Joe Biden profite de la reprise pour réduire le déficit public mais pas la dette

Aux Etats-Unis, l'accélération de la reprise économique a permis de remplir les caisses de l'Etat. L'administration démocrate y voit le résultat de sa politique, et un argument supplémentaire en faveur de son plan d'investissements de 3.500 milliards. Mais la reprise se révèle "fragile" et Joe Biden est contraint de chercher le consensus.
Ce sont 4.046 milliards de dollars qui sont entrés dans les caisses de l'Etat fédéral entre octobre 2020 et septembre 2021, soit 600 milliards de plus qu'en 2020.
Ce sont 4.046 milliards de dollars qui sont entrés dans les caisses de l'Etat fédéral entre octobre 2020 et septembre 2021, soit 600 milliards de plus qu'en 2020. (Crédits : JONATHAN ERNST)

L'Amérique de Joe Biden ne lésine pas sur les stimulus pour relancer la locomotive après la crise Covid. Et malgré ses dépenses, - qui pourraient aller jusqu'à 3.500 milliards de dollars si la totalité du plan budgétaire du président démocrate est adoptée -, la reprise vigoureuse des Etats-Unis a permis de réduire le déficit public en 2021, a annoncé vendredi le département du Trésor. Même si le FMI a récemment abaissé sa prévision de croissance pour les Etats-Unis à 6% en 2021, la première économie mondiale a ainsi fait reculer le déficit de 360 milliards de dollars par rapport à 2020.

Fort de cette réduction de l'écart entre les dépenses de l'Etat et ses recettes, le déficit s'est ainsi établi à 2.772 milliards de dollars, pour l'année fiscale 2021, close le 30 septembre. Soit 12,4% du produit intérieur brut (PIB), contre 15% en 2020.

C'est mieux qu'attendu puisque les projections initiales tablaient sur un déficit de 3.669 milliards. En 2020, la crise économique provoquée par le Covid-19 avait fait bondir le déficit au niveau jamais vu de 3.132 milliards de dollars, sous l'effet du paiement de chèques de relance, d'indemnités chômage, ou encore de prêts aux petites et moyennes entreprises.

"L'augmentation des recettes en 2021 peut être en grande partie attribuée à la hausse des revenus des particuliers et des entreprises", a souligné le département au Trésor dans son communiqué.

Aussi, la reprise économique s'est accélérée au printemps, avec la campagne de vaccination. L'activité des entreprises s'est accrue, notamment dans les secteurs les plus touchés par la crise - restauration, tourisme, ... - faisant grimper leur bénéfice et donc le montant de leurs impôts.

Et de nombreuses personnes qui avaient perdu leur emploi avec la crise ont repris le travail et donc reçu un salaire, imposable, quand les allocations chômage ne le sont qu'en partie.

Ce sont ainsi 4.046 milliards de dollars qui sont entrés dans les caisses de l'Etat fédéral américain entre le 1er octobre 2020 et le 30 septembre 2021, 600 milliards de plus qu'en 2020.

Vers plus de dépenses ou vers un statu quo ?

De quoi donner envie aux élus américains de prolonger le relèvement du plafond de la dette et de voter le montant maximal du plan Biden, présenté en diverses tranches (1.000 milliards pour les infrastructures, hors dépenses pour la protection sociale et la lutte contre le réchauffement climatique) ? Rien n'est moins sûr.

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A l'adresse des républicains, Joe Biden a d'ailleurs martelé que ces plans ne créeront pas de dette supplémentaire.

En outre, la dette publique continue d'enfler outre-Atlantique. De 21 trillions de dollars en 2020, elle doit passer à 23 trillions cette année, soit 103% du PIB, selon les chiffres du Congressional Budget Office (CBO). Pour rappel, la dette publique correspond au total des emprunts contractés par les administrations publiques. Aux Etats-Unis, lorsque celle-ci n'est pas remboursée dans les temps, elle aboutit à un "shutdown" et à une paralysie des services fédéraux.

"Bien que la reprise économique du pays soit plus forte que celle des autres pays riches, elle reste fragile", a d'ailleurs averti Janet Yellen, la secrétaire au Trésor.

Aussi, pour financer son plan, le président américain avait initialement envisagé une hausse des impôts pour les ménages les plus riches et les entreprise. Ce qu'il a finalement écarté : "Je ne pense pas que nous pourrons obtenir" ces hausses d'impôts, a indiqué Joe Biden.

Il s'est dit jeudi prudemment optimiste sur la possibilité d'un accord pour faire passer son ensemble de réformes.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 23/10/2021 à 19:42
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La dette c'est comme une location en hausse permanente due aux propriétaires de capitaux et d'outils de production du monde. Personne n'a encore été en mesure de nous expliquer cette anomalie majeur.

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