Etats-Unis : Biden puise dans les réserves de pétrole pour faire baisser les prix de l'essence

En quête de popularité, Joe Biden prélève 50 millions de barils de pétrole des réserves des Etats-Unis, en coordination avec l’Inde et la Chine notamment, afin de faire baisser le prix de l'or noir qui a flambé depuis un an. Une action inédite.
Le président américain a décidé de mettre en circulation 50 millions de barils prélevés sur les réserves stratégiques de pétrole des Etats-Unis.
Le président américain a décidé de mettre en circulation 50 millions de barils prélevés sur les réserves stratégiques de pétrole des Etats-Unis. (Crédits : JONATHAN ERNST)

A la veille de la fête nationale de Thanksgiving, alors que les Américains vont prendre la route pour se retrouver en famille, Joe Biden fait tout pour faire baisser les prix de l'essence, et redorer son image. Le président américain a décidé de mettre en circulation 50 millions de barils prélevés sur les réserves stratégiques de pétrole des Etats-Unis, la plus importante quantité jamais puisée.

"Nous lançons une initiative majeure", a déclaré Joe Biden dans un discours, sur fond de photographies de station-service et de citernes. Cela "ne va pas faire baisser les prix du jour au lendemain" mais elle "fera une différence", a-t-il promis depuis la Maison Blanche. L'initiative, la plus volumineuse jamais prise par les Etats-Unis, selon la ministre de l'Energie, vise à faire baisser les cours du brut qui ont grimpé de 60% depuis un an.

"Nous pensons qu'en décembre le prix du gallon (3,78 litres) descendra à 3,19 dollars" contre 3,40 dollars mardi en moyenne dans le pays, et "qu'il descendra encore en janvier", a encore prédit la ministre.

Habituellement, les Etats-Unis ne touchent qu'avec parcimonie à leurs réserves - actuellement 609 millions de barils, les plus importantes au monde - enterrées en Louisiane et au Texas, en cas de catastrophes naturelles ou de crises internationales. Mais ici Joe Biden tente le tout pour le tout. Non seulement il puise dans ses réserves pour corriger les prix, mais il dit le faire en coordination avec d'autres gros consommateurs d'or noir, du jamais-vu. Ainsi sur ce dossier, Washington et Pékin ont mis leur rivalité de côté: les Etats-Unis ont fait savoir que la Chine se joignait à cette initiative, tout comme l'Inde, le Japon, la Corée du Sud ou encore le Royaume-Uni.

En réalité, le prélèvement de 50 millions de barils de réserve est symbolique puisque cela ne couvre que trois jours de demande des raffineries américaines. Dans cette action, Joe Biden espère surtout un impact psychologique, à la fois sur des pays producteurs tels que l'Arabie saoudite, qui renâclent à ouvrir les vannes, et sur son opinion publique.

Une décision politique

Mais cette décision n'est pas du goût de tout le monde, l'un des ténors du camp républicain, le sénateur Lindsey Graham, a dénoncé par communiqué un "abus" de l'utilisation de ces réserves, destinées selon lui aux "urgences." Il faut dire que le sujet a un enjeu politique pour Joe Biden qui a pour principal objectif de faciliter la vie de la classe moyenne, découragée face à la mondialisation et à la crise du Covid-19. Le président, en mal de popularité, veut réveiller le rêve américain de l'aisance matérielle à la portée de tous. Selon le site FiveThirtyEight, qui agrège des sondages, sa cote de popularité était inférieure à 43% mardi.

L'inflation, qui atteint des sommets, joue sans doute dans la balance. En effet, sur douze mois, par rapport à octobre 2020, l'inflation a bondi de +6,2%, son plus haut niveau en 30 ans. Et sur un mois, l'évolution des prix du mois d'octobre représente encore une hausse de 0,9% par rapport à septembre, selon l'indice CPI du département du Travail. La hausse des prix à la pompe, dans un pays où prendre la voiture est autant une nécessité, faute de transports publics développés, qu'un mode de vie, est ainsi un enjeu majeur.

Déjà la semaine dernière, il avait exhorté l'autorité de la concurrence, la Federal Trade Commission (FTC), à examiner les causes de la flambée nationale de l'essence, affirmant que les compagnies pétrolières avaient augmenté les prix à la pompe alors même que leurs dépenses diminuaient et que leurs bénéfices montaient en flèche.

"Le prix de l'essence sur le marché de gros a chuté d'environ 10% au cours des dernières années, mais le prix à la pompe n'a pas bougé d'un centime", a-t-il lancé.

"En d'autres termes, les sociétés d'approvisionnement d'essence paient moins et gagnent beaucoup plus", a-t-il déclaré, accusant les entreprises d'"empocher la différence" entre les prix de gros et de détail. "C'est inacceptable", a ajouté le président américain. "Si l'on s'en tient aux moyennes historiques, aujourd'hui on devrait payer 30 cents de moins à la pompe", a assuré de son côté la ministre de l'Energie.

 (Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 26/11/2021 à 1:03
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avant de fuir devant des gars en claquettes, ils se sont assurés qu'il n'y avait pas de pétrole en Afghanistan?

à écrit le 24/11/2021 à 19:57
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C'est clairement une croisade anti OPEP+ (Arabie Saoudite, Russie). La récré est-elle terminée? Ces deux grandes démocraties font grimper les cours en bloquant les productions. Sachant que celui du gaz est un peu scotché à celui du pétrole. L'une d...

à écrit le 24/11/2021 à 11:05
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Le président américain Biden devrait réduire les taxes sur la consommation d'essence afin que son prix atteigne les limites du pouvoir d'achat du citoyen américain, au lieu de demander aux pays producteurs de pétrole d'augmenter la production pour ve...

à écrit le 24/11/2021 à 8:46
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"Le président, en mal de popularité" Ben il y va trop fort sur la dictature sanitaire dans un pays dans lequel la liberté individuelle a un sens profond c'est là que l'on voit que même le président du pays le plus puissant du monde se doit d'imposer ...

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