L'Europe menacée d'un choc pétrolier d'une ampleur similaire à ceux des années 1970

Moins exposés que l'Europe, les Etats-Unis ont annoncé le bannissement des importations de pétrole et de gaz russes. Le Royaume-Uni fera de même mais progressivement jusqu'à la fin de l'année. Des annonces qui font flamber davantage le prix des deux sources énergie. Quant à l'Europe, elle tiendra une réunion jeudi et vendredi pour statuer sur une réponse commune avec, en toile de fond, l'impact négatif que peut avoir un prix du pétrole qui a déjà doublé en un an sur la croissance économique de la zone euro. Le choc pétrolier actuel est d'une ampleur similaire à ceux de 1973 et 1979, selon certains économistes, qui pointent le risque d'une récession en Europe si les tensions devaient s'amplifier. Explications.
Robert Jules

Joe Biden, le président des Etats-Unis, a annoncé mardi l'interdiction d'importer du pétrole et du gaz russes, justifiée par la volonté de ne plus financer, indirectement, l'invasion militaire russe en Ukraine. Elle est effective dès ce jour. Dans la foulée, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a également indiqué que le Royaume-Uni bannissait l'or noir russe mais laissera jusqu'à la fin de l'année aux acteurs concernés pour trouver des fournisseurs alternatifs. Quant aux Européens qui sont eux plus dépendants - ils représentent 60% des exportations de pétrole russe -, ils doivent se réunir jeudi et vendredi pour statuer sur leur position. Du côté du marché, peu après l'annonce du président des Etats-Unis, le prix du baril de Brent, référence européenne, progressait de 7,48%, à 132,43 dollars. Celui du baril de WTI, référence américaine, gagnait 7,44%, à 128,15 dollars.

Un secteur jusqu'à présent épargné par les sanctions

La décision américaine ne sera pas sans conséquence. La Russie est le premier exportateur mondial de pétrole et de gaz naturel. Si le secteur de l'énergie avait jusqu'à présent été épargné par les sanctions occidentales, cela n'avait pas empêché les prix de l'énergie de flamber, l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe venant après une crise énergétique en Europe. Sur un an, le prix du pétrole brut a bondi de quelque 100%. Et mardi matin, à  Moscou, le vice-Premier ministre Alexandre Novak a menacé de fermer le robinet du gazoduc Nord Stream 1 qui alimente l'Allemagne et a prédit que le prix du baril de pétrole atteindrait 300 dollars en cas de sanctions.

Aussi, même s'ils ne semblent pas prêts à prendre une mesure aussi radicale que leurs homologues anglo-saxons, les pays de l'Union européenne (UE) entendent réduire eux aussi rapidement leur exposition. Un plan présenté mardi par la Commission européenne juge possible par exemple une réduction des deux-tiers des importations de gaz russe dès cette année et leur fin "bien avant 2030".

En outre, les Européens disposent déjà d'un document de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui liste une série de dix préconisations d'économie de gaz chiffrées, avec des recommandations concrètes qui prennent en compte la lutte contre le réchauffement climatique.

L'une des causes de récession

En attendant, cette cherté du pétrole ne sera pas sans conséquences pour l'économie européenne, créant un "choc pétrolier" qu'il va falloir absorber.

"Par la soudaineté et l'amplitude des mouvements de prix, on est en présence d'un véritable choc pétrolier. Dans l'histoire économique, ce type de choc a souvent été la cause ou du moins l'une des causes de récession. Dans l'histoire économique, ce type de choc a souvent été la cause ou du moins l'une des causes de récession", rappelle Bruno Cavalier, économiste chez Oddo BHF, qui précise que "mis en perspective sur la longue durée, le choc pétrolier actuel est d'ampleur similaire aux chocs des années 1970 associés aux crises géopolitiques de grande ampleur que furent la guerre du Kippour de 1973 et la révolution islamique iranienne de 1979".

Quant à l'évaluation chiffrée d'un tel choc, "le surcoût des importations de produits énergétiques est estimé entre 2 et 3 points de PIB pour les économies européennes, soit le même ordre de grandeur qu'en 1973-1974", indique-t-il.

Ce choc risque, en effet, d'entraîner une augmentation des coûts de production pour les entreprises et une baisse du pouvoir d'achat des ménages.

"D'un modèle à l'autre, les estimations d'un choc pétrolier peuvent un peu varier, de même d'un pays européen à l'autre, mais l'ordre de grandeur est qu'une hausse de 10 dollars le baril pèse sur le niveau du PIB de 0,2-0,3 point à un horizon de deux ans", indique Bruno Cavalier.

Ainsi, si l'on part de la situation telle qu'elle était avant la pandémie du Covid-19, "le choc actuel représente une hausse de 60 dollars le baril par rapport au niveau moyen 2015-2019, de quoi amputer le PIB européen d'environ 1,2 à 1,8 point de PIB", calcule l'économiste.

Autrement dit, comme la croissance pour la zone euro était estimée à 4% pour 2022, celle-ci pourrait ralentir à 2% - si les prix du pétrole restaient élevés-, voire retomber en récession si les tensions devaient s'amplifier.

"La crise actuelle a au moins le mérite de poser la question de l'indépendance énergétique de l'Europe, en allant au-delà des beaux discours sur le verdissement. Il est évidemment difficile de faire plier un pays dont dépend aussi largement notre mode de vie", souligne Bruno Cavalier.

Cette question de l'indépendance stratégique sera au cœur des discussions que mèneront les Européens ces jeudi et vendredi à Versailles sous la houlette du président Emmanuel Macron, cette crise énergétique démontrant notre trop grande dépendance aux autres pays, comme l'a montré la crise sanitaire avec la perturbation des chaînes d'approvisionnement.

Il existe des sources alternatives

Car au-delà de l'envolée des prix, reste précisément le problème de l'approvisionnement physique. "Dans le cas présent, si le pétrole russe venait à manquer en totalité, ce qui est une hypothèse très forte, il existe des sources alternatives, certaines mobilisables sans grand délai. Il est souvent évoqué la possibilité de libérer des réserves stratégiques, d'utiliser des capacités de production non-utilisées de l'Opep, de rouvrir le marché à des acteurs un temps "bannis" comme l'Iran et le Venezuela, sans compter la capacité d'investissement du secteur du shale américain", argumente Bruno Cavalier, qui rappelle que tout dépendra finalement de la durée du conflit et de son issue.

Robert Jules
Commentaires 33
à écrit le 10/03/2022 à 9:06
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Pendant ce temps : C'est ce qu'on appelle une "mise à l’évent" : dans la vidéo que s'est procurée RMC, on peut voir "un immense panache de gaz", "assorti d'un bruit assourdissant", explique la chaîne ce mercredi 9 mars, au sujet de ces "milliers d...

à écrit le 10/03/2022 à 2:38
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Ici, le prix n'a guere evolue depuis le debut du conflit, ou alors a la marge. L'europe, c'est bien.

à écrit le 09/03/2022 à 21:46
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Donc merci les taxes....

à écrit le 09/03/2022 à 20:47
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Le pétrole a déjà été à 150 dollars le baril. Et le gasoil n'était pas à 1.50 euros. Là aujourd'hui il est à 2.20 ? C'est quoi la différence ? Les taxes représentent 80 % du prix payé à la pompe: vous souffrez et l'état se gave.

le 10/03/2022 à 4:04
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Faut payer les deficits, au moins les plus voyants.

le 10/03/2022 à 19:51
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La différence entre 2022 et 2008 est le pic pétrolière – 2008 était le début, on a fait la pétrole du schiste etc pour le pallier pour dix ans (sans le moindre rentabilité pour Wall Street) – maintenant c’est fini et la production conventionnelle a ...

à écrit le 09/03/2022 à 19:41
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cette crise doit nous pousser a appliquer les bonnes pratiques: baissons un peu le chauffage pour consommer moins de gaz et continuons un peu le teletravail pour reduire les couts de trajets!

à écrit le 09/03/2022 à 17:01
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- Gouverner, c'est prévoir! Mais, visiblement, ils ont plutôt aperçu une opportunité d'être "indispensable" sans être utile!

à écrit le 09/03/2022 à 16:15
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C’est le petit peuple européen qui va payer pour tous ces grands donneurs de leçon de démocratie, tous ces grands intellos redresseurs de tort qui ont tribune dans les médias, et aussi surtout pour les bureaucrates va-t-en guerre de l'Otan qui leur o...

à écrit le 09/03/2022 à 10:31
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A remarquer que la construction du parc électronucléaire était destiné à nous mettre à l'abri du lobby des états pétroliers; finalement, il n'en a jamais rien été, faute à l'incurie de nos gouvernements et de nos députés.

le 09/03/2022 à 12:32
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en depit de votre pseudo suranné, vous oubliez sciemment qué au début des années 70 le pétrole représentait pour l économie productive francaise 70% de la consommation énergétique -le reste était de l hydroelectricité et du charbon-( industrie, part...

le 09/03/2022 à 13:31
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@brehat ,jade et gars "én dépit de votre pseudo suranné" Tu ne manque pas de culot ,toi qui utilise 3 pseudos ici pour tenter de faire passer tes idées pour sûrement faire croire que tu es ...nombreux ,ah,ah.

le 09/03/2022 à 16:38
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Salut brehat comment vont les chinois aujourd'hui ? Disons que entre 1958 et 1980 l'on a dépensé une broutille de l'ordre de 180 milliards d'€ pour construire 58 réacteurs nucléaires dans des centrales qui sont et s'en est étonnant : nucléaires. Alor...

le 10/03/2022 à 4:08
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@ Lachose. Pour reconnaitre la prose de Jade, c'est facile, elle est un peu dyslexique. Elle confond un peu l'ordre des lettres.

à écrit le 09/03/2022 à 9:47
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Juste une chose qui m'turlupine ( c'est pas un gros mot ).. vu que les occidentaux veulent ne plus rien acheter aux russes. Que ce soit maintenant ou à terme ( fin d'année c'est rapide ), au point ou l'on en est, franchement je serais russe je coupe ...

le 09/03/2022 à 10:17
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La Russie étant l'envahisseur il est logique qu'elle fasse plus de concessions maintenant jusqu'où est elle prête à en faire difficile de savoir et nos dirigeants néolibéraux occidentaux bêtes comme leurs pieds restent toujours aussi inquiétants. Par...

le 09/03/2022 à 13:55
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@blablatan. Je me pose la même question, mais je suis arrivé à la conclusion suivante : (1) la politique russe est de dire qu'ils sont dans leur bon droit et fiable, donc la coupure les positionnerait dans une posture de nation fourbe, (2) couper le ...

à écrit le 09/03/2022 à 9:36
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On nous enfume avec ce prix des carburants! Il y a plusieurs années le prix des carburants avait atteint les 140 $ le baril et à la pompe on était loin des 2 € le litre ! La vérité c'est que depuis, sous la pression des écolos on a rajouté de nouve...

le 09/03/2022 à 10:33
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Tout à fait. Bravo pour votre commentaire ZIGZAG

le 09/03/2022 à 14:14
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J'en profite pour ajouter que ce n'est pas tant que c'est l'Iran et Israel. Quel que soit le pays, accepterons-nous de satisfaire notre confort avec des pays dont l'objectif affiché est de déclarer des guerres à d'autres nations, ethnies, population ...

le 09/03/2022 à 18:46
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Et en Bulgarie c'est combien le gasoil ? On est en droit de le savoir !

le 10/03/2022 à 8:35
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Au 7 mars 2022 ,le prix du diesel en Bulgarie était de 1,439 € le litre.

à écrit le 09/03/2022 à 8:47
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il suffit de combattre les spéculateurs et ceci sont toujours les memes et d'éviter le piege de l'ukraine et des usa

à écrit le 09/03/2022 à 8:18
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ca arrangerait bien les americains que les europeens se suicident, a priori la transition ecolo bobo gaucho, c'etait pas assez rapide pour envoyer la societe au tas........ne vous etonnez surtout pas de recolter un moustachu sympa, les troubles econo...

le 09/03/2022 à 9:40
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Votre commentaire reflète votre parti pris dans réfléchir à des solutions alternatives … le tout pétrole. C est fini ne serait ce pour les générations futures dont vous vous foutez royalement…,cette guerre aura un aspect à salutaire : apprendre et tr...

le 09/03/2022 à 11:47
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les "autres pays " ont des eoliennes .....et des centrales a gaz et a charbon .ils ont l'air malins maintenant .c'est beaucoup mieux.les ecolos sont ravis ,il faut en profiter pour augmenter la taxe carbone pour faire plus qu'en 1970 ou 2008

le 10/03/2022 à 4:14
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@ reponse de y"en a marre. Prix du gas oil en bulgarie: Facile. Minima, 1,7 BGN/ litre ou mex 2.76BGN /litre. Ne me remerciez pas.

à écrit le 09/03/2022 à 8:13
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Pas de problème notre classe dirigente est prête à tous nos sacrifices.

à écrit le 09/03/2022 à 7:44
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Et donc nos propres sanctions se retournent déjà contre nous, violemment, et on va en payer le prix fort. Elles n'aident visiblement pas les Ukrainiens, n'épargnent pas leurs souffrances, et ne font pas plier les Russes qu'elles renforcent dans leur ...

le 09/03/2022 à 8:24
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il faut pas exagerer. On va payer notre essence plus cher mais c est quand meme mieux que de recevoir des obus sur la tete comme en ukraine. Si c est peut etre trop tard pour sauver l ukraine (pas sur) ca evitera surement que poutine remette ca avec ...

le 09/03/2022 à 9:04
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Champion dit donc ! 4 fois le point godwin en 4 coms.. c'est fou la vitesse à laquelle vous apprenez ! Allez maintenant on va apprendre l'histoire de la princesse sisi..

le 09/03/2022 à 9:45
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Britannicus@: le gâchis dites vous ? C est la Russie qui l à initier par son agression…qui pourrait se poursuivre plus à l ouest …. Quand aux conséquences : une bonne leçon pour nos politiciens beats depuis 30 ans en Europe … les européens vivent da...

à écrit le 09/03/2022 à 7:23
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Bon, après tout, sortir du pétrole, c'est ce que nous répétaient sans cesse les bien-pensants, non ? Ils devraient être contents, maintenant, le méchant pétrole disparait

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