L'Australie muscle sa force de frappe militaire. Le pays va débourser 830 millions de dollars pour acquérir plus de 200 missiles de croisière Tomahawk fabriqués par le groupe américain Raytheon. Une opération qui, selon le ministère de la Défense australien, apportera aux forces armées les armes parmi « les plus puissantes et les plus technologiquement avancées ». Le pays s'est lancé dans une refonte militaire majeure, s'orientant vers des capacités de frappe à longue portée afin de maintenir à distance des ennemis potentiels tels que la Chine.
« Nous investissons dans les capacités dont notre force de défense a besoin pour tenir nos adversaires en échec loin de nos côtes et assurer la sécurité des Australiens dans le monde complexe et incertain dans lequel nous vivons aujourd'hui », a déclaré dans un communiqué le ministre de la Défense, Richard Marles.
Les missiles Tomahawk, d'une portée de plus de mille kilomètres, seront transportés par les destroyers de la classe Hobart de la marine australienne. Ils ont aussi vocation à être utilisés par les sous-marins nucléaires acquis par l'Australie dans le cadre du pacte militaire AUKUS, signé entre Canberra, Londres et Washington. Canberra a déclaré en janvier avoir en outre accepté une offre des États-Unis pour la fourniture de roquettes HIMARS, le système d'artillerie mobile utilisé notamment par l'armée ukrainienne.
Construire sa propre industrie de fabrication de missiles
Washington va maintenant collaborer avec l'Australie pour développer son industrie nationale de missiles naissante, dans le but d'assurer une filière fiable pour ses propres forces armées à l'avenir. Canberra a par ailleurs accepté de remettre en état des bases militaires dans le nord du pays, une région stratégiquement située, pour qu'elles puissent abriter des exercices d'entraînement et permettre des rotations plus fréquentes de troupes américaines.
« Nous espérons que la fabrication de missiles commencera en Australie d'ici deux ans, dans le cadre d'une base industrielle collective entre nos deux pays », a déclaré fin juillet à la presse le ministre australien de la Défense, Richard Marles.
Washington veut aussi affaiblir l'influence de Pékin sur les secteurs émergents de l'énergie propre
Les Etats-Unis redoublent d'efforts pour se réengager dans le Pacifique Sud, où la Chine s'est imposée comme une puissance diplomatique et militaire en plein essor. Washington considère l'Australie comme un allié utile dans leur effort pour affaiblir la forte influence de Pékin sur les secteurs émergents de l'énergie propre, tels que la fabrication de véhicules électriques. « Les Etats-Unis étudient les possibilités de s'approvisionner en technologies essentielles et en composants auprès de pays alliés plutôt qu'en Chine », a déclaré le chercheur Tom Corben, du Centre d'études sur les Etats-Unis de l'université de Sydney. « Cela s'applique aussi bien au climat qu'à la défense, étant donné l'importance accordée à des éléments tels que les batteries de nouvelle génération ».
L'Australie avait déchiré en novembre 2021 le contrat signé avec Naval Group portant sur l'acquisition d'un programme de sous-marins de classe océanique « Future Submarine Program » évalué à 50 milliards de dollars australiens (en dollars constants). Il comprenait la fabrication de 12 sous-marins (Naval Group), équipés de leur système d'armes (Lockheed Martin), ainsi que la construction du chantier naval à Adélaïde par le groupe australien ASC. Ce coup de poignard porté par des alliés avait entraîné une crise diplomatique sans précédent avec la France.
(Avec AFP)