Etats-Unis : les taux devront être relevés jusqu'au début 2023, assure l'un des piliers de la Fed

Christopher Waller, l'un des gouverneurs de la Banque centrale américaine (Fed), a rappelé ce vendredi la volonté de l'institution de « ramener l'inflation de manière significative et persistante vers notre objectif de 2% » ce qui exigera « des relèvements des taux directeurs jusqu'au début de l'année prochaine au moins ». Quant aux craintes d'une récession, elles « se sont estompées », a-t-il assuré, donnant à la Fed « la flexibilité pour être agressifs dans (sa) lutte contre l'inflation ».
La Fed a relevé ses taux à plusieurs reprises depuis le mois de mars.
La Fed a relevé ses taux à plusieurs reprises depuis le mois de mars. (Crédits : JOSHUA ROBERTS)

« C'est un combat dont ne pouvons pas nous éloigner, et dont nous ne nous éloignerons pas. (...) Nous continuerons à agressivement combattre l'inflation », a assuré, ce vendredi, Christopher Waller, l'un des gouverneurs de la Banque centrale américaine (Fed). Des propos qui laissent peu de place à l'ambiguïté quant à la stratégie de la Fed face à l'inflation. « Ramener l'inflation de manière significative et persistante vers notre objectif de 2% (exigera) des relèvements des taux directeurs jusqu'au début de l'année prochaine au moins », a-t-il prédit.

Pour lutter contre la flambée des prix, l'institution monétaire américaine a relevé ses taux à plusieurs reprises depuis le mois de mars. Ils se situent désormais dans une fourchette de 2,25 à 2,50%, contre 0,75% à 1,50% dans la zone euro. Une nouvelle hausse de trois-quarts de points de pourcentage est attendue lors de la prochaine réunion, les 20 et 21 septembre. Et le gouverneur qui s'exprimait lors d'un discours à Vienne (Autriche) plaide pour « un relèvement significatif afin de placer notre politique en position de réellement ralentir la demande » et d'aboutir à une inflation à 2%. Un objectif qui "prendra du temps », a-t-il admis.

Si l'inflation américaine a ralenti en juillet, après avoir atteint en juin son plus haut niveau en plus de 40 ans, elle reste très élevée à 8,5% sur un an. « Il est encore trop tôt pour dire que l'inflation ralentit de manière significative et pérenne », a mis en garde Christopher Waller.

Les craintes d'une récession « se sont estompées »

Il se montre toutefois optimiste sur la capacité des Etats-Unis à éviter une récession. C'est l'une des conséquences d'un resserrement monétaire puisque la hausse des taux a pour objectif de freiner la consommation et donc de ralentir la croissance. Le gouverneur estime que les craintes de récession qui « se sont estompées et la robustesse du marché du travail américain nous donnent la flexibilité pour être agressifs dans notre lutte contre l'inflation ». « Nous ne sommes pas » entrés en récession au premier semestre 2022, a-t-il même souligné, tandis que les chiffres « confirment que la Fed a atteint son (objectif) du plein emploi, mon attention est donc concentrée sur la baisse de l'inflation ».

« Des signes de modération de l'activité économique », notamment sur le marché immobilier, existent, relève-t-il néanmoins. « A mesure que nous continuons à augmenter les taux, nous devrons voir, mois par mois, comment les ménages et les entreprises s'adaptent aux conditions financières plus strictes et comment cet ajustement affecte l'inflation », a encore souligné le gouverneur.

En tout cas, sur les marchés, la politique de la Fed semble bien intégrée. La Bourse de New York a en effet a enchaîné une troisième séance de hausse consécutive vendredi grâce à un regain d'enthousiasme des investisseurs qui ont fini par digérer les messages de la banque centrale américaine (Fed) et espèrent un reflux de l'inflation. Le Dow Jones a gagné 1,19%, l'indice Nasdaq a pris 2,11%, et l'indice élargi S&P 500, 1,53%.

La BCE relève ses taux de 75 points

Les propos du gouverneur américain interviennent au lendemain de la  hausse des taux inédite annoncée par la Banque centrale européenne (BCE). Le Conseil des gouverneurs de l'institut monétaire a, ainsi, décidé de relever les taux directeurs de 75 points de base. C'est la plus forte hausse dans l'histoire de l'institution. Comme la Fed, la BCE entend lutter contre l'inflation qui atteignait 9,1% sur un an en août dans la zone euro et qui restera « beaucoup trop forte » sur une « période prolongée », selon la présidente de l'institution, Christine Lagarde. L'objectif est de ramener la hausse des prix le plus rapidement possible à un taux neutre, autour de 2%.

En juillet, la BCE avait déjà relevé ses taux de 50 points de base, après huit ans de taux négatifs. Malgré cette nouvelle hausse historique, Christine Lagarde a prévenu que les taux sont encore « loin » d'un niveau qui « aidera à ramener l'inflation à 2% ». Elle a déclaré que les hausses suivantes, qui « dépendront des données » économiques, « doivent être d'une amplitude qui nous rapproche plus rapidement » de cet objectif, assurant que la BCE allait « continuer à augmenter les taux ».

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(Avec AFP)

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