Hausse des taux : une responsable de la Fed alerte sur le risque de récession aux Etats-Unis

La Réserve fédérale américaine (Fed) mise sur trois hausses successives de son taux directeur, accélérant, à chaque fois le rythme. Ces hausses pourraient porter le taux directeur à une fourchette de 2,75% à 3%, pour la première fois depuis 2008. Mais la présidente de l'antenne de la Fed de Kansas City (Missouri) tient à avertir l'institution sur les risques sur la croissance américaine de hausses « trop rapides ».
Esther George, l'une des banquière de la Banque centrale américaine (Fed) a alerté sur le risque de récession en cas de hausses trop brutales des taux d'intérêt.
Esther George, l'une des banquière de la Banque centrale américaine (Fed) a alerté sur le risque de récession en cas de hausses trop brutales des taux d'intérêt. (Crédits : Reuters)

Alors que l'inflation ralentit depuis plusieurs mois l'économie américaine, c'est désormais le risque d'une récession qui pointe aux Etats-Unis. Ce phénomène, qui intervient lorsque le produit intérieur brut (PIB) recule durant deux trimestres consécutifs, semble d'autant plus probable que l'économie américaine connaît déjà un ralentissement. C'est ce sur quoi alerte la présidente de l'antenne de la Réserve fédérale (Fed) de Kansas City (Missouri), Esther George, critiquant la politique de resserrement monétaire de l'institution.

La banque centrale américaine a en effet opéré plusieurs relèvements de ses taux directeurs dans le but d'endiguer la hausse des prix. En augmentant les taux d'intérêt, elle freine ainsi la consommation et donc l'inflation. La Fed reste sur trois hausses successives de son taux directeur et, à chaque fois, a accéléré le rythme avec respectivement un quart (mars), puis un demi-point (mai), puis 0,75 point de pourcentage en juin. Les opérateurs estiment actuellement à 93% la probabilité d'une nouvelle hausse de 0,75 point lors de la réunion des 26 et 27 juillet. Quant à la session suivante, les 20 et 21 septembre, le scénario central est celui d'une remontée d'un demi-point, qui porterait le taux directeur à une fourchette de 2,75% à 3%, pour la première fois depuis 2008.

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« Déstabiliser les ménages et les petites entreprises »

Mais des hausses de taux « trop rapides » de la Fed peuvent aussi avoir pour conséquence de freiner la croissance. « Relever les taux d'intérêt trop rapidement augmente la probabilité de braquer trop brutalement » pour redresser la trajectoire de l'inflation, a déclaré Esther George, qui est à la tête de la branche de Kansas City depuis dix ans. « Les changements de politique se répercutent sur l'économie avec un effet retard », a-t-elle fait valoir, dans un discours prononcé à Lake Ozark, dans le Missouri. « Et des modifications significatives et abruptes peuvent déstabiliser les ménages et les petites entreprises à mesure qu'ils procèdent aux ajustements nécessaires ».

Lors de la réunion de juin, Esther George avait été la seule membre du Comité de politique monétaire (FOMC) à se prononcer pour une hausse d'un demi-point, et non de 0,75 point. Pour la banquière centrale, la poursuite à un rythme accéléré « pourrait créer des tensions, que ce soit dans l'économie réelle ou sur les marchés financiers, qui saperaient la capacité de la Fed à suivre la trajectoire annoncée », c'est-à-dire celle d'un relèvement suffisant, à terme, pour ramener l'inflation autour de 2% par an. Elle a également rappelé qu'économistes et investisseurs évoquaient désormais le risque d'une récession et que certains opérateurs tablaient même sur une baisse du taux directeur de la Fed l'an prochain, pour y faire face. Pour elle, ces projections montrent « le risque d'un resserrement plus rapide que ce que peuvent encaisser l'économie et les marchés ».

La lutte contre l'inflation, une priorité

Mais son point de vue n'est pas partagé par tous les membres de la Fed à commencer par son président, Jerome Powell. La semaine précédente, il a réaffirmé que la politique monétaire qu'il mène aux Etats-Unis vise à faire tout pour contrôler l'inflation qui, si elle s'installait durablement, serait le plus grand danger. « Le risque est qu'en raison de la multiplicité des chocs, vous commenciez à passer à un régime d'inflation plus élevé et notre travail consiste à empêcher littéralement que cela se produise et nous l'empêcherons », a-t-il martelé lors du Forum annuel organisé par la Banque centrale européenne à Sintra, au Portugal.

Concernant un risque de récession, le patron de la Fed a rétorqué : « je ne suis pas d'accord pour dire que c'est le plus grand risque. La plus grande erreur serait de ne pas réussir à rétablir la stabilité des prix ». Comme lui, l'un des gouverneurs de la Fed, Christopher Waller, s'est récemment dit favorable à une hausse de 0,75 point de pourcentage en juillet, de même que le président de l'antenne de St. Louis, James Bullard.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 13/09/2022 à 14:43
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Petit pb de traduction : "... relever les taux d'intérêt trop rapidement augmente la probabilité de braquer trop brutalement... ". To brake : freiner. Ne pas freiner (l'inflation) trop brutalement.

à écrit le 16/07/2022 à 19:56
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Comme l'insécurité en France ce n'est qu'un sentiment transitoire...

à écrit le 12/07/2022 à 11:57
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Il aurait fallu monter les taux d'intérêt dès début 2021, là oui, la FED aurait pu le faire progressivement

à écrit le 12/07/2022 à 11:11
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Pour ne pas avoir de hausse trop rapide, il aurait fallu faire des hausse dès début 2021. C'est comme quand on conduit : Si on ne tourne pas le volant à l'entrée du virage, on est obligé de le tourner plus fort en milieu de virage

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