Les marchés financiers toujours à la peine après le discours musclé de la Fed

Les marchés restent orientés à la baisse depuis le discours très ferme, vendredi, du président de la Fed, Jerome Powell, sur la priorité donnée à la lutte contre l'inflation. Les taux souverains s'envolent et les actions, notamment dans la Tech, reculent fortement, après l'embellie de l'été.
L'indice parisien CAC 40 a perdu 2,5% en deux séances.
L'indice parisien CAC 40 a perdu 2,5% en deux séances. (Crédits : Reuters)

Les marchés ont poursuivi leur glissade ce lundi 29 août dans le sillage de l'intervention vendredi, aussi brève que ferme du président de la Fed, Jerome Powell, à Jackson Hole. A Paris, l'indice CAC 40 cède 1,08%, mais se maintient au-dessus des 6.200 points quand l'EuroStoxx 50 perd près de 1,15%. A New York, les marchés américains sont toujours orientés à la baisse en séance après la lourde chute de vendredi. Ce sont logiquement les valeurs de croissance, notamment le secteur de la Tech, qui ont le plus souffert de cette brusque fièvre sur les taux.

Jerome Powell a clairement rappelé que la lutte contre l'inflation restait la priorité des priorités et que l'objectif d'une hausse des prix limitée à 2 % (contre 8,5% en juillet) prendra du temps. Traduction : un resserrement monétaire supplémentaire est donc nécessaire, brisant net les espoirs d'une « pause » dans la hausse des taux directeurs dès 2023 sur fond de ralentissement, voire de récession économique. Les taux sont donc immédiatement repartis à la hausse. Le taux américain à dix ans repasse le seuil des 3%, le deux ans frôle les 3,5%, soit son niveau le plus élevé depuis la crise financière de 2008 et le Bund Allemand s'installe autour de 1,4%.

Fed et BCE, même combat

Ce tour de vis américain ne sera pas sans conséquence sur les décisions de la banque centrale européenne (BCE) qui devrait avaliser une hausse 75 points de base de ses taux directeurs en septembre, après les 50 points de base de juillet. « La FED comme la BCE font (de la lutte contre l'inflation) une priorité absolue, même si cela doit s'accompagner d'une récession. C'est pourquoi les marchés actions ont fortement baissé depuis », résume Laurent Benaroche, chez Edmond de Rothschild AM. D'autant que la BCE doit à la fois marquer sa détermination contre la hausse des prix mais aussi prendre en compte la chute de l'euro face au dollar. Toutefois, Philip Lane, l'économiste en chef de la BCE a plaidé ce lundi pour un rythme régulier des hausses de taux directeurs pour éviter des mouvements trop brusques et des réactions trop fortes des marchés.

Enfin, en toile de fond, la conjoncture n'est guère brillante. L'Europe se prépare à une crise énergétique sans précédent, avec des prix de l'énergie multiplié par dix en Allemagne, la Chine patine malgré son plan de relance et sa baisse des taux, et les indicateurs avancés aux Etats-Unis et en zone euro du mois d'août ne sont pas bons. Et ces mauvais signaux risquent d'être amplifiés par des politiques monétaires toujours plus restrictives.

Ce rappel à l'ordre de la Fed  a donc incité les investisseurs à la prudence, voire aux prises de profit après l'embellie inattendue des marchés en juillet et sur la première quinzaine d' août, aussi bien sur les actions que sur les marchés de taux et de crédit. A cela s'ajoute une réaction toujours épidermique aux signaux des banques centrales, souvent surinterprétés par les marchés (comme ils surestiment d'ailleurs les risques de récession globale).

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