En visite d'État en Russie, Xi Jinping se pose en médiateur de la guerre entre Russie et Ukraine

La première visite d'État depuis quatre ans en Russie du président chinois met un coup de projecteur sur une relation bilatérale très scrutée par la communauté internationale depuis l'intervention russe en Ukraine. Xi Jinping va y passer trois jours et va rencontrer Vladimir Poutine au moins à deux reprises. Pékin joue la carte de la neutralité et se pose en médiateur de la guerre Russie-Ukraine. Beaucoup doutent néanmoins de ses capacités d'influence sur Moscou.
Xi Jinping appelle régulièrement Vladimir Poutine son « vieil ami ».
Xi Jinping appelle régulièrement Vladimir Poutine son « vieil ami ». (Crédits : SPUTNIK)

Ce n'était pas arrivé depuis près de quatre ans : le président chinois est à partir de ce lundi 20 mars en visite d'État de trois jours en Russie, pays avec qui la Chine a d'importants liens diplomatiques et économiques. Dans un article publié dans le journal russe Rossiyskaya Gazeta, Xi Jinping a présenté sa venue comme un « voyage d'amitié, de coopération et de paix », face à des Occidentaux qui regardent la relation sino-russe avec méfiance.

« J'ai hâte de travailler avec le président Poutine pour adopter ensemble une nouvelle vision » des liens bilatéraux, a notamment écrit le président chinois.

Les présidents chinois et russe auront un premier tête-à-tête « informel » ce lundi avant un dîner, puis des discussions mardi, a indiqué le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov, cité par les agences de presse russes. Ils signeront notamment « une déclaration commune (...) sur l'approfondissement des relations de partenariat exhaustif et de relation stratégique entrant dans une nouvelle ère » ainsi qu'un document portant sur la coopération économique bilatérale à l'horizon 2030, a-t-il déclaré.

Lire aussiAides à la Russie : les États-Unis maintiennent la pression sur la Chine

Des relations au beau fixe

Dans un article publié lundi dans un journal chinois, Vladimir Poutine a, lui, salué « la volonté de la Chine de jouer un rôle constructif dans le règlement » du conflit entre la Russie et l'Ukraine et a estimé que « les relations russo-chinoises ont atteint le point culminant de leur histoire ». Forte d'avoir facilité la récente réconciliation diplomatique entre l'Arabie saoudite et l'Iran, la Chine se positionne en effet en médiatrice sur cette guerre et appelle notamment à des négociations de paix entre Moscou et Kiev.

Cette venue du président chinois offre ainsi une bouffée d'oxygène à Vladimir Poutine, isolé diplomatiquement et qui, en signe de défiance, s'est rendu ce weekend à Marioupol, ville ukrainienne dévastée par les bombardements. Il s'agissait de la première visite du président russe en zone conquise depuis le début de l'offensive lancée par le Kremlin.

Unis par un partenariat « sans limites », célébré l'an passé trois semaines avant le début de l'intervention en Ukraine, Pékin et Moscou se sont rapprochés ces dernières années, notamment pour faire front commun contre les Occidentaux. La Chine n'a d'ailleurs pas condamné publiquement l'invasion russe et s'est montrée critique envers les États-Unis pour leurs livraisons d'armes à l'Ukraine ainsi qu'envers l'Otan pour n'avoir pas pris en compte les préoccupations russes en matière de sécurité.

Lire aussiGuerre en Ukraine : l'UE veut produire plus d'obus pour aider Kiev et reconstituer ses propres stocks

Un rôle de médiateur qui convainc peu les pays occidentaux

Pékin appelle toutefois au dialogue ainsi qu'au respect de l'intégrité territoriale de tous les États - y compris donc de l'Ukraine. « Aucun pays ne devrait dicter l'ordre international », a écrit Xi Jinping dans l'article publié dans le journal russe. « La Chine a toujours défendu une position objective et impartiale basée sur le fond du problème et a activement encouragé les pourparlers de paix ».

Une position jugée trop tiède par plusieurs pays occidentaux, pour lesquels la Chine soutient ainsi de façon tacite l'agression russe. Ils estiment en outre que les grands appels de Pékin à la paix ne peuvent se traduire par des actions concrètes dans l'immédiat.

Les États-Unis ont ainsi déjà indiqué qu'ils ne soutiendront pas un nouvel appel chinois au cessez-le-feu lors de la visite de Xi Jinping en Russie, considérant que cela reviendrait à consolider l'emprise russe sur les territoires conquis en Ukraine.

Nombre d'analystes doutent également de la capacité de Xi Jinping à réellement faciliter un rapprochement russo-ukrainien, compte tenu des liens qui unissent Moscou et Pékin - et de son relatif manque d'influence sur le Kremlin.

Lire aussiUkraine: les Occidentaux critiquent les ambiguïtés chinoises, Zelensky juge « nécessaire » de « travailler » avec Pékin

Appréhension côté ukrainien

L'Ukraine attend, elle, avec une certaine appréhension cette visite de Xi Jinping au Kremlin. Elle redoute que Pékin puisse à terme décider de livrer des armes à Moscou et peser ainsi sur l'issue de la guerre. Le sujet est si sensible que les autorités ukrainiennes ne souhaitent pas commenter publiquement ce voyage. « Pour nous il est d'une importance critique que la Chine maintienne sa politique du respect inébranlable de l'intégrité territoriale des autres pays », a seulement déclaré à l'AFP un haut responsable ukrainien s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.

Selon le quotidien américain The Wall Street Journal, Xi Jinping, au nom de la neutralité affichée par son pays, pourrait également s'entretenir avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, une fois de retour en Chine. Les deux dirigeants ne se sont jamais entretenus depuis le début de l'invasion russe, bien que le président ukrainien l'ait pourtant publiquement souhaité.

Lire aussiUkraine : le G20 Finances ne s'accorde pas sur l'utilisation du terme « guerre »

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 21/03/2023 à 0:58
Signaler
Une entente entre dictateurs pour un swap Sibérie/Ukraine?

à écrit le 20/03/2023 à 16:04
Signaler
Lorsqu'une guerre débute avec de tels belligérants elle est imprévisible... Oui il faut arrêter cette guerre et mettre au boulot les diplomates...

à écrit le 20/03/2023 à 15:57
Signaler
La Chine n'a pas intérêt à une victoire de la Russie, ni à son effondrement. La guerre devrait se poursuivie.

à écrit le 20/03/2023 à 11:47
Signaler
Il n'y a pas de guerre; juste une invasion... Mais, quoique les similitudes soient grandes, WP n'est pas AH; et l'Anschluss n'a pas marché. La Russie vient de reprendre son rôle: un état "moyen", qui n'a pas confronté son potentiel à ses ambitions.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.