Hard rock, libéralisme, autopromotion : le show détonant du président Milei en Argentine

Le président de l'Argentine Javier Milei a organisé à Buenos Aires mercredi soir un show inédit dans une salle de concert pour évangéliser sur la pensée économique libertarienne. Auteur prolifique, il en a aussi profité pour présenter son dernier livre, « Capitalisme, socialisme, et le piège néo-classique » à ses partisans.
Le show-conférence du président Milei mercredi soir au Luna Park de Buenos Aires, en Argentine.
Le show-conférence du président Milei mercredi soir au Luna Park de Buenos Aires, en Argentine. (Crédits : Reuters)

« Liberté !, Liberté ! » Dans une salle de concert de Buenos Aires chauffée à blanc, la foule de 8000 partisans de Javier Milei accueille son héros mercredi soir. Le président élu en décembre dernier dans la troisième économie d'Amérique latine arrive sur scène au son des guitares électriques criantes, imperméable en cuir tel le personnage de Matrix, en rock star. Meeting politique ? Conférence ? Concert ? L'économiste Javier Milei a combiné ses exercices favoris, rayonnant en un show à son image, hors normes et auto-célébrant, malgré un scénario économique encore incertain.

Surtout, l'événement était présenté comme la promotion de son 13e et dernier livre d'économie: "Capitalisme, socialisme, et le piège néo-classique". Président libertarien revendiqué, Javier Milei publie régulièrement des livres pour continuer à dispenser la pensée libérale, après s'est fait connaître des Argentins dans un show télévisé.

Le spectacle a été au rendez-vous. Le président a interprété un air de hard-rock local : "Bonjour à tous, je suis le lion! / La bête rugissait au milieu de l'avenue / Tout le monde courait sans comprendre / (...) / Ne t'enfuis pas, viens à moi / Viens découvrir ce que ça fait!"

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L'Argentine en récession

La quasi-totalité des places du Luna Park, vaste salle au cœur de Buenos Aires, étaient parties sans mal, pour le premier vrai meeting de M. Milei depuis sa campagne présidentielle de 2023. Aux abords de la salle se sont vendus ses livres et des casquettes floquées d'une de ses incantations fétiches: "Les forces du ciel".

Un public divers a fait le déplacement, de tous âges et milieux sociaux, à l'image de l'électorat qui l'a en masse porté au pouvoir en novembre (56% des voix), lui l'outsider "anarcho-capitaliste" qui a renversé 20 ans de gouvernements péroniste (centre gauche, étatiste), ou de droite classique. Un public qui, malgré l'austérité, le suit encore d'après les sondages.

"Je suis ici pour soutenir Javier dans ce qu'il fait. J'aime ses idées, il est sincère, transparent, il dit ce qu'il pense", s'est enthousiasmé Santiago Roldán, 20 ans, employé de supermarché. "J'aime sa gestion jusqu'à présent, il faut lui laisser du temps."

Quelques heures plus tôt, l'indice d'activité économique pour le mois de mars a confirmé que la récession s'installait en Argentine, avec une contraction de -5,3% sur trois mois, sous l'impact des mêmes mesures drastiques d'austérité qui ont produit au premier trimestre 2024 un excédent budgétaire, inédit depuis 16 ans.

L'"agenda assassin" du socialisme

Pendant près d'une heure, Javier Milei a donné un cours d'économie, de l'Egypte antique jusqu'à la chute du Mur de Berlin, convoquant des dizaines d'économistes surtout libéraux : Milton Friedman, David Ricardo, Carl Menger, Friedrich Hayek ou encore Robert Lucas. Tous prônent une intervention minimale de l'Etat dans la vie de l'individu dont les libertés fondamentales et le droit à la propriété privée priment avant tout.

Au passage, le président devenu tête de gondole de la droite radicale ou extrême internationale a comme à son habitude écharpé le socialisme, "l'économie de ceux qui échouent", et l'avortement, "agenda assassin" qu'il a fait remonter à 3000 ans et aux fantasmes de surpopulation.

Il "reste un personnage qui aime faire le show", observe pour l'AFP le politologue Rosendo Fraga, de l'Académie des Sciences morales et politiques. Et "il y a une logique de +campagne permanente+. La communication du gouvernement est la même que celle de la campagne" pour les élections de novembre.

Au bout du compte et comme à son habitude, Javier Milei aura toute la semaine cannibalisé la scène médiatique argentine. D'abord par des échanges d'invectives et une crise diplomatique avec l'Espagne du socialiste Pedro Sanchez, puis mardi par un discours-fleuve sur la politique monétaire et le taux de change. Et puis le show du "lion", en pleine forme.

(Avec AFP)

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Commentaires 9
à écrit le 24/05/2024 à 23:47
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Milei va sauver l'argentine. Il nous faudrait le même en France, encore quelques années de socialisme macroniste et nous devrions filer tout droit vers une première intervention du FMI. À ce moment là un homme comme Milei serait écouté.

à écrit le 24/05/2024 à 8:17
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Grotesque.

à écrit le 24/05/2024 à 1:02
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Un deuxième Pinochet. Pourquoi pense-t-il que cette approche ira mieux 52 ans plus tard?

à écrit le 23/05/2024 à 22:37
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Les libéraux partent du postulat que plus l’État se serre la ceinture, plus l'économie est assainie. Le danger avec un postulat c'est qu'un postulat est pertinent dans la majorité des cas et partant de ce principe, il est difficile de s'en affranchi...

le 24/05/2024 à 13:46
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Si on part de ce principe, la Somalie devrait être le pays le plus riche du monde!

à écrit le 23/05/2024 à 19:10
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Sympa son concept, mais qui va mener l'Argentine où ? Sans aucun doute à un retour de ses vieux démons.

le 24/05/2024 à 15:32
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Oui, prétendre en finir avec le péronisme en renouant avec les valeurs l'ayant engendré est conceptuellement... complètement stupide! Si on veut juguler le péronisme, il n'y a pas 36 solutions, il n'y en a qu'une : limiter les naissances pour aligner...

à écrit le 23/05/2024 à 16:30
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🧐 "convoquant des dizaines d'économistes surtout libéraux : Milton Friedman, David Ricardo, Carl Menger, Friedrich Hayek ou encore Robert Lucas." 👨‍💼 Voyant Carl Menger, Friedrich Hayek cités dans l'article, cela fait penser qu'il faut que je commenc...

le 23/05/2024 à 21:10
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Comme pour Trump on se demande quand la blague va s'arrêter mais malheureusement le type a l'air en pleine forme.

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