Face à une inflation (pour l'instant) contenue, la Banque du Japon ne relève pas encore ses taux

La Banque centrale du Japon veut à tout prix éviter le phénomène de croissance ralentie, conjugué à une forte hausse des prix. D'autres banques centrales ont pourtant commencé à abandonner le totem d'une inflation "temporaire", dans un contexte de plans de relance massifs post Covid et de guerre en Ukraine. Malgré un nouveau plan de relance de 430 milliards d'euros, l'archipel peine encore à engranger de la croissance. Avec la guerre en Ukraine, il craint désormais d'être pris dans la spirale inflationniste.
(Crédits : Thomas White)

Le Japon traverse la même réalité que la plupart des Occidentaux. Mais avec une nuance : alors que l'inflation est galopante dans la plupart des économies développées (Etats-Unis, France, Allemagne, Turquie, Mexique...) portée par la reprise post Covid et les tensions sur les marchés de l'énergie avec la guerre en Ukraine, la hausse des prix est - pour l'instant - moins forte au sein de la troisième économie mondiale. Dès lors, la Banque du Japon (BoJ) a décidé vendredi de maintenir ses mesures de soutien à l'économie japonaise, tout en prévenant qu'une "très grande incertitude" demeurait quant aux retombées économiques de la crise ukrainienne.

En d'autres termes, l'archipel veut à tout prix éviter le phénomène de stagflation (croissance ralentie conjuguée à une forte inflation). Or, la guerre en Ukraine faisant grimper les prix de l'énergie pourrait creuser son déficit et une inflation jusqu'ici contenue.

"Il existe une très grande incertitude quant à l'impact que les développements en Ukraine pourraient avoir sur l'économie et les prix au Japon par le biais des marchés, des prix des matières premières et des économies étrangères", indique la BoJ.

Une poussée inflationniste temporaire

Dans le détail, les prix à la consommation au Japon (hors produits frais) ont déjà augmenté de 0,6% en février sur un an, une accélération tirée par la flambée des prix de l'énergie, selon des données publiées par le ministère des Affaires intérieures. A titre de comparaison, elle a atteint +3,6% en France en février.

Mais la BoJ s'autorise de poursuivre une politique ultra accomodante car les économistes nippons estiment que cette poussée inflationniste actuelle n'est guère durable en l'absence d'une consommation des ménages dynamique. Elle a décidé de maintenir son objectif de taux d'intérêt à court terme à -0,1% et son engagement à encadrer les rendements des obligations à 10 ans autour de zéro.

Le ton modéré de la Banque du Japon contraste fortement avec ceux de la Réserve fédérale américaine et de la Banque d'Angleterre. Au niveau européen, la BCE, qui estimait il y a six mois que l'inflation allait être "temporaire", commence elle aussi à fermer progressivement les robinets de liquidités.

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Les Japonais épargnent

L'économie japonaise à l'inverse évolue en dents de scie depuis l'apparition de la pandémie il y a deux ans, les consommateurs préférant rester frugaux tant que la crise sanitaire menace encore.

Aussi, les entreprises au Japon sont généralement réticentes à répercuter directement leurs hausses de coûts sur leurs prix de vente, redoutant de faire fuir ainsi leurs clients, habitués depuis trois décennies à des prix stables, voire en baisse. D'autant que les salaires n'augmentent que très faiblement dans le pays.

Mais ce conservatisme n'échappera pas à la réalité. Les économistes s'attendent à ce que l'inflation dans le pays atteigne 2% dans les prochains mois.

La stagnation malgré le plan de relance

La croissance économique du Japon au quatrième trimestre 2021 a été révisée mercredi en baisse, à 1,1% sur un trimestre contre une première estimation à 1,3% mi-février, notamment du fait d'une reprise de la consommation des ménages moins robuste qu'initialement annoncée.

Une stagnation voire une légère rechute est attendue par les économistes au premier trimestre 2022. Le Fonds monétaire international (FMI) a anticipé fin janvier une croissance économique de 3,3% au Japon en 2022, grâce notamment au déploiement progressif du nouveau plan de relance du gouvernement.

Pour tenter de dynamiser son économie, l'Etat japonais a décidé d'un nouveau gigantesque plan de relance du gouvernement - équivalant à 430 milliards d'euros.

Mais le pays a perdu en compétitivité. En janvier, il a enregistré son pire déficit commercial mensuel en huit ans, ses importations ayant continué d'exploser sous l'effet de la flambée des prix du pétrole et du gaz, tandis que la croissance de ses exportations a ralenti. La balance commerciale a été négative à hauteur de 2.191 milliards de yens (16,7 milliards d'euros) le mois dernier, selon des statistiques publiées par le ministère nippon des Finances.

Les importations sont notamment en cause de ce déséquilibre. La flambée des prix du pétrole et du gaz est aggravée par la baisse notable du yen par rapport au dollar depuis des mois. Le contexte de la guerre en Ukraine, entamée par la Russie depuis le 24 février devrait encore creuser ce déficit.

(Avec agences)

Commentaires 2
à écrit le 18/03/2022 à 15:31
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Super pays! Gens agréables, sûr, propre, trains qui fonctionnent et qui sont à l'heure, services de très grande qualité même dans les petits Konbini et autres magasins, courtoisie légedaire. J'au hâte de pouvoir y retourner....quant aux prix, il est ...

à écrit le 18/03/2022 à 10:20
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"D'autant que les salaires n'augmentent que très faiblement dans le pays." Et dans les autres soit ils baissent soit ils n'augmentent pas, même en Chine tandis que l'on aurait pu croire que le transfert financier des pays occidentaux aux pays de crèv...

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