Etats-Unis : le plus grand danger réside dans une inflation durable, alerte la Fed

Les responsables de la banque centrale américaine redoutent de plus en plus que l'inflation vertigineuse s'enracine. Pour atténuer les pressions sur les prix, ils persistent dans leur stratégie de relèvement des taux d'intérêt.
« La plus grande erreur serait de ne pas réussir à rétablir la stabilité des prix », estime le patron de la banque centrale américaine, Jérôme Powell.
« La plus grande erreur serait de ne pas réussir à rétablir la stabilité des prix », estime le patron de la banque centrale américaine, Jérôme Powell. (Crédits : ELIZABETH FRANTZ)

Jerome Powell, le patron de la Réserve fédérale (Fed), a réaffirmé que la politique monétaire qu'il mène aux Etats-Unis vise à faire tout pour contrôler l'inflation qui, s'y elle s'installait durablement, serait le plus grand danger. « Le risque est qu'en raison de la multiplicité des chocs, vous commenciez à passer à un régime d'inflation plus élevé et notre travail consiste à empêcher littéralement que cela se produise et nous l'empêcherons », a déclaré Jérôme Powell, mercredi lors du Forum annuel organisé par la Banque centrale européenne à Sintra, au Portugal.

Mais une telle stratégie n'est pas sans risque et pourrait ralentir l'économie plus que nécessaire. A ce propos, Jerome Powell réplique : « je ne suis pas d'accord pour dire que c'est le plus grand risque. La plus grande erreur serait de ne pas réussir à rétablir la stabilité des prix », a-t-il ajouté.

Risques de brider l'économie à long terme

Les responsables de la banque centrale américaine voient désormais l'objectif de taux des fonds fédéraux passer à 3,4% d'ici la fin de l'année, soit un niveau supérieur selon eux à celui qui pourrait commencer à brider l'économie à long terme. Malgré tout, Jérôme Powell a indiqué que l'économie américaine restait « en assez bonne forme » et qu'elle était capable d'absorber l'impact du resserrement des conditions de crédit tout en évitant la récession ou même, espèrent les responsables de la Fed, une hausse significative du taux de chômage. Sur ce point, le département du Travail publiera vendredi les derniers chiffres des créations d'emplois et le taux de chômage aux Etats-Unis.

La trajectoire vers un « atterrissage en douceur » devient toutefois « nettement plus difficile » à mesure que l'inflation dure et augmente le risque de désencrage des anticipations inflationnistes, a déclaré Jérôme Powell« Si vous commencez à voir un désencrage sérieux - et ce n'est pas le cas - des anticipations d'inflation à long terme, alors vous êtes en retard », a déclaré Jérôme Powell. « En ce moment, nous faisons ce que nous devons faire (...) pour ne pas nous retrouver dans cette situation », a-t-il assuré.

Alors que les économistes s'attendaient à un ralentissement de l'inflation, les prix à la consommation ont bondi de 8,6% en mai sur un an, soit le niveau le plus élevé depuis plus de quatre décennies. En clair les prix de la nourriture, de l'énergie, du logement et d'autres biens pèsent de plus en plus sur les familles américaines.

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Si la Fed réaffirme sa volonté de contrôler les prix, cette stratégie pourrait s'avérer délicate dans un contexte international marqué par la poursuite de la guerre en Ukraine et une série de confinements en Chine qui ont perturbé encore davantage la chaîne d'approvisionnement. Dans ce contexte, les responsables de la banque centrale américaine ont par conséquent reconnu qu'ils pourraient devoir être encore plus agressifs dans le resserrement de la politique monétaire, « si les pressions inflationnistes élevées devaient persister ».

La cote de popularité de Joe Biden en berne

Sur un plan plus politique, cette inflation record, qui grignote le pouvoir d'achat des ménages, a fait plonger la cote de popularité du président démocrate Joe Biden. A l'approche des élections de mi-mandat de novembre, la tâche du président de la Fed, Jérôme Powell, est bien complexe puisqu'il doit réduire l'inflation sans faire dérailler l'économie américaine qui serait encore plus dévastateur pour le locataire de la Maison Blanche.

Jusqu'à récemment, Jérôme Powell pensait pouvoir combattre l'inflation tout en évitant une récession. Mais le mois dernier, il a reconnu qu'une contraction du PIB n'était pas totalement inévitable, même si ce n'était pas le but de la hausse des taux. Depuis, la possibilité d'une récession a fait chuter les marchés boursiers mondiaux ces dernières semaines.

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Les taux, qui avaient été abaissés quasiment à 0 en mars 2020, ont commencé à être relevés en mars dernier pour tempérer la demande soutenue des consommateurs américains pour les maisons, les voitures et autres biens. Outre la demande, les problèmes de logistique et les pénuries de travailleurs ont largement alimenté l'inflation depuis l'an passé. L'invasion de l'Ukraine par la Russie, puis les sanctions contre Moscou, ont, elles, exacerbées la hausse des prix des denrées alimentaires et du carburant. Pour faire face, les responsables de la Fed répètent constamment scruter mois par mois les indicateurs économiques pour décider ou non de nouvelles hausses de taux. Les chiffres des créations d'emplois du taux de chômage attendus vendredi, seront donc regardés là encore avec attention.

(Avec AFP et Reuters)

Commentaires 2
à écrit le 08/07/2022 à 8:51
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tiens, ils decouvrent comment un choc se propage a l'economie; ils decouvrent aussi ce qu'est la masse monetaire, comme en premiere annee macroeconomie........brillant de raisonnement et d'intelligence

à écrit le 07/07/2022 à 11:29
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Après deux ans à mettre la poussière sous le tapis sous le prétexte fallacieux du Covid-19, la réalité économique revient

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