Embargo sur le pétrole russe : les Etats-Unis se heurtent aux exigences de l'Arabie Saoudite

Pour pallier les importations de pétrole russe, la Maison Blanche se tourne vers l'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis pour leur demander d'augmenter leur production. Outre le fait qu'ils sont tenus par l'accord qui régit l'Opep+, ces deux pays ont posé en préalable des conditions, comme le révèle le Wall Street Journal.
Robert Jules
Parmi les conditions posées par Riyad, il y a la demande d'immunité pour se rendre aux Etats-Unis pour le prince héritier Mohamed ben Salmane , où plusieurs plaintes ont été déposées contre lui après l'assassinat en 2018 en Turquie du journaliste saoudien réfugié aux Etats-Unis Jamal Khashoggi.
Parmi les conditions posées par Riyad, il y a la demande d'immunité pour se rendre aux Etats-Unis pour le prince héritier Mohamed ben Salmane , où plusieurs plaintes ont été déposées contre lui après l'assassinat en 2018 en Turquie du journaliste saoudien réfugié aux Etats-Unis Jamal Khashoggi. (Crédits : Reuters)

Trouver du pétrole. C'est devenu l'obsession des Etats-Unis depuis la décision mardi du président Joe Biden de cesser d'importer du pétrole russe, ce qui a fait s'envoler le cours du baril sur les marchés jusqu'à 133 dollars en séance mardi. Alors que se profilent les élections de mi-mandat, le président américain craint que sa fragile majorité démocrate à la Chambre ne soit renversée par le vote des automobilistes américains qui grognent contre la cherté de l'essence. En Californie, le gallon (3,78 litres) s'affiche jusqu'à 5 dollars, un prix rarement vu dans le pays le plus consommateur de pétrole au monde.

L'administration Biden a déjà repris contact avec le Venezuela, à qui elle impose un embargo sur leurs exportations pétrolières depuis 2019. L'Iran est aussi une piste prometteuse à condition qu'un accord soit trouvé sur le dossier nucléaire, mais les discussions s'éternisent en raison des exigences de la Russie.

Une capacité d'augmentation de 2,1 mbj pour les Saoudiens

Hormis les Etats-Unis, les pays pouvant augmenter leur production sont rares, et se trouvent au sein de l'Opep+, qui regroupe les membres de l'Opep auxquels s'ajoutent 10 pays exportateurs non-membres parmi lesquels la Russie, l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan, la Malaisie ou encore le Mexique. Ce sont surtout les Emirats Arabes Unis (EAU), qui se sont abstenus lors du vote à l'Onu sur la résolution condamnant l'invasion russe de l'Ukraine, et l'Arabie Saoudite qui ont des capacités.

Selon le dernier rapport mensuel (février) de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), l'Arabie Saoudite peut immédiatement ajouter 1,2 million de barils par jour (mbj), une capacité qui peut monter à 2,1 mbj sous 90 jours. Pour les Émirats, le potentiel à court terme est de 600.000 barils par jour, et de 1,2 mbj sous 90 jours. Au total, l'Opep+ pourrait théoriquement pomper 2,2 mbj à court terme et 5,1 mbj sous 90 jours, en ajoutant les hausses marginales de l'Irak, du Koweït et de la... Russie.

Or, selon des informations révélées par le Wall Street Journal (WSJ), tant le leader des EAU, Mohammed ben Zayed, que celui de l'Arabie Saoudite, Mohammed ben Salmane, refusent de s'entretenir avec l'hôte de la Maison Blanche. Il est de notoriété publique que contrairement à l'administration Trump, l'administration Biden n'entretient pas de bonnes relations avec Riyad. Toutefois, selon le quotidien financier américain, des rencontres avec les Saoudiens ont commencé le mois dernier. Brett McGurk, le coordinateur du Conseil de sécurité nationale pour le Moyen-Orient, et Amos Hochstein, chargé de l'énergie au département d'État, se sont tous deux rendus à Riyad pour retisser les liens. Brett McGurk a également rencontré le cheikh Mohammed à Abou Dhabi.

Trois conditions

Il en ressort que les Saoudiens ont posé leurs conditions pour augmenter leur offre pétrolière : un appui technologique et le partage d'informations pour soutenir leur intervention militaire dans la guerre civile au Yémen, où ils affrontent des rebelles houthis soutenus par l'Iran, une aide technologique pour développer leur propre programme nucléaire et, last but not least, l'immunité pour le prince héritier Mohamed ben Salmane pour se rendre aux Etats-Unis. Sur le sol américain, plusieurs plaintes ont été déposées contre lui après l'assassinat en 2018 en Turquie du journaliste saoudien réfugié aux Etats-Unis Jamal Khashoggi. A l'époque, le prince héritier avait fait l'objet d'une réprobation internationale sauf par Vladimir Poutine.

Les Emirats Arabes Unis sont dans le même état d'esprit. Présents également militairement sur le terrain au Yémen, ils ont souligné le peu d'engagement américain lorsque leur pays a été récemment la cible des missiles envoyés selon eux par les rebelles houthis.

En outre, les deux pouvoirs du Golfe s'inquiètent d'un retour sur la scène internationale de leur ennemi de toujours, l'Iran, en cas d'accord sur le nucléaire. Et ils comptent bien défendre leurs intérêts dans le nouveau rapport de forces international qui se dessine avec l'invasion russe en Ukraine.

Le respect de l'accord au sein de l'Opep+

Pour le moment, cela n'a pas déclenché d'augmentation de la production pétrolière. Les Saoudiens et les Emiratis rappellent qu'ils sont également liés par l'accord qui régit les relations des pays membres au sein de l'Opep+, qui fixe des quotas de production à chaque membre. Or cette politique a jusqu'ici plutôt bien marché en permettant au baril de passer de quelque 20 dollars en mars 2020 à plus de 120 dollars aujourd'hui.

Évidemment, ce travail - et cet intérêt - commun a rapproché l'Arabie Saoudite de Moscou, avec qui le lien est maintenu, et qui semble aujourd'hui suffisamment solide pour faire patienter la Maison Blanche.

Robert Jules
Commentaires 13
à écrit le 02/04/2022 à 14:05
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Bonjour. Personnellement je crois qu'ils y a bien trops longtemps que nous cédons au revendications des monarchie du golfe persique... La fin du pétrole est proche et le dictat de ses gents aussi....

à écrit le 16/03/2022 à 18:21
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....et l'occident ne pourrait pas mettre des "exigences (! ) a ses fournitures vers l'Arabie et autres qui a part le pétrole n'a pas grand chose d'autre a exporter ! La cherté du pétrole devrait avoir comme consequences une ...

à écrit le 11/03/2022 à 12:38
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Prenez vos vélos vos trottinettes vos voitures électriques etc…montrons que nous pouvons être résilient et autonomes ! prenez les transport train bus etc…arrêtons de pleurnicher nous avons aussi des atouts ! En plus ça tombe bien nous sommes bientôt ...

le 16/03/2022 à 18:23
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c'est sur qu'aller remplir son caddie ou emmener les enfants a l'école la trottinette c'est le top , surtout pour les grands parents !

à écrit le 11/03/2022 à 8:38
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Il est évident qu'avec un gazoil à plus de deux euros ça va leur faire drôle à nos LREM en avril, il va falloir plus d'un post it à notre président afin de nous expliquer pourquoi son mandat fut le pire de toute l'histoire de la 5 ème république, enf...

le 13/03/2022 à 21:37
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Citoyen blasé est assurément un gentil garçon...Il semble convaincu que si Mme ou Mrs Mélenchon, Le Pen, Zemmour ou Dupont Aignan avaient été aux affaires depuis 2017 on aurait jamais eu à subir ces augmentations délétères de l'énergie et du reste....

à écrit le 10/03/2022 à 8:28
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Et nous pauvres petits français allons faire les frais de cet imbroglio voulu par les ricains qui ne cherchent qu'à nous diviser pour mieux régner

à écrit le 09/03/2022 à 19:54
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Manifestement certains ont oublié le n° de téléphone de Bolsonaro...

à écrit le 09/03/2022 à 19:49
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Biden de plus en plus pathétique à négocier avec des terroristes...

à écrit le 09/03/2022 à 18:51
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Eh ouais ! les ricains, on ne peut pas demander du pétrole à l’Arabie Saoudite et en même temps à l’Iran. Ça coince quelque part ! C’est une profonde méconnaissance. Il vaut mieux rester à mater Kardashian, sa vie est tellement moins compliquée !

à écrit le 09/03/2022 à 18:21
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On voit bien que pour leurs propres intérêts, les américains vendraient père et mère. Ils ont entraîné l'Europe à provoquer la Russie de Poutine et maintenant, ils veulent faire cavalier seul pour se procurer du pétrole, quitte à réhabiliter le Venez...

à écrit le 09/03/2022 à 17:43
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Real politik dans sa plus belle expression: Maduro redevient le partenaire fréquentable ( Melenchon va se voir conforté dans son attitude visionnaire) et MBS va s'acheter un permis de découper ses opposants . Si la Corée du Nord avait du pétrole, ce...

le 09/03/2022 à 23:53
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et Macron bien placé dans les dictateurs !!!!

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