Budget 2022 : un risque de dérapage du déficit de 40 milliards d'euros supplémentaires, selon une étude

La fin progressive du "quoi qu'il en coûte" n'acte pas nécessairement dans le même temps le retour de la discipline budgétaire pour les finances publiques. Tandis que l'Assemblée nationale vient de voter le premier volet du budget 2022, celui consacré aux recettes, une étude du cabinet Oxford Economics révèle un dérapage du déficit public et de la dette bien plus important que celui anticipé par le gouvernement.
Tandis que l'Etat a déjà soutenu 18 mois de politique du quoi qu'il en coûte, l'étude pointe des rallonges non prévues dans le PLF2022.
Tandis que l'Etat a déjà soutenu 18 mois de politique du "quoi qu'il en coûte", l'étude pointe des rallonges non prévues dans le PLF2022. (Crédits : Reuters)

Le gouvernement et le ministère des Finances avaient fait leurs comptes, et ils l'avaient promis : en termes budgétaires, l'année 2022 doit être celle d'une "croissance durable", portée par un budget de "relance et d'investissement". Mais tandis que les députés ont voté mardi le premier volet de ce projet qui doit remettre la France sur les rails, après une récession de -8% provoquée par le Covid-19 en 2020, un cabinet d'études remet en doute les projections économiques fournies par le gouvernement d'Emmanuel Macron. "Nous estimons que le déficit public de la France en 2022 sera d'environ 40 milliards d'euros de plus que prévu par le gouvernement dans son premier projet, à 6,3% du PIB, versus l'objectif officiel des 4,8%", observe ainsi le cabinet privé Oxford Economics dans une étude publiée le jour du vote du budget à l'Assemblée.

Une sortie de route budgétaire qui peut paraître inquiétante, puisque, dans son budget 2022, le gouvernement avait déjà anticipé une majoration, mais bien moindre, en admettant une hausse des dépenses de l'Etat d'environ 11 milliards d'euros par rapport à l'an passé. Autrement dit, le dérapage pourrait être bien supérieur que prévu. Et pour cause.

Tandis que l'Etat a déjà soutenu 18 mois de politique du "quoi qu'il en coûte", l'étude pointe des rallonges non prévues dans le PLF2022 comme celle du plan "France 2030", qui prévoit 30 milliards d'euros d'investissements, ou encore les mesures d'urgence pour endiguer la hausse des prix de l'énergie qui pourrait amputer le pouvoir d'achat et réveiller la colère des gilets jaunes.

Pour autant, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire l'avait anticipé, "les 4,8% du déficit n'intègrent pas le plan d'investissement du président de la République", avait-il précisé.

Mais il promettait aussi que "qu'une partie des fruits de la croissance doit aller à la baisse de la dette publique".

Le risque de dérapages augmente à l'approche de la présidentielle

Mais là aussi, le cabinet Oxford Economics dément les pronostics en tablant sur une dette publique équivalente à 117% du PIB en 2024. A l'inverse, le gouvernement voit, lui, déjà un reflux de la dette qu'il voit passer de 116% à 114% du PIB dès cette année.

Aussi, l'étude note que si le déficit (le déficit public est le solde annuel négatif entre les dépenses et les recettes, la dette publique correspond au total des emprunts contractés par les administrations publiques, Ndlr) restera sous l'exigence de 3% jusqu'à au moins 2025, il persiste "un effort relativement limité de réduire le déficit structurel".

Ensuite, le gouvernement a fondé son budget sur une croissance 2021 révisée à la hausse, à 6,25%, selon les derniers chiffres de l'Insee (contre 6% précédemment). En effet, des recettes supplémentaires sont prévues en raison d'une croissance 2021 révisée à la hausse et de moindres dépenses pour les mesures d'urgence que celles anticipées.

Mais Oxford Economics prévient: si la flambée des prix de l'énergie perdure en 2022, (grévant nécessairement tant la consommation des ménages que les bénéfices des entreprises), le déficit pourrait être encore plus large en 2022. Et de souligner en sus que la tentation de choyer le pouvoir d'achat autant que l'électorat est encore plus forte à quelques mois d'une élection présidentielle.

De fait, pour éviter une nouvelle crise sociale, le gouvernement va mettre en place un "bouclier tarifaire" pour contenir la hausse des prix de l'électricité et du gaz. Or, pour la seule électricité, la perte de recettes pour l'Etat s'élèvera à 5,1 milliards d'euros l'année prochaine.

À cela s'ajoutent les autres mesures qui doivent contenter l'électeur, telle la taxe d'habitation qui sera complètement supprimée dès 2023 en procédant par étapes pour les 20% des ménages encore soumis à cet impôt. Du côté des entreprises, la baisse des impôts de production de 10 milliards d'euros et celle de l'impôt sur les sociétés (IS) pour aboutir à un taux de 25% entreront en vigueur l'année prochaine.

"Le premier projet de budget 2022 présenté par le gouvernement il y a deux semaines était déjà périmé bien avant sa soumission au parlement", conclut l'étude du cabinet.

Oxford Economics

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Commentaires 4
à écrit le 20/10/2021 à 14:46
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Le FR est très bon gestionnaire de ses revenus. L'Etat est désinvolte : consternant. Et sa désinvolture est à notre charge écrasante.

à écrit le 20/10/2021 à 11:02
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Que ne ferait pas l'Etat pour maintenir ce système économique qui enrichit les plus riches et réduit à la pauvreté une masse de travailleurs ? Les entreprises sont superaidées alors que les ouvriers et les employés sont mis en concurrence avec la mai...

à écrit le 20/10/2021 à 10:46
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L'état français est dans un état de quasi faillite, il faut le savoir. A force "d'aider" tout et n'importe quoi, notre état est en train de sombrer

à écrit le 20/10/2021 à 9:58
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Du coup les bourrins vont de nouveau nous enfermer

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