
> VOIR le dossier : « Covid-19 : la course à la vaccination »
C'est en Israël que l'expression « course aux vaccins » prend le plus son sens. En tête de l'accélération de la chaîne logistique pour les livraisons, le pays, aussi grand que deux à trois département français, a administré 2,55 millions de doses, selon les données compilées par le site Covidtracker le 18 janvier, soit près d'un quart de la population. Avant tous les autres, l'État hébreu a obtenu des millions de doses de vaccins contre le Covid-19. Résultat, quelques 3,6% des Israéliens ont déjà reçu les deux doses nécessaires pour une protection optimale. Parmi les 60 pays ou territoires, qui regroupent 61% de la population mondiale, ayant lancé leur campagne de vaccination, Israël tient, à date, la pole position.
Pour parvenir à ce succès, le gouvernement israélien a commandé un total de quatorze millions de doses - pouvant immuniser sept millions de personnes - auprès des laboratoires Pfizer-BioNTech et Moderna. Grâce à ces commandes astronomiques, le pays sera-t-il le premier des pays de l'OCDE à sortir de la crise ?
À ce rythme, les Israéliens âgés de plus de 16 ans, soit environ 72% de la population, pourraient être vaccinés à la fin du mois de mars, selon des rapports publiés dans le magazine israélien The Times of Israel, le 13 janvier.
Or, l'état d'avancement de la vaccination dans le monde est très hétérogène. Onze pays concentrent en effet 90% des doses injectées, selon les données compilées le 18 janvier, mais la logistique ne suit pas toujours.
Du côté du Vieux continent, le compte n'y est pas. L'Allemagne et l'Italie avaient chacun vacciné 1,15 million de personnes au 17 janvier, soit moins de 2% de leurs citoyens. La comparaison avec la France est encore moins flatteuse pour l'Hexagone, qui au 18 janvier, n'avait même pas atteint les 500.000 personnes vaccinées, selon les données compilées par Covidtracker.
Le variant britannique menaçant
Israël doit toutefois faire attention à ne pas crier victoire trop vite. Malgré cette longueur d'avance, le nombre de personnes contaminées continue de flamber dans le pays, selon un rapport d'Oxford Economics publié le 18 janvier. De plus, les responsables de la santé du pays estiment que 40% des nouveaux cas sont issus de la variante britannique, selon les médias israéliens. Le pays s'attendrait à ce qu'elle devienne la cause la plus courante de la maladie en un peu plus d'un mois.
Ces dernières 24 heures, le pays enregistre un peu plus de 10.000 cas de contamination, soit un record quotidien.
Face à la hausse des infections, le gouvernement israélien a décidé mardi 19 janvier de prolonger jusqu'à fin janvier le confinement et d'exiger des tests négatifs pour entrer dans le pays.
Israël a-t-il payé le prix fort pour obtenir rapidement une immunité ?
D'autre part, selon plusieurs médias locaux, le pays a déboursé davantage que le prix du marché pour assurer un approvisionnement suffisant et rapide des vaccins. Une information que les autorités ont refusé de commenter. Cependant, le ministère de la Santé de l'État hébreu a rendu public l'accord qui a été conclu avec Pfizer.
Dans celui-ci, la "startup nation" a fait miroiter et accepté de donner à Pfizer l'accès à des données rapides et à grande échelle sur les effets de son vaccin afin de sécuriser l'accès à un stock important de doses, selon l'accord rendu public par le ministère de la Santé et consulté lundi par l'AFP.
Le document stipule que le ministère israélien de la Santé dépend d'un certain rythme de "livraison" des doses par Pfizer "afin d'atteindre une immunité collective et d'obtenir suffisamment de données le plus tôt possible".
Si la démarche peut surprendre un Européen, notamment dans le cadre du respect des données privées, en Israël - où l'économie fonctionne sur de nombreux partenariats publics-privés -, elle est relativement soutenue par des experts. Certaines associations ont toutefois dénoncé cette valorisation de la donnée personnelle.
En Israël, les citoyens sont affiliés à l'une des quatre grandes caisses d'assurance maladie du pays qui contactent personnellement les assurés pour leur proposer un calendrier de vaccination.
Or ces caisses d'assurances sans but lucratif disposent de vastes bases de données numériques sur leurs assurés, ce qui leur permet en théorie de juger de l'efficacité ou des effets secondaires potentiels du vaccin, selon par exemple l'âge ou les antécédents médicaux des vaccinés.
Cette "collaboration" entre Israël et Pfizer se présente comme un effort visant "à mesurer et à analyser les données épidémiologiques liées au déploiement du produit", c'est-à-dire à l'injection du vaccin au sein de la population israélienne.
(Avec AFP)
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