À la tête de la Fed, le sort de Janet Yellen n'est pas encore scellé

La présidente de la banque centrale américaine s'est entretenue cet été avec Ivanka Trump, la fille du président Trump. De quoi raviver les spéculations sur l'avenir de Janet Yellen, aujourd'hui incertain à six mois de la fin de son mandat. Quelle que soit la décision finale, avec la moitié des postes vacants au Conseil des gouverneurs, la Maison-Blanche a les mains libres pour constituer une équipe qui partage sa vision de la réglementation monétaire.
Jean-Christophe Catalon
Janet Yellen "est de toute évidence tout-à-fait talentueuse et elle est en lice", a lancé le secrétaire du Trésor, Steven Mnuchin, dans un entretien à la chaîne CNBC.

Tout n'est pas encore joué pour la présidente de la Réserve fédérale (Fed), Janet Yellen. Alors que le mandat de la première femme à la tête de la banque centrale américaine se termine en février 2018, Politico a annoncé le 11 juillet que Donald Trump ne souhaitait pas qu'il soit renouvelé. Le président aurait même déjà trouvé un successeur, en la personne de Gary Cohn, ancien banquier de Goldman Sachs aujourd'hui chef du Conseil économique national (NEC) à la Maison blanche.

Mais la publication sur le site de la Fed, lundi, de l'agenda de sa présidente vient raviver le suspense. Celui-ci fait état d'un rendez-vous d'une heure entre la fille du président américain, Ivanka Trump, et Janet Yellen. Les deux femmes ont pris un petit déjeuner dans les locaux de la banque centrale le 17 juillet. Une semaine après cet entretien, le président Trump indiquait dans une interview au Wall Street Journal qu'il considérait que Janet Yellen était "absolument dans la course" à sa propre succession. Le même mois, elle s'est également entretenue avec son potentiel rival Gary Cohn.

Donald Trump "n'a pas pris sa décision"

Quant au secrétaire du Trésor Steven Mnuchin, avec qui Janet Yellen petit-déjeune chaque semaine, il ne tarie pas d'éloges sur la démocrate. Elle "est de toute évidence tout à fait talentueuse et elle est en lice" à sa propre succession, a lancé le grand argentier des Etats-Unis dans un entretien à la chaîne CNBC.

"Il y a beaucoup de gens très bien que nous avons rencontrés", a néanmoins confié Steven Mnuchin, qui travaille en collaboration avec Donald Trump à l'examen des candidatures. Selon Bloomberg News, la Maison-Blanche examine une demi-douzaine de candidats possibles pour la présidence de l'institution monétaire. Parmi les noms qui circulent dans la presse, en dehors de Gary Cohn, figurent Kevin Warsh, un ancien gouverneur de la banque centrale, Glenn Hubbard, de l'école de commerce de Columbia University, et John Taylor, professeur d'économie à l'université de Stanford.

Vers un "Board" en accord avec Trump sur la régulation bancaire ?

Si l'avenir de Janet Yellen est incertain, celui du vice-président du "Board" ou Conseil des gouverneurs (l'une des trois entités de la Fed), Stanley Fisher, est en revanche acté. Celui-ci a annoncé le 6 septembre sa démission pour des raisons personnelles et devrait quitter son poste courant octobre.

Tout comme la présidente du la Fed, Stanley Fisher a exprimé de vives critiques envers la promesse de Donald Trump de déréguler la finance, notamment en détricotant les mesures prises depuis la crise de 2008. Son mandat de vice-président courrait jusqu'en 2018, mais celui de gouverneur devait se poursuivre jusqu'en 2020. Sa démission anticipée et l'échéance proche du mandat de Janet Yellen ouvrent la voie au président américain pour façonner un Board qui partage sa vision de la réglementation bancaire.

Fischer annonce sa demission de la fed, effective mi-octobre

[Le vice-président de la Fed, Stanley Fisher, a annoncé sa démission le 6 septembre. Crédits : Reuters.]

Si le fonctionnement de certains organes de la Réserve fédérale peut s'apparenter au secteur privé, le Conseil des gouverneurs est considéré comme une agence fédérale. Ses membres sont donc désignés par le président des Etats-Unis et doivent recevoir l'aval du Sénat.

Le changement a déjà commencé avec la nomination le 10 juillet de Randal Quarles par la Maison-Blanche. Cet ancien sous-secrétaire du Trésor sous l'administration de Bush fils devrait devenir vice-président de la Fed et entrer au comité en charge de supervision, sorte de gendarme de Wall Street. Les sénateurs ne l'ont pas encore confirmé, mais nul doute que la majorité républicaine sera sensible à son discours critique envers la politique de Janet Yellen, qu'il juge trop contraignante pour les banques.

Banque centrale recherche gouverneurs

En attendant l'arrivée probable de Randal Quarles, le Board va se retrouver avec seulement trois membres, alors que les textes en prévoient sept, président inclus (le plancher étant deux). Du jamais vu. De 1936 à 2009, le Conseil des gouverneurs était composé d'au moins cinq membres, rappelle le New York Times.

Les années Obama n'ont pas été faciles. En 2011, un candidat de la Maison-Blanche a retiré sa candidature après plus d'un an d'attente. Puis, lorsque le Parti républicain a pris le contrôle du Sénat en 2015, deux candidatures démocrates ont été bloquées. Résultat, à la prise de fonction de Donald Trump le 20 janvier, le Board ne comptait plus que cinq membres. Depuis, un gouverneur a quitté la Fed au printemps et ce sera bientôt le tour de Stanley Fisher. Avec quatre sièges vacants sur sept, Donald Trump pourra faire entrer une majorité de gouverneur acquis à sa cause à la Fed. De quoi faire contre-poids à Janet Yellen s'il décide de la maintenir.

(Avec AFP)

Jean-Christophe Catalon
Commentaire 1
à écrit le 13/09/2017 à 18:14
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Je ne pense pas que Janet Yellen soit inquiète pour son avenir à 71 ans. Comme tout citoyen américain, elle a fait de son mieux pour son pays et ne recherche pas la légion d'honneur à tout prix comme les nuls français :-)

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