Fed : qui sont les cinq prétendants à la présidence ?

Donald Trump devrait finalement donner sa décision d'ici le 3 novembre concernant la succession de Janet Yelle à la tête de la banque centrale américaine.
Jean-Christophe Catalon
Depuis fin septembre, le président américain Donald Trump enchaîne les entretiens pour choisir le prochain président de la Réserve fédérale (Fed).

| Article mis en ligne le 17/10/2017 à 09h58, mis à jour le 18/10/2017 à 12h14

Il va falloir encore faire preuve de patience, avant de connaître le successeur de Janet Yellen à la tête de la Fed. Alors que Donald Trump devait communiqué son choix cette semaine, la presse américaine a finalement indiqué mardi que le président mettra fin au suspense d'ici le 3 novembre, avant d'entamer une tournée de onze jours en Asie et à Hawaï.

Le mandat de Janet Yellen, première femme de l'Histoire à la tête de la banque centrale américaine, court jusqu'au 3 février 2018. Depuis fin septembre, la Maison Blanche enchaîne les entretiens pour choisir le prochain président de la Réserve fédérale (Fed). L'actuelle patronne de l'institution doit d'ailleurs rencontrer le président américain jeudi, selon le Wall Street Journal.

Outre Janet Yellen, quatre autres prétendants composent la "short-list" de Donald Trump, à savoir : le conseiller économique de la Maison Blanche Gary Cohn, un gouverneur de la Fed Jerome Powell, un ancien gouverneur Kevin Warsh et l'économiste John Taylor.

"Entre ces cinq vous aurez probablement la réponse", a confirmé le président américain mardi lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche. "Honnêtement, je les apprécie tous, vraiment. J'ai beaucoup de respect pour chacun d'entre eux", a-t-il précisé.

■ Janet Yellen : toujours en lice pour un second mandat

L'economie americaine est suffisamment robuste, dit yellen

La Fed est officiellement considérée comme indépendante, bien que ce soit le président américain qui en nomme les gouverneurs après confirmation du Sénat. L'idée est que la politique monétaire ne doit pas être manipulée pour des velléités électorales. Ainsi outre-Atlantique, il est de coutume que le locataire de la Maison Blanche renouvelle le mandat d'un président nommé par l'autre parti. Par exemple, nommé en 2006 par George Bush (républicain), Ben Bernanke a été reconduit par Barack Obama (démocrate) en 2010.

Donald Trump va-t-il se plier à cette tradition ? Pas si sûr. Le président américain s'est montré très critique au sujet de Janet Yellen, notamment concernant sa politique de taux bas. De son côté, la patronne de la Fed, qui a également la fonction de régulateur du système bancaire, a émis des réserves sur la réforme prévue par la Maison Blanche, visant à alléger la réglementation. Fin juillet, Donald Trump a tout de même déclaré qu'elle était "absolument dans la course" à sa propre succession.

Reste que le bilan de Janet Yellen plaide en sa faveur. Sous sa présidence, la croissance américaine s'est maintenue et le chômage est aujourd'hui à un niveau historiquement bas. Le tout en amorçant une retour à la normale sans encombre de la politique monétaire, avec une hausse progressive des taux et une réduction du bilan. "Les marchés financiers américains se sont accommodés sans problème aux changements de politique de la Fed", souligne d'ailleurs le Wall Street Journal.

| Lire aussi À la tête de la Fed, le sort de Janet Yellen n'est pas encore scellé

■ Jerome Powell : ouvert à la dérégulation

Jerome Powell gouverneur à la Fed

Cette candidature pourrait être un bon compromis pour la Maison Blanche. Membre du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédéral depuis 2012 (les gouverneurs sont nommés pour quatorze ans, ndlr), Jerome Powell est sur la même longueur d'onde que Janet Yellen concernant les choix de politique monétaire. En revanche, ses propos sur la réglementation bancaire divergent de la présidente de la Fed.

"Evidemment, les règles ont leur rôle à jouer mais elles devraient toujours tenir compte de l'impact qu'elles ont sur les marchés ; c'est un équilibre qu'il faut constamment évaluer. Réglementer plus n'est pas la meilleure réponse à n'importe quel problème", a-t-il déclaré, il y a dix jours, lors d'une réunion de banquiers, d'avocats et d'investisseurs.

Le consensus Reuters le place, à une courte majorité, comme favori même si la plupart pense que la meilleure option serait que Janet Yellen reste en place.

■ Kevin Warsh : Trump compatible

Fed: trump a vu l'ex-gouverneur warsh pour la presidence

En troisième position dans le consensus Reuters, Kévin Warsh est un sérieux prétendant au poste. Ancien cadre de Morgan Stanley, il a été conseiller économique de Georges Bush en 2002 avant d'être nommé par ce dernier quatre ans plus tard au "board" de la Fed. Alors âgé de 35 ans, il était le plus jeune gouverneur de l'histoire de la banque centrale, avant de démissionner en 2011.

Avant son départ, Kevin Warsh avait ouvertement émis des doutes sur le programme d'achat de bons du Trésor américain par la Réserve fédérale. Il est, en outre, partisan d'une politique monétaire orthodoxe, centrée davantage sur la stabilité des prix que sur la croissance économique.

L'ancien banquier connaît bien Donald Trump. Il a été membre du "Strategic and policy forum", un groupe de chefs d'entreprises, aujourd'hui dissout, travaillant avec la Maison Blanche sur les réformes économiques et réglementaires. En outre, il est marié à Jane Lauder, fille du magnat de la presse Ronald Lauder, un ami proche du président américian.

Cependant, si son CV le place dans les premiers choix, Kevin Warsh pourrait être handicapé par son manque d'aura académique, selon Bloomberg. Janet Yellen, tout comme Ben Bernanke, étaient des économistes renommés avant d'occuper la présidence de la Fed, ce qui n'est pas le cas de l'ancien banquier. Le monde académique critique largement cet écueil, notamment le Nobel d'économie Paul Krugman - il est par ailleurs en faveur d'un second mandat de Janet Yellen - dans une tribune au vitriole dans le New York Times. Selon l'agence, il demeure cependant dans la course.

■ John Taylor : le nouveau préféré de la Maison Blanche ?

taylor john

La solution de secours pour la Maison Blanche serait alors John Taylor. Professeur à la réputée université de Stanford (Californie), il est l'auteur de la célèbre "règle de Taylor" qui, en théorie économique, est une formule mathématique permettant de fixer un niveau de taux d'intérêt directeur. Depuis son entretien la semaine passée avec Donald Trump, ce dernier ne cesse de chanter les louanges de l'économiste et "le président a toujours été enclin à engager les gens avec qui il avait de bonnes relations", souligne Bloomberg.

Autre point qui joue en sa faveur, John Taylor a servi sous plusieurs administrations tenues par des républicains. Il a notamment été sous-secrétaire aux affaires internationales au sein du Trésor, sous le gouvernement de George Bush père, dont il a également été conseiller économique. Un poste qu'il a avait auparavant occupé auprès de Gerald Ford.

En revanche, John Taylor est un partisan de l'augmentation des taux, alors que le locataire de la Maison Blanche a déclaré au Wall Street Journal en juillet qu'il voulait les garder bas. L'économiste a formulé de vives critiques sur la politique monétaire menée par la Fed sous Barack Obama. Et a notamment accusé l'institution d'avoir adapté ses décisions afin de favoriser la politique fiscale du président démocrate.

■ Gary Cohn : toujours dans la course ?

Gary Cohn pressenti pour remplacer Janet Yellen à la tête de la FED (Etats-Unis)

Ancien cadre de Goldman Sachs aujourd'hui conseiller économique de la Maison Blanche, Gary Cohn était présenté comme une option sérieuse en juillet dernier. Officiellement, il est toujours dans la course, mais sa nomination est aujourd'hui perçue comme peu probable, à en croire le consensus Reuters et la presse américaine.

GOP source close to WH tells me: Cohn "more likely to get electric chair than Fed Chair" https://t.co/5IGR0Db1wU

— Jake Tapper (@jaketapper) 6 septembre 2017

Une source républicaine proche de la Maison Blanche m'a dit : Cohn "a plus de chance d'obtenir la chaise électrique que la présidence de la Fed", a tweeté un journaliste de CNN.

La raison ? En tant que patron du National Economic Council (NEC), Gary Cohn est, avec le secrétaire du Trésor Steven Mnuchin, un acteur central dans la réforme du code des impôts présentée par la Maison Blanche. Selon Politico, il a noué des relations étroites au Congrès avec des acteurs clés dans le débat qui s'ouvre. Alors que Donald Trump n'est toujours pas parvenu à faire passer une seule loi depuis son entrée à la Maison Blanche, avec un échec retentissant sur l'Obamacare, le président américain peut difficilement se passer de Gary Cohn.

Jean-Christophe Catalon
Commentaire 1
à écrit le 18/10/2017 à 0:19
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Article interessant. C'est pour ca que je lis gratuitement la Tribune.

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