Etats-Unis : l’inflation accélère, les ménages grognent

L'inflation accélère plus rapidement que prévu au mois de mai aux Etats-Unis en s'affichant à +8,6% sur un an, et 1% sur un mois. Si les prix de l'énergie et de l'alimentaire soutiennent la tendance, ce sont tous les prix qui augmentent. La Fed qui tient sa prochaine réunion le 15 juin devrait procéder à un nouveau tour de vis monétaire.
Robert Jules
(Crédits : Reuters)

L'indice des prix à la consommation (IPC) aux Etats-Unis a augmenté de 8,6% en mai par rapport au même mois il y a un an, selon le Bureau des statistiques et du travail américain (BLS). En avril, elle s'était affichée à 8,3% en avril, et en mars à 8,5%. Elle reste au plus haut depuis 40 ans. Ce chiffre est supérieur au consensus des analystes interrogés par Bloomberg qui tablait sur 8,3%.

Sur une base mensuelle, l'IPC a augmenté de 1 % en mai par rapport à avril qui avait enregistré une hausse de 0,3 % par rapport à mars.

Selon le BLS, cette hausse des prix touche tous les produits. Ainsi, l'inflation sous-jacente (sans les prix de l'alimentation et de l'énergie) progresse en mai de 6% sur un an (0,6% sur un mois). Les prix de l'alimentation augmentent de 10,1% sur un an (1,2% sur un mois) tandis que les prix de l'énergie ont bondi de 34,6% en un an (3,9% sur un mois).

La tâche se complique pour la Fed

Loin de se calmer, l'inflation accélère rendant la tâche de plus en plus délicate pour la Réserve fédérale qui va devoir accentuer le resserrement de sa politique. Le 4 mai, l'institution monétaire a déjà relevé ses taux directeurs d'un demi-point de pourcentage. Elle devrait décider un nouveau relèvement le 15 juin lors de la réunion de son comité, reste à en fixer l'ampleur. Il lui faut calmer l'inflation et refroidir l'économie, tout en évitant de casser sa dynamique et la faire basculer en récession. En effet, une des causes des hausses de prix est la situation tendue du marché du travail américain, avec une demande de travailleurs excédant l'offre, et une forte progression des salaires. Les employeurs ont ajouté 390.000 emplois le mois dernier et le taux de chômage a oscillé à un niveau proche de son plus bas point depuis un demi-siècle. Car, même si plus de 6,5 millions d'emplois ont été créés en l'espace d'un an, moins d'Américains sont employés en proportion de la population qu'avant la pandémie.

Pour le gouvernement de Joe Biden, ces pressions inflationnistes réduisent la possibilité de mener une politique de relance comme il l'avait prévu. Les prix de l'essence ont atteint des niveaux record ces dernières semaines, le gallon moyen de sans plomb ordinaire se vendant actuellement à 4,97 dollars, selon l'association AAA.  Selon les données du BLS, le prix de l'essence s'affiche en mai en hausse de 48,7% en mai sur un an, et de 4,1% sur un mois. Plus spectaculaire, le prix du gasoil s'est envolé de 106,7% sur un an, et de 16,9% sur un mois.

Mécontentement des ménages américains

Après l'annonce du chiffre de l'inflation, les prix du baril de Brent et de WTI étaient en légère baisse, oscillant respectivement au-dessus de 122 dollars et au-dessous de 121 dollars.

Ces majorations qui entament le pouvoir d'achat des ménages américains et nourrissent le mécontentement pourraient bien faire perdre la majorité aux démocrates au Congrès lors des élections de mi-mandat en novembre prochain. Cette échéance électorale est cruciale, car une large partie des élus est renouvelée.

La secrétaire au Trésor, Janet Yellen, avait déjà averti hier qu'elle voyait les prix élevés de l'essence perdurer, tout en écartant l'entrée en récession de l'économie des Etat-Unis. Les prix du pétrole sont soutenus par la restriction de l'offre russe sur les marchés en raison des embargos des Occidentaux, notamment de l'Europe, sur les importations de pétrole russe et l'incapacité de l'Opep+ a augmenté suffisamment l'offre sur le marché.

La Maison-Blanche s'en prend au fret maritime

Signe de nervosité de la Maison-Blanche, Joe Biden s'en prenait hier à certaines entreprises de fret maritime. "L'une des raisons pour lesquelles les prix ont augmenté est qu'une poignée d'entreprises qui contrôlent le marché ont augmenté les prix du transport (maritime) jusqu'à 1.000%. C'est scandaleux -et j'appelle le Congrès à sévir", a tweeté jeudi le président américain. La Chambre des représentants doit voter la semaine prochaine un texte, déjà adopté en mars par le Sénat, qui vise "à réduire les coûts et à soulager les chaînes d'approvisionnement en réformant les pratiques de transport déloyales", a dit jeudi le chef démocrate de la chambre haute Chuck Schumer, cité par l'AFP. Le texte précise que le prix d'un conteneur de 40 pieds est passé d'environ 1.300 dollars avant la pandémie à 11.000 dollars en septembre 2021. "Le consommateur américain en paie le prix", a déploré Chuck Schumer.

Robert Jules
Commentaires 2
à écrit le 11/06/2022 à 6:31
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L'argent gratuit, ça n'existe pas. Et la nourriture gratuite, encore moins. Les deux dernières années qu'on a vécu à crédit, avec le discours officiel "Mais si, tout vas bien" prennent maintenant fin

à écrit le 10/06/2022 à 17:15
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Décidément ,encore une photo avec un masque sur la tronche ,c'est pour nous préparer à septembre et le énième variant ?

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