Pour qui l'aurait oublié, pétrole rime avec Arabie Saoudite. L'annonce surprise du Royaume de réduire son offre d'un million de barils par jour (mbj) lors de la réunion de l'Opep+ (Opep avec un groupe de pays producteurs mené par la Russie) montre que Ryad entend peser sur les cours du baril. « Nous sommes les gardiens de cette industrie », a rappelé le ministre de l'Energie saoudien, le prince Abudlaziz bin Salman.
Alors que la réunion semblait initialement se diriger vers un statu quo, la décision saoudienne de réduire sa production quotidienne d'un volume qui représente tout de même 9% n'est pas pour autant un cadeau fait à la Russie et au Kazakstan, qui, à l'issue de la réunion, pourront ajouter à leur production 75.000 barils par jour. Initialement, Moscou plaidait en faveur d'une augmentation totale de 500.000 b/j pour l'Opep+.
Avec l'annonce saoudienne, la production de l'Opep+ passera de 7,2 millions de barils par jour (mbj) en janvier à 7,125 mbj en février puis 7,05 mbj en mars.
Cette réduction de l'offre a envoyé le cours du baril à son meilleur niveau depuis 10 mois, la référence Brent tutoyant les 54 dollars.
La décision saoudienne est-elle une concession faite à Moscou qui entendait relever sa production pour compenser les pertes de revenus liées à la faiblesse des cours du brut? Les deux pays qui ont un volume de production à peu près équivalent sont confrontés à la même problématique économique.
Car même si la Banque mondiale prévoit une reprise de la croissance économique mondiale, de 4%, cette année, qui ne compensera d'ailleurs pas la contraction de 4,3% de 2020, les premières campagnes de vaccination qui ont commencé à travers le monde n'apparaissent pas de nature à éradiquer la pandémie à court terme. Au contraire, la reprise de la contamination, qui a obligé l'Angleterre à décréter en urgence un confinement strict, risque de peser à nouveau sur l'activité mondiale, en particulier en Europe et en Amérique.
Contraction de l'économie saoudienne
Quant à l'Arabie Saoudite, qui reste extrêmement dépendante des recettes pétrolières pour faire tourner son économie et surtout ses futurs investissements, elle devrait connaître cette année une contraction de son économie de 5,4%, selon le FMI.
En attendant, la hausse des cours du brut est une bonne nouvelle pour le secteur, tant pour les pays producteurs que pour les compagnies internationales, notamment pour le secteur aux Etats-Unis, qui a perdu 2 mbj de production avec la pandémie du Covid-19. Ainsi, l'indice S&P Gas Exploration & Production (qui regroupe 44 entreprises américaines du secteur) progressait ce mercredi en séance de plus de 6%, celui du Stoxx Europe 600 Oil & Gas de plus de 3,5%.