'Allemagne a qualifié les fraudes présumées d' « inacceptables » pour un pays qui espère rejoindre l'Union européenne, les États-Unis ont appelé Belgrade à répondre aux « inquiétudes » des observateurs électoraux. De son côté, l'UE a déclaré que « le processus électoral de la Serbie nécessite des améliorations tangibles et de nouvelles réformes ».

En dépit du torrent de critiques, le président serbe est resté inébranlable. Il « ne fait aucun doute que nous défendrons la volonté du peuple », a-t-il déclaré la semaine dernière. Il a également accusé jeudi dernier un « pays important » de vouloir influencer « le processus électoral en Serbie », en réponse à une question sur la réaction allemande après les élections de dimanche. « Je crois que nos institutions préparent une lettre importante sur l'influence et l'ingérence d'un pays important dans le processus électoral en Serbie », a répondu le nouveau président.

« Je pense que la lettre sera achevée dans dix jours, d'ici le Nouvel An, et ensuite, avant le Noël orthodoxe (7 janvier, ndlr), nous pourrons l'envoyer au monde entier afin qu'ils voient comment ce genre d'ingérence a lieu », a -t-il ajouté en visite sur le chantier d'un viaduc à Vrbas (nord).

Le parquet serbe a de son côté annoncé samedi avoir demandé à la police de rassembler des preuves concernant des allégations de fraude lors des récentes élections. « (Nous) avons joint un enregistrement vidéo de deux femmes parlant de la prétendue remise d'argent par un inconnu (pour les faire) voter », indique le communiqué. Parmi les autres irrégularités signalées figurent des bulletins de vote falsifiés trouvés dans les urnes de Belgrade, la capitale, a-t-il ajouté.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 26/12/2023 à 12:43
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C’est vrai que les Russes sont des experts en matière de déstabilisation ! Ils savent de quoi ils parlent……

à écrit le 25/12/2023 à 16:46
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Il est évident que si les médias "occidentaux" relaient des informations, c'est de bonne foi ! ;-)

à écrit le 25/12/2023 à 11:48
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Bonjour, les élections démocratie demande certains critères de transparence et d'honnêteté... malheureusement beaucoup de pays ons du mal a atteindre ses critères... L'habitude de certains partis ou gouvernement de ce maintenir au pouvoir ne sont ...

le 26/12/2023 à 18:19
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C'est vrai que l'union européenne est d'une transparence absolue et d'une probité sans reproche!

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